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Impossible. Ce n'est pas vrai. Ça ne peut pas être vrai.


Et pourtant, je savais bien que cette femme n'était pas entrain de me faire une mauvaise blague. Comme si elle ne venait pas de me percer le cœur, elle continuait de laver la vaisselle, en souriant presque mélancoliquement. J'ouvris la bouche pour lui demander davantage de détails mais la porte d'entrée s'ouvrit en laissant entrer une énorme bourrasque de neige. 


- On a le matelas! s'écrièrent Mika et son père adoptif, brandissant le futon au dessus de leurs têtes, comme un trophée. 


Je fus heureux de les voir monter dans la chambre directement, car si Mika m'avait vu comme ça, il m'aurait très certainement harcelé pour me demander ce qui n'allait pas . Je mis du temps à me recomposer un visage normal; puis je suis resté... mal à l'aise.

Pourquoi Mika ne m'avait rien dit sur son passé? Non, pourquoi ne lui avais-je jamais rien demandé? Je passais mon temps à me plaindre, à lui crier dessus, à ne penser qu'à moi, alors que lui... Mille scénarios s'entrechoquaient dans ma tête. Et si ses parents étaient morts? Et si ils l'avaient abandonné? Et si les services sociaux l'avait retiré? Et si c'était le cas, pour quelles raisons?


- Yuu-chan, ramène-toi! appela-t-il de l'étage. 


Je me suis tourné vers sa mère adoptive qui me sourit. 


- Merci beaucoup de m'avoir aidé. Ça me gêne d'avoir laissé un invité m'aider aux tâches ménagères.


- Non, non, ça m'a fait énormément plaisir, dis-je en tentant de reprendre mes esprits.


Je me suis incliné une énième fois, ai boitillé dans les escaliers, puis suis arrivé dans sa chambre. À peine avais-je franchis le pas de la porte que j'ai écarquillé les yeux: la pièce était gigantesque. Les murs étaient peints en blanc, des étagères en bois sombres contenant divers livres (des recueils de poèmes, mangas récents, des vieux livres, de tout) parcouraient les murs, un piano et une guitare trainaient dans un coin et le matelas se trouvait juste à côté d'un grand lit double surmonté de coussins bleus et gris. Ah, et c'était relativement bien rangé, contrairement à ce que j'aurais pu m'attendre de sa part.

Après de nombreuses négociations, il m'obligea à dormir sur le lit double, en s'indignant (« tu penses vraiment que je suis le type de gars à laisser dormir son invité sur un matelas miteux, à même le sol? J'apprécie l'image que tu as de moi ») et sur ce, on s'est couché.


*


... mais malgré toute la fatigue accumulée, je n'arrivais pas à m'endormir. Je pensais aux parents de Mika, je pensais à ce que je devrais faire le lendemain; et quand le sommeil sembla enfin me rattraper... J'ai ressenti une douleur atroce me parcourir, signifiant que les antidouleurs cessaient de faire effet. 


Mika avait laissé la boite sur le bureau près de la fenêtre. Je me suis levé avec une grimace, prenant soin de ne faire aucun bruit, ai enjambé le matelas en essayant de ne pas marcher sur Mika, en dépit de ma mauvaise vue (cause de mes lentilles perdues dans la bataille) et de l'obscurité, et ai fini par avaler les cachets, jetant un œil à la vue de sa fenêtre; un ciel sombre et son jardin recouvert de neige.


- Tu n'arrives pas à dormir? murmura-t-il. 


J'ai jeté un regard à l'horloge. Une heure du matin.


- Désolé de t'avoir réveillé. 


- Ne t'inquiètes pas, je ne dormais pas. Tu peux pousser les rideaux, s'il te plait? 


S.E.U.L.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant