Un homme dort, dans un grand lit aux draps de soie coûteux. L'obscurité règne dans sa chambre, masquant les contours, effaçant les couleurs. Cet homme qui dort est aussi sombre que les ténèbres qui l'entourent.
Pas de peau, non.
Certains appellent ça l'âme. D'autres le nomment « esprit », « cœur ». Quelques-uns n'en parlent pas.
Cet homme ne fait quasiment aucun bruit. Seule sa respiration trouble le lourd silence. Une respiration profonde, calme, mesurée. Aussi douce que son propriétaire est violent. Aussi fausse que lui.
Cet homme est vêtu d'un costume cher et froissé, comme s'il n'avait pas eu le temps de se déshabiller. Thèse validée par les draps sous lui et quantité de bouteilles d'alcool près de son lit.
Cet homme, dans son sommeil, et sous ses lunettes de soleil opaques, renvoie un air presque fragile. Un air dont il se débarrassera dès son esprit éveillé, un air que personne, jamais, ne surprendra chez lui.
Ceux qui ont réussi ne sont plus de ce monde. Comptent-ils vraiment ?
Est-ce mieux ainsi ? Il en est persuadé, je n'en ai aucune idée. Puis-je prétendre connaître tous les possibles ? Puis-je prétendre le connaitre par cœur, lui ?
Je connais son passé. Où cela nous mène-t-il vraiment ? Vers le pire, le meilleur ? La compréhension, l'empathie, ou une haine intacte ?
Cet homme est un criminel. Le pire de tous. L'abattre, c'est recevoir une médaille. Le croiser, c'est signer sa fin d'une main assurée. Le mettre au défi, c'est en plus souffrir.
Mais cet homme a aussi été un enfant.
Ne cautionnez pas ses actes... Mais ne l'oubliez pas. Et demandez-vous ce que vous seriez devenu, à sa place.
* * *
Un enfant, blottit derrière une porte. Ses yeux bleus terrifiés. Ses mains, crispées sur ses genoux, eux-mêmes contre sa poitrine frêle. Des larmes brillent sur ses joues.
De l'autre côté, des hurlements, des insultes, des menaces. Ses parents. Lequel crie le plus fort ? Il ne saurait dire.
Il attend juste que cela s'arrête.
La morale, leurs familles respectives, l'avis des voisins interdit à cette femme et à cet homme de divorcer, de se séparer. Et parce qu'ils sont plus soucieux de leur réputation que de leur fils, ils restent ensembles. Ignorant sa détresse, ignorant la détresse de l'enfant dans le noir.
Ce n'est pas qu'ils le détestent, leur frêle gamin. C'est juste qu'ils font partie de cette classe de gens qui vendraient leur mère pour garder leur honneur. Triste, non ?
Et s'il n'y avait que ça.
* * *
- Papa... J'ai peur du noir. Je peux avoir ma loupiote ?
L'homme lui jeta un regard agacé.
- Enfin, Mathieu, tu es grand, non ? T'es un homme, oui ou non ? Un homme n'a pas peur du noir. Dors, maintenant.
La porte claque derrière le père du gamin. Gamin qui se recroqueville dans son lit, serrant fort les paupières, craignant de voir ces ombres maléfiques, ces monstres, jaillir des murs, des ténèbres pour venir le harceler.
Je suis un homme, se répète-t-il tel un mantra, je suis un homme...
Est-ce sa faute s'il ne grandit pas à la même vitesse que les autres ? S'il continue de craindre la nuit ?
VOUS LISEZ
Je suis ce que l'on m'a dit d'être
FanfictionIls sont eux. Et il y a une raison à cela. Il y a toujours une raison. - OS sur SLG et UM (catégorie Web-Show)