VIII- Mes Deux Hommes

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L'histoire d'une jeune femme d'environ 34 ans. Elle est au chômage depuis 2 mois, car son médecin du travail l'a déclarée inapte pour cause de dépression. Du coup, elle déprime. Ce qui fait qu'à chaque visite, le médecin du travail la déclare inapte, etc etc. Depuis quelque temps, cette jeune femme a internet, grace à une amie qui passe son temps dans les ordinateurs. Alors elle se connecte à internet, sinon ça sert à rien. Et elle essaie les salons de discussions, comme ça, pour voir. Elle tombe sur un salon avec souplesse et remarque deux "personnes". L'un parle beau, fleuri et attendrissant. L'autre balance des conneries dans tous les sens, avec un jeu de mot toutes les deux lignes. Elle se dit que l'internet est plein de ressources. Le garçon fleuri commence à lui parler "en privé". Il est drole et touchant. L'autre garçon ne parle à personne en privé, il fait des jeux de mots et ça l'occupe beaucoup. Alors c'est elle qui lui parle, juste pour lui dire qu'il l'amuse.

Quelques jours plus tard, c'est devenu une habitude, elle se connecte maintenant tous les soirs, et retrouve le garçon attendrissant en privé, et discute avec le garçon débile en salon. Les conversations avec le garçon attendrissant se font de plus en plus longues, personnelles, profondes... Un sentiment nait, aussitot flingué par l'absurdité de l'écart de leur age, puisqu'il n'a que 22 ans. Cependant le garçon semble s'en battre les couilles. Un soir, sur un air de défi, il lui dit qu'il vient la voir le lendemain. Elle n'y croit pas trop, mais, evidemment, le lendemain, il sonne à sa porte, le skate à la main, car oui il fait du skate, puisqu'il a 22 ans. Elle lui ouvre, et ils s'aiment. Comme quoi, n'ouvrez pas votre porte à n'importe qui, vous verrez pourquoi.

Un jour elle a l'idée de demander au garçon débile de venir manger une raclette chez elle, pour lui presenter le garçon charmant, car ils s'entendraient surement bien. Le garçon débile accepte, parce qu'il aime la raclette et n'a rien à faire d'autre ce soir là. Ils mangent, et le garçon charmant dit au garçon débile que son style lui rappelle Edika, ce qui étonne beaucoup le garçon débile car il n'a à l'époque jamais rien lu de lui. La raclette se passe, et les semaines aussi. La situation entre la jeune femme et le garçon charmant n'est pas au mieux, car la mère du garçon charmant est très malade, et que le garçon habite loin de la jeune femme. Alors la jeune femme trouve en le garçon débile un confident, le seul qui est au courant et ne s'étrangle pas de la différence d'age qui jette le déshonneur sur leurs familles. Alors elle commence à lui raconter sa vie. Elle lui explique qu'elle a été violée à 16 ans, s'est retrouvée dans la rue à 18, que ses parents lui ont retirés la garde de son fils (c'était un viol productif) à 20, sous le pretexte gonflé qu'elle n'avait pas les moyens de l'elever decemment, ce qui s'explique par le fait qu'ils l'aient mise à la rue 2 ans plus tot. Elle lui dit qu'elle a malgré tout réussi des études brillantes, titulaire d'une maitrise de mathématiques et d'un diplome d'informatique, ancienne chargée de la communication a air france, qu'elle a perdu son emploi à cause de la fusion avec air inter, ou bien l'inverse j'ai oublié, qu'elle est au chomage depuis, qu'elle a une vue excecrable, ce qui explique que sa mère l'empeche de conduire et qu'elle ai cette jolie canne blanche dépliable là dans le coin mais si regarde derrière la chaine. Elle lui dit qu'elle aime David Bowie, que son chien s'appelle d'un nom qui m'échappe là, que sa voisine du dessous a l'orgasme bruyant et chevalin, que Cioran a écrit de belles choses, qu'elle aussi à l'occasion, que son fils va avoir 18 ans, qu'il veut rentrer à polytechnique, qu'elle aime le garçon charmant, qu'ils ne se voient pas souvent, qu'il a des problème et qu'elle aimerait l'aider, que michel chevalet est vraiment un con, qu'elle se trouve grosse, et des millions d'autres choses. Le garçon débile, lui, n'a pas grande chose à raconter, alors il écoute, dit ce qu'il pense devoir dire avec l'espoir que ça aide quelque part, mange des pizzas et répare l'ordinateur, avoue qu'il n'a jamais lu Cioran, et se demande comment on peut avoir vécu tout ça et être encore un en seul morceau. Elle lui confirme qu'elle a déjà tenté de se suicider quelques fois, et que les séjours en hopitaux psychiatriques n'ont finalement que l'avantage d'être gratuits.

Les mois passent, et les choses ne s'arrangent pas. Le garçon charmant a une attitude qu'elle trouve immature, irrésponsable, mais elle lui trouve les excuses de sa souffrance, de sa jeunesse, et surtout de ce qu'elle l'aime. Le garçon débile observe en silence. Ils partent en vacances, ils envoient une carte postale au garçon débile, ça a l'air d'aller mieux. Puis elle tombe enceinte, comme quoi faut pas se fier aux cartes postales. Ils n'ont ni l'envie, ni les moyens, ni l'inconscience de garder l'enfant, donc il faut qu'elle avorte. Le garçon charmant est désolé mais il ne pourra pas être présent, il y a son meilleur ami qui vient le voir ce week end là, désolé, vraiment. Le garçon débile est lui aussi absent, alors elle va avorter seule. L'avortement se passe bien, ça fait au moins une chose. La situation se dégrade encore, jusqu'à l'inévitable: le garçon charmant rompt, au sens propre puisque la jeune femme se brise. Au même moment, enfin a peu près, son fils echoue à polytechnique, et se tire une balle dans la tête. Bonne nouvelle, il ne meurt pas. Mauvaise nouvelle, il est dans le coma profond. Le garçon débile ira la voir, un après-midi. Alors qu'il est à 50 metres de chez elle, il apperçoit une jeune femme s'evanouissant tous les 5 metres, un chien dans les bras. Devinez qui c'est ?! Il la ramène chez lui quouasiment en la portant. Elle n'a mangé que quelques pains au chocolat depuis 2 semaines, et dormi environ 10 mn. Il la mets dans son lit, lui fait à manger, fait à manger au chien qui lui aussi bouffe pas grand chose ces temps ci du coup. Elle passe son temps à pleurer, s'evanouir, se repeter que ce n'est pas possible, qu'il ne peut pas ne pas l'aimer, pleure, s'evanouit, repete, pleure, repete, s'evanouit, tout ça très vite. A un moment elle essaye de se lever. Elle trébuche, se ratrape à une porte coulissante d'armoire, qui n'est pas d'accord et sort de son rail, et lui tombe dessus, arretée juste à temps par l'encoignure. Elle est recroquevillée, en pleurs, sous une porte d'armoire coullissante. Elle lui apprend que les vitres des derniers étages des tours du quartiers sont condamnées, et que c'est beaucoup plus difficile de se suicider dans ces conditions, et qu'on ne le dit pas assez, ça. Elle lui avoue d'autres choses, qui ne vous regarde pas...

Le garçon fou part un mois, car c'est l'été et qu'il a besoin d'argent. Il n'aura plus jamais de nouvelles d'elle. Presqu'un an après, il profite de ce qu'il passe dans son quartier, et va voir sur la boite aux lettre. Ce n'est plus son nom.


Histoire tristeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant