Chapitre 1: Quand est-ce que tout ça a commencé?

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Sa main attrape la mienne et il me tire à lui, trop près dans cette voiture qui nous ramène à la "maison". Il approche ma main de sa bouche et dépose un chaste baiser. Cela ne va pas durer....

"Tu m'as manqué tu sais amour. J'étais tellement inquiet qu'il t'arrive quelque chose durant ces 10 jours." me murmura t'il de sa voix rocailleuse tout en lovant ma main contre ses lèvres. 

Que pouvais je bien répondre à cela? Pas moi connard! Oublies moi et passes à autre chose! Non. Je sais ce qu'il est capable de faire et mon ventre se tord. Je me contente seulement d'observer minutieusement ses expressions faciales. Que comptes tu faire Raphael? 

Oui c'est son nom! Le doux prénom de ce psychotique. Archange, oui. Il en a tout de profil. Ses cheveux blonds cendrés toujours si bien coiffés, un visage et un corps taillés dans la roche la plus dure et ses yeux. Oui, je crois que ce sont ses yeux qui m'ont hypnotisée au départ. Deux topazes: turquoise quand il est heureux, bleu gris quand il trame quelque chose et noir quand il vaut mieux s'enfuir... De quelle couleur sont tes yeux maintenant? 

Il tient toujours ma main dans la sienne. Sa main immense, forte, a plutôt capturée la mienne. Telle une mésange que l'on place dans une cage, l'empêchant de revoir le moindre bout de ciel. Je me remet à pleurer. Je n'arrive pas à m'arrêter même si je ne veux pas lui donner la satisfaction de me voir si faible. Ma main libre sèche mes larmes et tente de contenir les autres qui souhaitent  s'échapper. 

Il se tourne vers moi et son visage se crispe. 

"Pourquoi pleures tu? Tu n'es pas heureuse d'être là?" sa voix se faisant de plus en plus blessante.

Je ne répond rien et baisse la tête cachant le peu de dignité qu'il me reste. Je suis si fatiguée. Les larmes roulent entre mes doigts et je sens que la tempête s'approche. Il écrase ma main prisonnière un court instant puis la lâche pour m'attraper le visage d'un geste brusque. Il amène mon visage à quelques centimètres du sien et tonne:

"Quand je pose une question on me répond  tout de suite!!!" 

Ses yeux sont fous. Il a l'air d'un fou. Cet homme si galant, si charmant et charmeur à l'extérieur peut se transformer en un démon colérique et pervers en une fraction de seconde.

"Ah ah ah ah ah .... "

Un rire s'échappe de ma gorge je crois que je délire. Je vois bien qu'il n'aime pas ça et la sentence n'attend pas pour tomber. Il m'agrippe à la gorge et serre. Je vais mourir dans cette voiture. Triste fin à 23 ans à peine.... 

"Réponds moi tout de suite! Es tu heureuse de me retrouver? " articule t'il rageusement. 

"Ou...oui...." Mourir étouffée ou mentir, telle est la question? Mon instinct de survie reprend le dessus et je lui mens. Il desserre enfin sa main de mon cou. Je respire enfin! J'inspire difficilement cet air emprunt de son eau de Cologne musquée. Il me regarde à nouveau et dans un demi sourire caresse ma main. Il reprend son masque angélique et enlace ses doigts aux miens. Ce geste tendre me rappelle tellement de bons souvenirs. Pourquoi a t'il changé? Ou était-il toujours comme cela?

Je lui souris à peine ce qui suffit à le calmer et moi à avoir un peu de répit. Toujours soudée à lui par nos mains  jointes, je me cale dans le siège en cuir et regarde pour la dernière fois peut être la ville fourmillant de monde, de vies, de joies et de peines dont je ne pourrais malheureusement pas faire partie. Une petite fille court derrière son labrador, un couple se chamaille amoureusement, une grand mère tient un bouquet de lys. Ah! Oui! les fleurs! Mon simple bonheur, la raison de me lever le matin, l'expression de mon art! C'est vrai j'avais une vie avant. Mais quand est-ce que tout ça à commencer? 


S'enfuirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant