Dernier acte

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- Ouvrez ! Tout de suite ! Ou je force la porte !
Je ne répondis rien. J'étais horrifié qu'on m'ait découvert.
J'avais presque eu le même cas il y a trois ans. Mais ça n'avait pas été jusque là. J'étais dans une autre ville à une centaine de kilomètres d'où j'habite et je venais de finir mes affaires avec une demoiselle. J'allais m'en aller quand une personne qui devait sûrement être sa soeur rentre dans la pièce. Horrifié, je m'échappai avant qu'elle n'ait pu voir mon visage. Par contre, je me doutais bien qu'elle avait tout reporté à ses parents. Mais j'étais déjà bien loin.
La porte s'ouvrit en un énorme fracas tandis qu'une armée d'hommes rentrait dans le salon et que je regardais le corps sans vie de la jeune femme allongée sur mon divan.
- Police ! Les mains en l'air !
Je m'exécutai sans discuter. Assis sur la banquette arrière de la voiture de police, j'appris comment on m'avait attrapé. Et je réalisai que lire les journaux n'étaient, contrairement à ce que je croyais, pas inutiles. Apparemment, la police me recherchait depuis mon aventure d'il y a trois ans. Ils n'avaient aucune idée de mon identité mais étaient bien décidés à m'avoir et avaient averti toutes les forces de police dans l'est du pays. Mais alors, comment ont-ils su que c'était moi le tueur en série qu'il recherchait ? Et bien ma voisine avait des soupçons en me voyant. D'après ce que j'ai entendu, elle me trouvait trop charmant, trop gentil, trop parfait. Pff ! La blague, elle était sûrement juste jalouse que je ne l'invite jamais chez moi. Ensuite, ses soupçons se renforcèrent quand je commençai à inviter de plus en plus de jeunes femmes tard le soir qu'elle ne voyait jamais repartir. Elle avait alors alerté la police qui avait commencé à me suivre. J'avais presque réussi à le faire croire que je n'étais rien de bien méchant. À leurs yeux, je n'étais qu'un dragueur et la vieille femme qui me servait de voisine commençait à devenir sénile et regardait beaucoup trop de séries policières. Il fallait dire qu'on n'avait du mal à la prendre au sérieux. C'était une vieille veuve sans enfants qui possédaient un nombre incalculable de chats, de canaris et de tortues à qui elle parlait sans arrêt. Elle atteignait la nonantaine et ne reconnaissait jamais la propriétaire à qui elle oubliait de verser le loyer une fois sur deux. Ils étaient prêts à lâcher l'affaire, un témoin plus intéressant se trouvant dans le nord du pays. Jusqu'à ce soir. Jusqu'à ce qu'ils me voient avec la rousse. Une flic infiltrée qui, je dois l'avouer, a merveilleusement bien joué son rôle. Mais bon, il était trop tard pour elle. Mon dernier meurtre, ce fut elle.  Et savoir qu'elle était, en réalité, une policière m'a provoqué encore plus de joie.

Trois jours plus tard, j'étais au tribunal et mon visage était en couverture de tous les journaux nationaux et internationaux. Les gros titres en gras me qualifiaient de démon, les bonnes femmes au foyer m'insultaient derrière leurs écrans. Des pétitions circulaient afin qu'on me tue sur le champs. Pétitions que tous s'empressaient de signer. J'ignorais que je pouvais provoquer un tel remue-ménage. Et il fallait dire qu'une pointe de  fierté jaillissait de temps à autres.

De retour au tribunal, les journaux, les témoins, la défense et le monde entier attendait le verdict du jury. Pour ma part, je l'avais déjà deviné
J'étais

- Condamné à mort, clama la voix du jury.

J'ignorais si les pétitions avaient marché, mais je savais que dans ce beau pays qu'étaient les états unis, la peine de mort était appliqué pour grand nombre de prisonnier.

C'est le grand jour. Comment sais-je que je vais mourir aujourd'hui ? Le directeur de la prison m'a demandé ce que je voulais manger pour le petit déjeuner. Le dernier repas d'un condamné. Je ne suis pas mécontent de partir. Les autres prisonniers ne m'aimaient point et je leur rendais la pareille. Je suis dans ma cellule, des caméras filmant le moment fatidique ou je vais mourir contentant la population toute entière. J'ai livré tous les détails à la police. L'endroit où je cachais les corps, la façon dont j'attirais mes victimes, comment je les tuais ou, si l'envie me prenait, les torturait. Il fallut changer trois fois de policier avant d'en trouver un suffisamment fort mentalement pour supporter les détails de mes atrocités. Le tout a été donné à la presse. Je crois bien que je suis parti pour devenir le tueur en série le plus connu du siècle

Je vois le bourreau arrivé avec la fameuse aiguille qui va m'achevé. La population voulait la chaise électrique mais le président préférait réduire les actes de barberies. Ça y est, l'aiguille est sur mon coup. Alors que je suis sur le point d'aller en enfer, mes dernières pensées se tournent vers

FIN

AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant