- Encore sur ton portable toi.
Ian n'arrêtait plus depuis une semaine, il pianotait sans arrêt sur son téléphone. Ce n'était pas étrange en soi, parce qu'Ian et son Iphone étaient inséparables. Mais étant son meilleur ami, je savais que c'était inhabituel puisque maintenant il ne faisait plus que ça : envoyer des messages. Ce qu'il y avait de plus étrange encore, c'est que nous étions à une fête et Dieu seul sait à quel point Ian était badass et qu'il aimait les fêtes.
Le vietnamien rit, sans même me lancer un regard, je compris très vite que ce rire était destiné à sa correspondante et non à moi.
- Ian ça fait une semaine, est-ce que tu peux enfin me dire qui est l'heureuse élue ?
Il me lança un rapide regard avant de reporter son attention sur sa boite magique.
Mon meilleur ami n'avait pas voulu me dire qui était la fille avec qui il parlait, il voulait garder le secret le temps que ça se « concrétise », mais le fait est qu'avec lui c'était impossible, il ne fallait pas rêver : il passait sans arrêt d'une fille à l'autre, sans état d'âme.
- Ok je vais te le dire. Elle s'appelle Elsa.
- Elsa, répétai-je, je la connais ?
Il secoua la tête.
- Non, impossible. Elle ne vit pas ici, elle ne vit même pas en Angleterre.
Il me montra une photo d'elle. Elsa n'avait rien de particulier : une brune aux yeux noirs, mais elle était jolie. Les lunettes qu'elle portait donnaient plus d'éclat à son visage, mettant en valeur ses pomettes.
- Ah ? Elle vit où alors ?
- En France.
Je tapai dans mes mains.
- Alors comme ça tu es en correspondance avec une française ?
- Apparemment oui.
Je pouffai.
- Et comment as-tu fais ?
- Vas savoir. C'est elle qui m'a contacté en fait, via twitter.
- Tu flirtes avec elle ?
- Evidemment.
- Oh, tu vas briser le cœur d'une française. C'est ironique non ? Les français sont très romantiques.
Il leva les yeux au ciel.
- Pourquoi tu dis que je vais lui briser le cœur.
- Parce que tu es comme ça...
- Arrêtes tes délires comme quoi je suis un « amoureux chronique », c'est faux.
- Non.
- Prouve-le.
- Adele, Chelsea, Ashley, Mona, Mary, Shannon...
Il leva sa main, m'indiquant de m'arrêter.
- Stop c'est bon. Je n'ai pas tout entendu à cause de la musique mais ça me suffit.
Je ris et je pris conscience qu'effectivement la musique était trop forte. Peut-être avaient-ils augmenté le volume.
Après ce qui me sembla être une éternité, alors que Ian chattait toujours avec cette dénommée Elsa et que moi je m'ennuyais, Abby vint nous rejoindre, deux red cups dans les mains.
- Hey Colin, salua-t-elle.
Elle m'offrit un des gobelets et s'appuya sur moi en triturant mes cheveux. Elle adorait mes boucles, comme si elle n'avait jamais vu de métis de sa vie.
- Vous vous amusez ? demanda-t-elle.
Ian marmonna une réponse incompréhensible alors que moi je lui lançai un sourire faux. S'il fallait lui mentir, autant ne pas le faire explicitement. Ses yeux bleus se plantèrent dans les miens et elle secoua sa chevelure blonde.
- D'accord, je suis contente alors.
Ce n'est pas qu'elle me dérangeait, elle m'étouffait carrément. Après un long silence gênant, elle se décida à partir, enfin.
- Pathétique, me dit Ian.
Je le regardai, interloqué.
- Quoi ?
- La plus belle nana du lycée s'intéresse à toi et tu ne cilles même pas.
Je soufflai.
- Tu sais bien qu'elle ne m'intéresse pas. Et elle ne m'intéressera jamais.
- C'est ça.
Je n'ajoutai rien, ne voulant pas discuter de cela une millième fois avec lui.
- C'est bon ! il s'enthousiasma après quelques instants.
- Quoi ?
- J'ai dit à Elsa que j'ai ici un ami qui ne trouve pas l'amour tellement il est compliqué et elle a dit que sa meilleure amie était pareille et que donc vous alliez bien vous entendre.
- T'as pas fait ça ! râlai-je.
- Si et je viens de t'envoyer son contact et Elsa a fait pareil de son côté.
Je sortis mon téléphone de ma poche où apparaissait déjà le message d'Ian. La meilleure amie en question s'appelait Avery.
- Laisse tomber, je ne lui parlerai pas.
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Distance
Short StoryLorsqu'un amour anormalement intense se construit sans même un touché, et que tout s'arrête...