Chapitre 4 : Rongés par la faim

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Liëren guetta, comme à son habitude les abords du Lac de Simplétoile avant de s'y diriger. Il suivait avec soin les conseils de Piata, quant aux faits d'être prudent, de veiller à ne jamais se faire surprendre et surtout parer toute éventualité en surveillant son environnement. Personne ne semblait traîner dans les parages.

L'elfe s'élança alors vers la rive, et rempli sa gourde de cette eau claire qui constituait ce lac. La seconde suivante, il avait disparu, telle une ombre, et s'était réfugié au couvert des arbres. Il ralentit ensuite l'allure, rassuré à l'idée de ne plus être à terrain découvert. Il se mit à sautiller en sifflotant, tentant d'oublier la faim qui lui serrait le ventre.

Tout à coup, il aperçut de petits points rouges plusieurs mètres près d'un petit arbuste. Une joie se mit à grandir en lui, lorsqu'en approchant, il découvrit cette poussée de fraises de bois. On avait exaucé ses prières ! Il s'empressa de s'asseoir devant ce trésor, et de cueillir délicatement les fruits afin de les ranger dans son petit sac de toile. Il s'autorisa à déguster l'une de ces fraises. Malgré sa maigre consistance, elle lui ravit les papilles.

Les oreilles d'un humain n'auraient peut-être pas pu le prévenir du danger lointain se reprochant dans sa direction. Mais fort heureusement, Liëren était de natalité elfique, et il perçut sur sa gauche un mouvement menaçant et rapide qui fonçait droit sur lui.

Il eut une seconde d'incompréhension, mais le cri que dégagea cette menace lui servit d'électrochoc. Il se releva, dégaina son couteau, et, tout en reculant, le pointa vers la menace.

Une imposante bête jaillit des buissons, et vint se poster devant lui, de toute sa grandeur. Liëren en resta bouche bée.

-Je te croyais morte...

L'énorme boule de poils roux s'avança lentement, ses yeux jaunes pointés vers les siens. Le petit elfe rangea son couteau, et vint se jeter au cou d'Erya. L'animal se laissa faire, et passa même une langue dans son cou, comme elle avait pu le faire par le passé.

-Par tous les dieux... Je ne m'attendais vraiment pas à te retrouver un jour... Je n'aurais pas dû douter de toi, ma jolie !

Un léger grondement se dégagea de sa gueule, comme si l'animal venait de voir une menace, et Liëren se retourna. Il entraperçut dans une clairière, au-dessus d'une colline, une silhouette vaguement humaine, dissimulée par l'obscurité des arbres.

-Je ne sais pas s'il nous a vus... Mieux vaut ne pas traîner. Viens Erya, je vais nous conduire à notre abri.

La Ouargue suivit de pied ferme son maître, en restant étrangement collé contre lui.

-Tu peux t'écarter hein, nous n'avons aucune raison d'être séparés cette fois-ci, s'amusa ce dernier en lui adressant une caresse affective entre les oreilles.

Comme si elle avait saisi le sens de ses propos, Erya s'écarta légèrement sur le côté.

-Piata avait sûrement raison quand elle me parlait des Ouargues capables de comprendre les langues de leurs maîtres ! Se réjouit-il. Et c'est fou ce que t'as pu grandir en si peu de temps, tu atteins presque ma taille ! Peut-être que je pourrais grimper sur toi après !

Ils parvinrent dans un escarpement rocheux se détachant des limites de la forêt. Là se dressait une tente de fortune fabriquée à partir de quelques morceaux de toiles. Elle était dissimulée à la vue des étrangers derrière plusieurs rochers, et était entouré de quelques torches piquées au sol, qui servaient essentiellement à faire fuir les prédateurs la nuit.

-Piata ! Appela l'enfant en direction de la tente.

Quelque seconde plus tard, la trentenaire sortit du petit abri, et accueillit Liëren dans ses bras.

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