Chapitre 10

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Claire était trop à cran pour trouver le sommeil, sans parler de son dos qui la faisait souffrir. L'idée d'attendre ne serait-ce qu'une nuit de plus avant de s'atteler à la tache lui était insupportable. Brandon ne lui semblait pas du genre à considérer la vengeance comme un plat qui se mange froid, quant à Shane... Il n'était pas de ceux que si défilent.

<S'il est suffisamment idiot pour avoir envie qu'on le morde, très bien, mais il ne servira pas de moi comme excuse.>

Shane n'avait pas quitté sa chambre de la soirée. Claire n'avait pas entendu le moindre bruit, même en collant son oreille contre le battant. Eve avait mimé des écouteurs avant de prétendre qu'elle montait le volume d'une chaîne imaginaire. Claire parfaitement : elle avait elle-même passé des heures à écouter de la musique à se faire éclater les tympans pour éviter le reste du monde.

Eve lui prêta un ordinateur portable, une vielle bécane noire, encombrante et lourde, avec un autocollant. Attention danger. Le fond d'écran représentait le dessin d'une Grande Faucheuse qui tenait une pancarte routière au lieu d'une faux, indiquant MORGANVILLE.

Claire parcourut quelques dossiers au hasard, non sans culpabilité, mais sa curiosité l'emportait, et elle découvrit des poèmes. Eve aimait la mort, ou plutôt elle aimait écrire sur ce sujet. Des textes romantiques au style fleuri qui ne parlaient que de rage, de sang et de tombes au clair de lune...

Claire s'arrêta soudain sur la date des fichiers. Le dernier poème remontait à trois ans. Eve devait avoir quinze ans à l'époque, non ? Les vampires la faisaient apparemment rêver à l'époque... Quelque chose avait changé, depuis. Elle n'avait pas composé de poésie depuis trois ans...

Claire avait laissé la porte de sa chambre ouverte et Eve entra sans frapper.

-Tu travailles bien ?

Claire sursauta, puis leva son pouce tout en ouvrant une page internet.

-J'ai appelé ma cousine dans l'Illinois, poursuivit Eve. Elle nous autorise à utiliser son compte PayPal, mais je dois lui envoyer de l'argent dès demain. Voilà les références du compte, dit-elle en tendant à Claire un morceau de papier...

Elle ne va pas se faire tuer à cause de nous, hein ?

-T'inquiète, je n'achèterai pas tout au même endroit. Beaucoup de gens se procurent du cuir et des outils. Quant au papier... Le livre est censé être ancien ?

-Très.

-Tu crois qu'il est imprimé sur du vélin ?

-C'est une sorte de papier ?

-Oui, enfin, du parchemin plutôt. C'est de la peau de veau.

-Ah...encore mieux. Ce bouquin est une vrai antiquité.

Claire hésitait : si elle se procurait du vélin, on risquait de remonter facilement sa piste. Mais à quoi lui servait son intelligence supérieure si elle ne réussissait pas à contourner ce genre d'obstacle, hein ? Il lui fallait d'ailleurs trouver une couverture pour effectuer ses recherches en toute tranquillité : elle ne pouvait pas se permettre d'attirer tout les regards sur la maison...

Elle se remit aussitôt au travail et n'entendit pas qu'Eve sortait et refermait la porte derrière elle.

Pendant cinq jours, Claire bûcha. Cinq jours entiers. Eve lui apportait de la soupe et des sandwiches, et Shane passa une ou deux fois lui dire qu'elle était cinglée et qu'il voulait qu'elle s'occupe de ses affaires. Claire l'ignora. De toute façon, lorsqu'elle était plongée dans quelques chose, elle devenait hermétique au monde extérieur. Elle entendit qu'il s'adressait à elle et elle lui répondit, mais elle ne l'écouta pas. Comme les parents de Claire avant lui, Shane finit par baisser les bras et battre en retraite.

Vampire City Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant