L'appartement était silencieux. Trop silencieux au goût d'Erik. L'homme âgé d'une trentaine d'années s'aventura dans le couloir le menant à la chambre de ses rejetons pour s'assurer qu'ils ne préparaient aucun mauvais coup. La matinée était déjà bien avancée et, habituellement, Pietro et Wanda auraient déjà mis la cuisine à sac. Ainsi, Erik ouvrit la porte pour s'enquérir de l'état de ses marmots. A peine avait-il mis un pied dans la pièce qu'il fut assailli de toutes parts. Les faux jumeaux, chacun armé d'un oreiller, avaient tendu une embuscade au pauvre homme. Il aurait du s'y attendre. Ni une, ni deux, il en attrapa un sous chaque bras, direction la cuisine. Les deux enfants âgés de huit ans comptaient se jeter sur le paquet de céréales occupant le comptoir mais furent interrompus par leur père avant le massacre.
«Je vous sers », leur asséna-t-il.
Avoir deux enfants à charge n'était pas ce qu'il y avait de plus reposant. D'autant plus que les jumeaux étaient de vraies piles électriques -Pietro l'étant un peu plus que Wanda.
Une fois le petit déjeuner fini, Erik n'eut pas besoin de leur spécifier d'aller se préparer. Il pouvait être fier d'avoir des enfants à ce point autonome à cet âge-là. Bon, il devait bien avouer qu'il devait parfois repasser derrière le bazar qu'ils créaient au passage, ou vérifier que Pietro portait les mêmes chaussettes aux deux pieds. Mais à part ça, les gamins savaient plutôt bien se débrouiller.
Comme tous les dimanches matins, Erik les emmenait au parc pour leur faire prendre l'air. Les deux monstres pouvaient ainsi se défouler et éviter de détruire leur petit appartement. Certains auraient sûrement argués qu'il était encore moins prudent de les laisser à l'air libre, mais le mutant s'en foutait. Quant à savoir si les jumeaux savaient parfaitement contrôler leurs pouvoirs, évidemment que non. Mais ce n'était certainement pas en les enfermant qu'ils y parviendraient.
Wanda et Pietro avaient tout juste mis un pied dans le parc qu'ils couraient déjà dans tous les sens. Leur père se lança à leur poursuite pour ne pas les perdre de vue. Lorsqu'il finit par les rattraper, Erik vit un homme à terre à leurs côtés.
« Combien de fois vous ai-je dit que vous n'êtes pas seuls ? Vous vous êtes excusés au moins ?, les gronda leur père en aidant l'inconnu à se relever.
-Oui ne vous en faîtes pas, et c'est aussi ma faute, je ne regardais pas où j'allais, expliqua-t-il en ramassant ses affaires. Professeur Charles Xavier, et vous ?, lui demanda-t-il avec un sourire.
Erik regarda le nouvel arrivant d'un œil méfiant. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? En général, les gens tracent leur route sans plus de cérémonie, non ? Tout à ses pensées, l'allemand fut surpris d'entendre une voix qui ne lui appartenait pas dans sa propre tête.
-Qu'est-ce que c'était ? Ne refaites plus jamais ça !, s'emporta-t-il envers Xavier avant de se tourner vers les jumeaux. Vous avez utilisé vos pouvoirs, c'est ça ?
La discussion continua ainsi jusque dans un café. Erik avait fini par se présenter et avait cédé lorsque Charles se proposa de les inviter à boire quelque chose. Il n'avait pas trop le choix, la situation était délicate et les marmots s'agitaient déjà. Les jumeaux s'assirent l'un à côté de l'autre, ne laissant pas d'autre possibilité pour les deux hommes que de faire de même. Après avoir commandé deux cafés et deux jus de fruits, le professeur commença à questionner Erik.
-Vous vous en occupez seul ?
-Oui.
-Leurs habilités se sont dévoilées vers quel âge ?
-Quatre mois. En même temps.
Charles tentait de mettre à l'aise l'homme qu'il venait de rencontrer. Il se dit qu'il devait d'abord gagner sa confiance avant d'en demander plus. Il aurait aussi très bien pu fouiller dans son esprit sans qu'Erik s'en aperçoive mais cela n'amènerait rien de bon, Charles le sentait. Il reporta son attention sur les deux enfants.
-Et comment vous vous appelez vous deux ?
-Moi, c'est Pietro ! J'peux aller super vite et même que ça énerve papa parce qu'il arrive jamais à m'attraper ! Et elle, c'est ma sœur Wanda ! Elle est trop forte !, s'excita le petit garçon.
-Ah oui ? Et qu'est-ce que tu sais fai-
-Je peux savoir ce que c'est que ce flicage ?
Erik commençait à s'énerver. Cet homme sortait de nulle part et se permettait de fouiner dans leurs vies à tous les trois. Ils n'avaient jamais eu besoin de personne d'autre jusqu'à présent. Il ne pouvait pas laisser faire ce Charles Xavier si facilement. Après tout, il pourrait peut-être se révéler dangereux. Face aux traits durcis de son interlocuteur, Charles tenta de s'expliquer avec une approche plus douce.
-Je suis désolé, je ne voulais pas paraître indiscret. Vraiment, ce n'était pas mon intention... Pour tout vous dire, je viens d'ouvrir une école dédiée aux jeunes... surdoués, dirons-nous.
Les mutants n'étaient pas très bien acceptés par la société. Il leur fallait malheureusement trop souvent être sur leurs gardes s'ils ne voulaient pas subir insultes et brimades dans le meilleur des cas. Les plus âgés comme Erik et Charles savaient se débrouiller, mais les adolescents et les enfants n'avaient pas les ressources nécessaires pour y faire face.
Erik soupira. Une école ? Pietro et Wanda n'y étaient pas retournés depuis que la petite fille avait mis le feu aux rideaux d'une salle de classe. Depuis, leur père avait été contraint de quitter son emploi pour s'occuper des jumeaux et de leur éducation. La petite famille Lehnsherr devait ainsi s'en remettre aux œuvres de charité et aux économies d'Erik. Il faisait quelques corvées de temps en temps dans des restaurants ou des entreprises durant quelques heures, pour ne pas laisser les enfants sans surveillance trop longtemps. Il n'en retirait que de maigres revenus mais c'était toujours ça de pris. Dans ces conditions, beaucoup auraient sûrement regretté d'être mutant, mais pas Erik. Il avait connu tellement pire par le passé... Charles le tira de sa rêverie et lui laissa son numéro.
-Pietro et Wanda sont les bienvenus. Et vous aussi. Le manoir est suffisamment grand pour faire office d'internat et-
-Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte de la réalité, professeur. Je n'ai absolument pas les moyens de payer une telle école.
-Mais je n'ai jamais parlé d'argent, Erik. Je veux que cette école soit un refuge pour ceux qui en ont besoin.
Erik lâcha un énième soupir. Les yeux des jumeaux brillaient déjà d'excitation, et l'air à la fois déterminé et doux qu'affichait Charles ne l'aidait pas.
-Je dois y réfléchir.
-N'hésitez surtout pas à m'appeler ! »
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L'école des enfants terribles
FanfictionErik Lehnsherr, mutant et père de deux horribles garnements, se voit proposer de vivre tous frais payés par Charles Xavier dans son école. Il est pas un peu bizarre ce professeur quand même ?