Chapitre 3 : Un repos bien mérité

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Le fermier transporta la femme blessée jusqu'à sa demeure. Liëren le suivit sans dire un mot, et tenta de son côté de maîtriser sa petite Ouargue, qui ne cessait de gronder auprès du nouveau venu.

Ce dernier traversa diverses pièces avant d'arriver dans un genre de réserve. Il déposa doucement Piata sur un lit de paille, et, tout en commençant à nettoyer le sang recouvrant sa cheville gauche, demanda à l'elfe :

-Où sont tes parents ?

Liëren garda le silence. Le fermier n'insista pas. Il tira un tabouret à côté du lit de paille, et entreprit de désinfecter la profonde blessure de Piata.

-Je m'appelle Liëren. Dit enfin l'enfant.

-Et moi Toran.

-Elle, c'est Erya, ajouta-t-il en approchant le petit animal pour lui montrer.

La bête éprouvait déjà depuis plusieurs instants une méfiance immense envers cet inconnu, qui touchait les blessures de l'humaine avec qui il vivait. Il profita dès lors de cette occasion pour mordre la première partie du corps qui fut à portée de ses dents, à savoir son oreille gauche. Le fermier poussa un cri, puis, tout en se relevant, hurla d'une voix puissante :

-Dehors ! Sortez d'ici, toi et ton clébard ! Ou je vous vire tous les trois de ma demeure !

Liëren ne demanda pas son reste, et fila à l'extérieur, dans une petite cour cerclée. Il lui fallut de longues secondes avant qu'il ne soit totalement remis du choc. Il s'assit, adossé à un tonneau, et songea à sa gardienne, qui devait être dans un piteux état. Erya s'approcha doucement de lui et donna alors des coups de langues dans son cou rougis par le brigand un peu plus tôt.

-Ça va, ça va. La rassura-t-il en lui caressant tendrement le front. Grâce à toi, je vais bien.

L'animal se laissa caresser longuement sans protester. Il semblait rassuré à l'idée que son maître se porte bien.

-Tu sais... L'homme que tu as attaqué. Et qui est... Tu vois ce que je veux dire. C'est le seul à avoir pris ma défense. C'est dommage que tu ne t'en sois pas pris à un autre... Et...

Liëren soupira.

-Laisse tomber Erya. Voilà maintenant que je te parle de mort ! On ne doit jamais désirer la mort de qui que ce soit. C'est mal. Qui suis-je pour proposer la vie ou la mort de quelqu'un ? Ces gens ont beau être des hommes misérables, je n'aie pas à vouloir leur décès.

Le ventre du petit elfe se mit à pousser un grondement.

-Nous devrions trouver à manger. Viens Erya, ça doit être par ici.

Ils parcourent la demeure du fermier, qui s'avéra être beaucoup plus étroite qu'à première vue de l'extérieur. Ils trouvèrent finalement dans la cuisine un bol rempli de pomme, et à côté plusieurs jarres remplies de lait.

-Tu as soif ? Proposa-t-il.

Erya se dressa sur ses deux pattes, et poussa plusieurs cris impatients. L'elfe saisit alors l'un des récipients, puis versa dans une assiette creuse le breuvage écrémé. L'instant d'après, l'animal se jeta dessus, et entreprit de boire son contenu avec empressement.

-Eh ben, t'avais les crocs toi.

Tout en croquant dans une pomme, Liëren songea au prénommé Toran, en espérant que ce dernier ne lui en voudrait pas d'avoir consommé ses vivres sans sa permission. Ses inquiétudes furent tout de suite chassées par un appel lointain : Piata s'était éveillée, et le réclamait. Il s'élança vers la réserve, la petite Ouargue sur ses talons.

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