Chapitre 3

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L'homme à ses pieds se releva et lui tendit élégamment son bras. Mary refusa. Il parut tout de suite gêné et embarrassé, si bien qu'il s'agenouilla à nouveau.

- Pardonnez mon audace, je ne voulais pas vous importuner.

- Je n'accepte pas le bras d'un inconnu, encore moins quand il est masqué et qu'il m'a enlevé. Répondit Mary du tac au tac.

Relevant la tête d'une dignité dont elle ne soupçonnait pas l'existence jusque là, Mary sortit d'elle même. Elle jouait la comédie à merveilles. En vérité, elle n'était pas aussi confiante mais bien morte de trouille. Quand elle franchit le seuil de la porte, elle se retrouva au bout d'un immense couloir sombre et inquiétant. Sur les murs, étaient affichés des plans et des codes. Cela avait l'air d'une opération top secrète, dangereuse et peut-être même suicidaire. L'homme masqué la rattrapa rapidement et la tête baissée, se confondit en excuses. Mais il n'enleva pas son masque pour autant. Il tenta de lui expliquer la situation mais la jeune fille n'écoutait pas. D'un pas pressant elle parcourut le couloir rapidement dans l'espoir de sortir d'ici. Quand elle fut arrivée au bout, elle se retrouva nez à nez avec un... tigre. Elle poussa un cri ouvrit une porte sur sa gauche pour s'y cacher. Elle garda une oreille collée à la porte mais n'entendit rien d'effrayant. Un grognement, puis deux voix d'hommes.

- Alors, c'est elle ?

- Oui, répondit son ravisseur. Mais je ne sais pas ce qui lui prend, pourquoi a-t-elle pris la fuite en te voyant ?

Quoi ? Cet homme était un tigre ? Non, cela ne pouvait pas être possible. Un raclement de gorge ce fit entendre tout près d'elle. Mary se retourna d'un seul coup et prit conscience de l'endroit où elle se trouvait. Elle était dans une petite salle qui ne comportait qu'une table en son centre. Plusieurs hommes et une femme y étaient attablés et ils la regardaient tous d'un air intrigué. La femme se leva et s'avança vers l'adolescente. Elle était vêtue d'un pantalon noir moulant qui épousait parfaitement ses formes. Elle était également chaussée de ballerines à talons hauts, et elle portait un blouson de cuir noir qui recouvrait avec subtilité son débardeur au décolleté sexy. Elle était habillée entièrement de noir, ce qui faisait ressortir ses magnifiques cheveux dorés. Elle était sublime et son éblouissante beauté aveugla Mary un instant. Ses lèvres d'un rouge pourpre faisait ressortir son teint blanchâtre et ses yeux parfaitement maquillés laissaient apparaître de magnifiques iris rouges. Rouges... Quoi ? Elle avait les yeux rouges ?? La femme s'avança et Mary recula, se retrouvant coincée par la porte. Elle lui pris le visage d'une main et caressa sa joue d'une façon sensuel de l'autre.

- Alors c'est toi notre Princesse...

Quand elle ouvrit la bouche, Mary aperçu avec horreur deux grosses canines bien aiguisées. Non, ce n'est pas possible, les vampires n'existent pas. La femme se rapprocha encore un peu plus du cou de la jeune fille et se lécha les babines en prévision d'un futur repas. Mary tourna la tête, dévoilant ainsi le reste de sa chair rosé (à ne pas faire si vous croisez un vampire) et ferma les yeux.

- C'est bon Johanna, arrête de la torturer ! s'écria un homme mort de rire.

En vérité, ils se régalaient tous de ce spectacle apparemment comique. Mary qui détestait l'humiliation, retrouva sa mobilité et se dégagea de la vampire d'un mouvement habile. Johanna, déçue que son repas se fasse la malle, regagna sa place et bougonna.

- Excusez-moi du dérangement, je m'en vais. Répondit l'adolescente avec le plus d'assurance possible.

- Oh non ! Ne nous quittez pas maintenant, Princesse, répondit un vieux sadique.

Ils voulaient encore s'amusait avec elle... Très drôle n'est-ce pas ? La porte s'ouvrit et le tigre apparut, sage et tout à fait calme aux côtés de son ravisseur masqué. Mary lâcha prise, s'en était trop pour elle. Elle s'évanouie.

Quand elle se réveilla à nouveau, elle se trouvait toujours dans la même pièce glacial et isolée qu'à son premier réveil. Il y avait une différence, elle savait ce qui se cacher derrière cette porte. Un grand couloir sombre et décoré de plans indescriptibles. Au bout de ce couloir, une porte à gauche, une porte à droite. Et il s'y trimbalait des vampires et des métamorphes. Mary éclata de rire. Un rire glauque et sans joie. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, elle était en train de devenir folle. Des vampires et des métamorphes. C'était évident voyons ! La porte s'ouvrit et la personne masqué entra.

- Comment allez-vous Princesse ?

Le rire de la jeune fille doubla de volume. Une princesse maintenant ? Et de qu'elle princesse parlait-il ? Devant une telle réaction, l'homme masqué sortit de la pièce et referma à clé derrière lui. Mary se retrouva à nouveau seule. Elle resta ici de longues journées encore et seule sa montre accrochée à son poignet pouvait lui indiquait l'heure exacte. Seulement une fois par jour, elle avait droit à un plateau repas qui se composait généralement d'un bout de viande à peine cuit accompagné d'un morceau de pain et d'un verre d'eau. Mary ne mangeait pas. Jour après jour, elle perdit des forces et commença à dormir. Elle dormait sans cesse, continuant de s'affaiblir. Un matin, son ravisseur arriva, mais cette fois-ci accompagné d'un grand homme et de Johanna. Ca devait être leur chef. Il était tout vêtu de noir et arborait les mêmes yeux rouges que la vampire. Cependant, il portait une grande cape verte sur ses épaules qui se terminait à ses pieds ainsi qu'un imposant pendentif de tourmaline noire qui trônait fièrement sur sa poitrine en signe de puissance. Il dévisagea l'adolescente de la tête aux pieds d'un regard méprisant. Maigre et recroquevillée sur soi-même, elle avait le regard fou et mauvais.

- Bienvenue dans ma demeure Princesse, je suis Nicolas, chef des Rebelles. Déclara-t-il. Je suis un vampire et également un sorcier des Ténèbres. Et voici ma fille, uniquement vampire, elle est mon bras droit. Dit-il en désignant Johanna, fière à ses côtés. Nous vous avons enlevé dans le seul but de faire chanter, votre père, le roi d'Erembourg, la société qui renferme tous les êtres surnaturels. Si cela ne fonctionne pas, nous vous tuerons.

Une voix le coupa net et Isabelle, la mère de Mary, apparut.

- C'est inutile, c'est lui-même qui a ordonné son exécution.

Nicolas se retourna, surpris d'une telle visite. Madame Devis avait l'air très en colère, et elle portait autour de son cou un magnifique diamant. Johanna ne chercha pas à comprendre, d'un geste d'une rapidité inhumaine, elle enfonça sa main dans la poitrine de la vieille femme et lui arracha le cœur. Un sourire satisfait s'afficha sur le visage de son père tant dis que le corps d'Isabelle tomba au sol et offrit son dernier regard à Mary, sa fille.


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