Chapitre 1

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C'est le grand soir, aujourd'hui je fête mes 19 ans en boîte avec ma meilleure amie, Audrey. Elle veut absolument m'emmener dans un de ces endroits mal fréquentés où les gens s'y retrouvent simplement pour trouver un plan cul. Mais comme elle insiste depuis des mois pour me montrer sa manière de voir « l'éclate », j'ai accepté. Elle et moi sommes très différents, mais nous nous connaissons depuis la sixième. Notre première rencontre remonte à il y a de là plus de 7 ans, je venais littéralement de me pisser dessus car de stupides enfants c'étaient permis de m'insulter, c'est là qu'elle a débarqué, m'a montré du doigt et hurlé « Regardez-le, il a fait pipi dans son pantalon ! ». C'est de ce moment qu'a commencé une longue amitié, plutôt originale, certes. Audrey est une très jolie fille, mais jamais je ne fut attiré par elle, ni d'ailleurs. Elle a de longs cheveux bruns bouclés qu'elle remonte souvent en queue de cheval, de grands yeux marrons, un visage fin très harmonieux et un corps formé. Elle est d'origine guadeloupéenne, mais elle a toujours vécu en France. C'est un peu comme une sœur pour moi, c'est aussi l'une des raison pour lesquelles j'ai accepté de venir ce soir, on fait absolument tout ensemble.

Je me regarde une dernière fois dans la glace, misérable beauté inexistante, où te trouves-tu ? Je te cherche depuis des années. Je réajuste ma veste en cuir, puis retourne dans ce qui me sert de salon-cuisine. Je vis dans un minuscule studio à coté de ma faculté, l'appartement craint énormément et beaucoup de dealers rodent autour. Je souffle en voyant le bazar immense qui règne dans toute la pièce, cahiers, clopes non terminées, gobelet de la cafétéria, ils jonchent tous le sol, tel des épaves abandonnées depuis des années. J'attrape finalement mes bottes et les enfile en vitesse, je sors de mon petit chez moi, ferme la porte et puis m'en vais. Audrey doit déjà être entrain d'attendre dans sa voiture, malheureusement pour moi je n'ai ni de voiture ni le permis.

                                                                 ***

Il fait une chaleur insoutenable, je ne sais même pas où est Audrey, je l'ai perdue il y a de là 10 bonnes minutes. Je suis en totale sueur et l'alcool coule dans mes veines. Je n'ai pas assez bu pour être soul mais je me sens moins lucide qu'en arrivant ici il y a déjà deux heures environs. Il y a un garçon, au fond de la salle qui m'observe depuis je ne sais combien de temps. Je viens seulement de le remarquer, il est grand et blond. Il me fixe et j'ai l'impression qu'il peut lire à travers mes pensées, c'est vraiment flippant. Je le vois désormais marcher vers moi, autour de lui tout le monde bouge son corps, et lui il reste presque fixe, seules ses jambes sont en action. Il continue de traverser la foule en délire et se trouve maintenant à une dizaine de mètres de moi. Je vois alors mieux les détails de son visage, il a un nez courbé et des yeux bleus, il paraît jeune. C'est alors que je commence vraiment à flipper, je ne veux pas qu'il s'approche encore de moi et vienne me parler, alors je me mets à bouger et danser comme si je ne l'avais pas vu et qu'il n'existait pas. Quand je tourne la tête une seconde fois pour voir si il est toujours là, je ne le vois plus. Alors je ne me prends pas plus la tête et je danse pour moi sans faire attention où je mets les pieds, quelques demoiselles que je suppose en chaleur se sont collées à moi à plusieurs reprise. Pas que cela me déplaise, mais je ne souhaite pas me laisser emporter dans ce genre de connerie où tu baise dans les toilettes des filles que tu ne reverras jamais, c'est absurde. Pour moi l'amour c'est bien plus que ça, c'est même bien différent de « baiser ». Baiser c'est rien d'autre que mettre ton engin dans le petit trou, alors que faire l'amour, c'est réellement deux corps amoureux de l'un et l'autre qui font passe leurs sentiments à travers leurs gestes, souvent très peu catholiques.

Puis, je réalise quelque chose, qu'en réalité je suis tellement perdu dans cet endroit que je revois ma définition de niquer. Je dois vraiment et complètement avoir perdu la tête. D'un coup je trouve que l'ambiance change et devient plus sombre et étrange, tout tourne autour de mon être, et les gens se frottent à moi, je ne comprends plus grand chose et ne sens plus mes jambes. J'essaye de bouger d'ici mais rien, c'est comme si ma tête et mon cerveau n'étaient plus connectés à mes membres.

Et comme une aide venue de dieu tout puissant qui aurait vu ma souffrance insoutenable, une main m'attrape, me sort de là et m'emmène loin de tout ça. Je ne contrôle pas mes pas, je la suis juste.

« -oh oh Michael tu vas bien ? Audrey agite les bras en face de moi comme si j'étais ailleurs.

-Désolé, tu disais quoi ?

-Pourquoi je t'ai trouvé en plein milieu de la piste en bad complet ?

-Je sais pas vraiment, mais merci de m'avoir sauvé. Lui dis-je avec un sourire gratifiant.

-Tu serais pas un peu pompette ? Viens je t'emmène prendre l'air. »

J'ai pas le temps de répondre qu'elle me tire une nouvelle fois, une fois à l'extérieur de la boîte je m'appuie contre le mur, et je me rends compte que je suis totalement épuisé. Elle m'observe avec de grands yeux étonnés puis sort une bouteille de son sac et me la tend. Je l'ouvre sans attendre et bois presque tout d'une traite. Je lui rends, souris et reprends notre conversation.

« Non je suis pas pompette mademoiselle !

-Bien sur monsieur Clifford, dit-elle sur le ton de la rigolade, alors, dis-moi, comment se passe ta soirée d'anniversaire ?

-Je m'ennuie je veux rentrer ! Dis-je exaspéré.

-Ah non, hors de question, je viens de rencontrer un gars super cool, moi j'y retourne ! »

Puis elle tourne les talons et me laisse devant la sortie de la boîte, seul. Cette fille est vraiment lunatique, même après plusieurs longues années, j'ai toujours du mal à la cerner.                               

Waste the night (Muke)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant