V.

437 45 2
                                    

Les Lehnsherr s'étaient plus ou moins vite adaptés à leur nouvelle demeure. Pietro avait l'air d'y avoir toujours vécu, Wanda s'entendait très bien avec ses camarades plus âgés et Erik... Erik collait le professeur Xavier quand il ne crapahutait pas après les jumeaux.

Le déménagement s'était fait rapidement grâce aux bras supplémentaires que Charles avait ramené. Ils n'avaient eu qu'à faire deux voyages, autant dire qu'une simple après-midi avait suffi, et tant mieux. Les deux gamins partageaient une chambre très spacieuse. Elle faisait, en effet, facilement le triple de l'ancienne cage à lapins où ils dormaient. C'était à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Erik pouvait enfin leur offrir un logement plus que décent, mais plus d'espace signifiait également plus de bordel. L'allemand jubila durant deux courtes secondes à l'idée que Charles Xavier découvre l'étendue des dégâts. Non, parce que c'est bien beau la générosité, de venir en aide à son prochain, mais il allait sûrement le regretter.

« Je ne vais rien regretter.

-Arrête de faire ça,Charles. Je ne veux pas que tu te balades dans ma tête. Tu ne veux pas voir ce qu'il s'y trouve.

Erik était encore sur la défensive. Le professeur avait conscience que s'aventurer dans l'esprit d'autrui sans sa permission n'était pas un comportement louable, mais l'allemand ne lui laissait pas le choix, parfois. Charles s'était confié plus d'une fois sur son passé, mais il n'arrivait jamais rien à tirer du manipulateur de métal.

-Parle-moi, alors. Je ne te demande pas de me livrer toute ta vie, mais j'aimerais te comprendre. Comprendre tes sautes d'humeur, comprendre pourquoi il t'arrive de casser des choses, comprendre pourquoi tu t'emportes si facilement.

-Tu as peut-être simplement ramassé un chien enragé, mon ami.

-Laisse-moi t'aider. Il y a tellement plus en toi que ce que tu y vois, plus que de la simple colère, crois-moi.

N'ayant pas l'habitude d'entendre ce genre de discours, l'allemand éprouva une certaine gêne. Ses souvenirs n'étaient pas beaux, ses actions encore moins. Erik avait énormément de mal à parler de son passé dans les camps, de sa vie sous le Troisième Reich. Il soupira et autorisa Charles à fouiller son esprit. Grimaçant à l'idée que le professeur puisse être dégoûté par ce qu'il allait y trouver, Erik fut surpris de ressentir une certaine sérénité. Le télépathe avait réussi à lui remémorer un souvenir familial, un souvenir d'avant la guerre, un souvenir où les rafles à l'encontre des juifs n'étaient pas.

-Comment as-tu... ?

-Tu ne t'en souvenais peut-être pas mais il était toujours là, mon ami.

Un immense brouhaha interrompit cependant la discussion entre les deux adultes. Alerte, l'allemand se dirigea à grandes enjambées vers l'origine du mal. Quand il arriva sur les lieux du crime, il fut partagé entre colère et désemparement.

-Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu ne nous as pas déjà jeté dehors, lança-t-il au propriétaire du manoir.

-Ce ne sont que des enfants, répondit Charles en souriant. Par contre, tu peux m'expliquer ce que tu fais couverte de peinture, Raven ?

L'interpellée se leva, un enfant dans chaque bras, pour faire face aux deux hommes. Le reste de la pièce était autant peinturlurée qu'elle et les deux petits mutants.

-Il leur faut bien une super tata avec qui faire les quatre cents coups, non ? »

 Un énième soupir sorti de la bouche d'Erik. Entre la métamorphe qui semblait déterminée à détruire tout ce que l'allemand avait entrepris jusqu'ici et Hank qui paniquait dès qu'un des jumeaux s'approchait à moins de cent cinquante mètres de son laboratoire, les nuits comme les journées du père étaient stressantes et fatigantes.    

L'école des enfants terriblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant