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Je me sentais sale. Trahis. Laid. Honteux.


Je pense qu'il est idiot et plutôt dispensable de préciser que j'ai évité Mika comme la peste après "l'incident". À ma place, pas mal de personnes auraient très certainement pensé que Mika n'était qu'un pervers qui m'avait approché dans l'unique optique de faire des choses malsaines avec moi (ce qui n'était pas complètement insensé) - mais pas moi. La seule chose que j'arrivais à penser c'est « ce type est exactement comme tous les autres ». Voir pire. Poser des distances était la seule option qui me restait. Étais-je triste? Pas exactement, non.

Toute la semaine, il a essayé de me parler, à de nombreuses reprises. À la pause, par exemple. Je le voyais s'approcher de moi, mais je me détournais à chaque fois. Je l'avais entendu se disputer avec les autres lorsque quelqu'un l'avait taquiné pour m'avoir suivi dans le couloir, ignorant les protestations du CST. Mais honnêtement? Ça ne me faisait ni chaud ni froid. Il n'était plus qu'un membre de la masse à mes yeux, cette masse que je fuyais. Donc j'étais à nouveau seul, mon casque sur les oreilles chaque matin, à chaque pause.

Néanmoins, j'avais l'impression que l'intégralité de ce que je faisais était futile comparé à ce que je vivais avant avec Mika. Ça me blessait de l'avouer, mais nos discussions, nos éclats de rire me manquaient terriblement.

Bref. Deux jours plus tard, le soir, quelqu'un frappa à ma porte. Comme ce n'était pas arrivé depuis des années, je m'attendais à un publicitaire, à une erreur ou - bien pire - à mon ancien meilleur ami. Lorsque j'ai ouvert, stupéfait, j'ai vu une fille de petite taille qui portait l'uniforme de mon lycée. Elle avait les cheveux teints d'un mauve pâle attachés en une coiffure sophistiquée et ses yeux étaient d'un brun chocolat. 


Typiquement le genre de petite peste à éviter.


À peine me vit elle qu'elle sourit de façon enjouée.


— Hey! Tu me connais peut-être, mais bon, formalités obligent : je m'appelle Shinoa Hiragi. Je suis dans la seconde B, juste à côté de votre classe. Yuu-san, c'est ça?


Jamais entendu parler. Je l'ai regardé sans comprendre avant de dire :


— Qu'est ce que tu fais là?


Elle pencha la tête sur le côté.


— Des questions à te poser. Dis, Yuu-san, tu détestes Mika ?


De quoi je me mêle?


— Ça te regarde pas.


Elle prit une inspiration théâtrale et posa le dessus de sa main sur son front.


— Ma parole, tu es exactement comme il t'a décrit! Quelle froideur, un vrai iceberg! Tu ne vas jamais avoir d'amis, à ce train-là. Tu comptes rester puceau toute ta vie?


Ça ne m'étonnait franchement pas de lui qu'il m'envoyait quelqu'un d'aussi éhonté sonner à ma porte. Je me suis apprêté à fermer la porte mais elle passa son pied dans l'encadrement, se pencha en avant, les mains dans le dos, me regardant avec la même moue rieuse.

S.E.U.L.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant