C'était une belle après-midi d'été, je regardai souvent par dessus mon épaule le joyeux groupe. Une chouette fête elles avaient dit en me trainant à l'extérieur de chez moi. Maintenant je me retrouvais sur cet plage attendant patiemment que le soleil se couche derrière l'océan et que la soirée finisse par s'écourter. Rien n'aurait pu me faire plus plaisir à ce moment qu'un appel de ma mère pour m'obliger à rentrer. Vraiment rien ne m'aurait plus ravi.
On était une vingtaine, des habitués de cette plage et de nos fêtes qui s'éternisaient toujours. J'étais pas venue pour boire et finir à moitié morte à côté des autres, me réveillant le lendemain avec une gueule de bois d'enfer. Je me lève, déterminée à marcher jusqu'à la plage et personne ne me suit. Je m'assoie sur un rocher en espérant vainement que quelqu'un vienne me rejoindre et m'accompagne dans ma plénitude, les yeux fixés sur la limite séparant le ciel de l'océan. J'entend leurs éclats de rire et les bouteilles qui s'entre-choquent et leurs paroles trop fortes pour une plage aussi douce et calme. Je suis à une cinquantaine de mètres d'eux, je les regarde mais ils ne me voient pas, ils ne me regardent pas. En vérité ils n'ont même pas remarqué que j'étais partie. Je ne me suis jamais sentie aussi seule de toute ma vie. Même chez moi dans ma chambre, je ne ressens pas cette solitude qui m'empoigne le coeur. J'ai toujours été aussi invisible, essayant de créer un peu de présence avec des blagues déplacées que je ne sais pas faire, avec un humour décalé que personne ne comprenait jamais. J'essayais de m'intégrer, de faire semblant d'être aussi heureuse et comblée qu'eux tous. J'essayais de ne pas penser à ces regards de dégoût qui se posaient toujours sur moi et j'essayais plus que tout de leur ressembler, même le temps d'une soirée. Je ne voulais pas faire partie du petit groupe d'exclus qui n'était jamais invités. Seulement maintenant la solitude s'emparait de moi.
-Il fait bon, pas vrai ?
Je tourne la tête vers une ombre près de moi dont je ne reconnais pas la voix.
-Tu ne veux pas venir nous rejoindre ?
Je fixe son visage dans le noir et j'attend patiemment qu'il se rapproche. Et lorsqu'il se penche vers moi, je vois son visage et je comprend ce qu'il vient faire ici et pourquoi il s'est isolé des autres.
-Pourquoi tu viens avec moi ? je demande.
-Pourquoi une journée ne dure que 24 heures, pourquoi le ciel s'appelle le ciel et pourquoi l'eau est transparente ? Beaucoup de questions qui restent sans réponses, pas vrai ?
Je déteste qu'on me prenne pour une idiote. Alors je détourne la tête et je ne fais plus attention à lui.
-Avoue que je t'apporte un peu de compagnie dans ton ennui. me dit-il.
-En faite, tu brises le doux silence de cette belle nuit, c'est tout ce que tu fais. Alors j'ai une super idée, et si tu allais le briser un peu plus loin ? je lui répond.
Il rigole doucement et sort quelque chose de sa poche.
-Tu n'as pas envie que je parte.
-Et tu me paraits très présomptueux.
-Tu sais que j'ai raison et que tu as tort. réplique-t-il.
-Et super égocentrique en plus.
Il allume sa lampe de téléphone et m'éclaire le visage avec, je met mon bras devant mon visage en plissant les yeux aveuglée.
-Je trouve que tu te permets beaucoup de choses alors que tu ne me connais plus. D'abord tu brises mon silence, maintenant tu brises mon obscurité, je râle.
-Mais est-ce que ma lampe de téléphone serait assez puissante pour briser ton obscurité ? Pour voir un peu plus loin que ça ?
Un silence non plus apaisant mais devenue gennant s'installe et prend toute la place. Il s'assoit à côté de moi sur la pierre et pose son matos devant ses jambes croisées.
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Le Garçon du Rocher
Storie breviUne fille perdue, seule dans une attente interminable. Un garçon, qui a fait des erreurs. Leur relation compliquée.