J'essaie de courir le plus vite que je peux, mais mes jambes commencent à ne plus pouvoir me porter, mon souffle devient rare, et je sens les cailloux se planter dans mes pieds nus. J'ose un regard en arrière et ne vois rien. Il faut dire aussi que la rue est sombre et que le peu de lampadaires ne m'aident pas vraiment à distinguer une quelconque ombre. Sauf que ce n'est pas n'importe quelle ombre, c'est son ombre.
Je finis par me faire une raison, je n'arriverais jamais à courir jusqu'au commissariat de la ville. Je tourne au hasard dans une nouvelle rue -- je me suis de toute façon perdue depuis bien longtemps -, et rentre dans le jardin d'une propriété que je ne connais pas. Je frappe fort, sans m'arrêter, jusqu'à me faire mal aux mains. Il ne faut surtout pas que je crie, sinon il retrouvera ma trace. Je ne cesse de regarder tout autour de moi en même temps et prie le Seigneur pour qu'à deux heures du matin quelqu'un veuille bien m'ouvrir. Je tape encore cinq autres coups avant qu'une femme ouvre la porte, les yeux encore endormis.
- Mais qu'est-ce qu'il...
La jeune femme pousse un cri strident, et je pose vivement mes mains pleines de sang sur sa bouche, ce qui la fait crier encore plus fort.
- Je vous en supplie, taisez-vous, sinon il va vous entendre et nous serons mortes toutes les deux.
Je la vois écarquiller les yeux, mais elle se tait. Je pense qu'elle a compris le danger.
- Ecoutez, j'ai un homme à mes trousses et il veut me tuer, laissez-moi entrer s'il-vous plait.
- Qui êtes-vous et qu'est-ce que vous me voulez ? demande-t-elle affolée.
- Je répondrais à toutes vos questions, mais je vous en supplie, laissez-moi rentrer.
Je regarde encore une fois autour de moi, mais il n'y a toujours rien. J'espère l'avoir semé.
- Je ne veux pas de problème, allez-vous-en ! crie-t-elle en commençant à fermer la porte.
- Non, non, non ! Laissez-moi au moins passer un coup de fil à la police, et après je vous laisserais tranquille !
La panique m'assaille et une vive douleur au ventre me fait pousser un cri. Je tombe à genoux en me tenant le bas du ventre. La femme me regarde, elle aussi paniquée, et finit par me faire entrer. Dieu soit loué. Ma douleur ne s'arrête pas, et je n'arrive plus à me tenir debout.
- Eteignez les lumières, et appelez la police ! ordonné-je, les dents serrées par la douleur.
- Mais non, il faut appeler les urgences, vous saignez !
Je baisse les yeux et remarque le sang séché entre mes cuisses. Avec toute cette panique et l'adrénaline, je ne l'ai même pas senti couler.
- D'abord la police, ils finiront par les appeler dans tous les cas.
Je regarde la femme prendre son téléphone, les doigts tremblants, et composer le numéro de la police. Elle met le combiné à son oreille, et au bout de deux secondes, elle ferme les yeux.

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Puisque tout n'est qu'apparences
RomanceJérémy, barman dans une célèbre boite de nuit américaine, a toujours été considéré par ses amis comme un garçon solitaire. Aucune petite-amie, que des plans cul. Et c'est bien la seule relation qu'il entretient avec Meghan: copains de baise sans att...