[~~Chapitre 3~~]

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Dans un premier temps, nos regards ne se décrochent pas, comme un duel que je ne veux pas perdre. J'entends toujours la conversation de ma compagne de table mais mon esprit est ailleurs concentré sur lui, sur ce que son regard cherche à cacher et à dire par la même occasion. Cette bataille silencieuse dure quelques instants avant que de lui-même il ne commence à me dévisager de la tête aux pieds. Mes joues s'empourprent lorsqu'un petit sourire au coin de ces lèvres apparaît. Très léger si bien que je l'ai peut- être seulement imaginé. La sensation que la température est montée d'un cran alors qu'il fait déjà tellement chaud ici, est-ce que ce sont les images de lui et moi dans des positions pas catholiques, dans mon esprit qui me brûle de l'intérieur, je n'en sais rien mais un malaise s'installe en moi et je secoue la tête vivement de droite à gauche avant de reporter mon attention sur la gentille petite mamie devant moi. Toutes innocentes, contemplant mon dessin avec fierté.

Il est à vous. S'il vous convient comme ça ! Je ferais mieux de rentrer. Lui dis-je sincèrement en me levant pour ranger mes affaires dans mon baluchon.

Oh muchas gracias ! Elle se lève à son tour et subitement elle me sert dans ces bras. Tellement surprise de cet élan de proximité que je suis raide comme un piquet au début, puis par la suite je m'autorise à lui tapoter le dos avec les paumes de mes mains, plus gros signe de réconfort que je suis capable de donner.

Vous allez revenir me voir n'est-ce pas ? Je m'appelle Rozie. Ces mains me pressent les épaules comme si elle attendait une réponse et qu'elle n'accepterait pas que celle-ci soit négative.

Je n'ai d'autre choix que de lui sourire et d'acquiescer. Ravi elle me relâche et je quitte ma place, mes affaires sous le bras je regagne la plage que je traverse jusqu'à rejoindre l'hôtel. Cette fois j'ai faim et je vais me faire un malin plaisir de piocher dans la victuaille que mon cher frère se sera donné la peine de ramener dans notre appartement.

La fraîcheur du bâtiment climatisé est une délivrance bienvenue car la chaleur de fin d'après-midi à l'extérieur est tellement étouffante pour une Française comme moi que je risque le malaise. Une forte musique entrainante m'accueil à l'entrée mais aucun mouvement. Je cherche mon frère des yeux tout en ouvrant le frigidaire, non je sais bien qu'il ne se cache pas dedans mais j'en profite pour prendre quelque chose. Le contenue est typiquement masculin, c'est-à-dire qu'il n'y a presque rien à part de la viande rouge, des pommes de terre et des bières. En fouillant bien je trouve une petite boîte minuscule avec quelques tomates cerises, évidemment c'est vers cela que j'oriente mon envie. C'est mieux que l'option sandwich Saucisson beurre à l'ancienne.

J'entend qu'on crie mon nom au loin, je relève la tête comme quelqu'un pris la main dans le sac avec le légume rond coincé dans la joue comme un hamster. Je referme la porte en la laissant claquer tout en emportant mes petites tomates que je gobe comme des dragibus, en moins sucré. J'avance dans la pièce et remarque la terrasse ouverte, j'en prend la direction. Lorsque je me retrouve sur le sol en bois, je constate que mon frère n'est pas seul autour de la table en maille tissée du salon de jardin. Tout en avançant vers lui j'observe ce qui l'entoure, un pack de bière sur la table, une assiette de charcuterie, des olives et autre petit bol apéritif. Trois autres personnes sont en sa compagnie et je ne reconnais que l'intendant qui nous à accueillis ce matin. Punaise il s'est déjà fait des potes alors qu'on est là depuis moins de 24 heures.

J'essaye d'arborer un sourire avenant et lorsque je suis à leurs côtés, mon frère me présente comme sa gracieuse petite sœur. Il fait des éloges à mon sujet tous plus désagréable les unes que les autres, à entendre car je sais qu'il se moque de moi. Je ne compte cependant pas lui faire le plaisir de répliquer. Pour me venger je m'assois sur son accoudoir et entame une bière face à moi. Le mec de la réception s'appelle Jason, il n'est pas né ici, il est venu en voyage et n'est jamais reparti. Le second inconnu se nomme Marco, il est originaire du coin et le dernier est David, le seul mec portant un costume et qui semble ne même pas transpirer alors que nous somme tous en nage. Le genre de gars qui te regarde de haut comme s'il était de la haute société et que toi tu étais forcément de la vermine. Je me demande bien ce qu'il fabrique avec ces énergumènes, il semble si décalé. Pas vraiment à ça place. Je ne m'immisce pas dans leurs conversations mais je reste tout de même présente pour boire et manger mes tomates. Je scroll sur les réseaux sociaux via mon portable le temps de finir ma bière puis décide d'aller sauvegarder mes clichés sur mon ordinateur et vider ma carte mémoire pour faire de la place afin de pouvoir en refaire dès que l'occasion se présenterais.

NéodymeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant