Chapitre 15 : Le faucon

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" Comme un enfant aux yeux de lumière
Qui voit passer au loin les oiseaux
Comme l'oiseau bleu survolant la terre
Nous trouverons ce monde d'amour "

** Zara

Sergio Bermani est un homme gentil et attentionné. Il me traite comme une Princesse et avec lui je me sens enfin vivre.

Je rentre d'une de ces soirées qu'il me fait vivre depuis maintenant 1 mois. Il m'a amené dans un palace, mes yeux brillaient de miles feux face à tout ce luxe et ces bonnes manières. Nous avons dansé jusqu'au bout de la nuit, seuls au monde sous les étoiles de Lunah. Tout son comportement reste très gentleman, il n'a jamais eu de geste déplacé. C'est vrai qu'avoir une relation sans sexe est nouveau pour moi. Il est toujours si patient, si maître de lui.

Cependant ce soir, son comportement était différent. Il m'a fait clairement comprendre qu'il serait prêt à m'attendre mais pas toute la vie. Il m'a dit qu'il fallait que je fasse un choix entre lui et Amar et que cela devenait urgent.

Amar. Depuis peu, je le sens de moins en moins disponible, de plus en plus loin de moi .... je sais que ces responsabilités lui sont difficiles à vivre et je ne sais pas comment l'aider. Heureusement Salim est toujours auprès de lui, tel un bras droit ou un grand frère. Je sais que les deux hommes s'entendent à merveille et cela me soulage.

La maladie du cheikh évolue petit à petit. Je vais le voir tout les jours. Zayn me raconte sa vie, ses amours et ses croyances. De sa rencontre avec Jasmine, belle arabe aux yeux claires dans les années 90. De leurs histoires d'amour passionnée jusqu'à ce qu'elle meurt d'une leucémie. Il a été là jusqu'au bout et cela restera la plus belle histoire de toute sa vie ....

J'écris tout cela dans des petits carnets qui, un jour pourra être donnée aux enfants qui voudront savoir qui est cet homme si fort et si bon. Nous passons des moments extraordinaires. Je pourrais l'écouter pendant des heures me parler de Jasmine, de son peuple, de ce qu'il a mis en place et ces rêves pour Lunah. Il semble même se sentir mieux depuis peu de temps. Je sais pas si c'est bon signe ou mauvais signe mais le destin est tel que je vais bientôt le savoir. Ça sera dur de le perdre. Je le connais depuis seulement 1 mois mais la nature de cet homme me pousse à lui faire confiance et à l'aimer. Il aime se comparer à un oiseau, le faucon prêt à s'envoler pour sa dernière quête.

Perdue dans mes pensées, je m'engage dans le couloir vers mes appartements. J'y retrouve un Amar, assit sur le sol, les mains sur les yeux. Je me dirige vers lui et lui murmure :

- Amar, Amar, ca va ?

Il lève la tête. Ses yeux sont rouge et son visage est décomposé. Mon sang ne fait qu'un tour quand je comprends. Je me met à courir dans le château, aussi vite que ma robe le permet. J'arrive donc essoufflée jusqu'à la chambre de Zayn. Salim est là, il me fait signe d'entrée. Le médecin ausculte le cheikh qui semble très fatigué. Il regarde Salim et secoue la tête. Mon cœur manque un battement quand celui ci ouvre la bouche :

- Monsieur, votre altesse. Votre état de santé se dégrade énormément. Je ne suis pas sûr que vous passerez la nuit. Je veux vous emmener dans l'hôpital d'El Passart.

Le Cheikh bien qu'affaiblie secoue la tête et de sa voix d'homme de pouvoir, dit calmement :
- Prenez une vidéo. Appelez Amar et toi Zara, vient près de moi. Je vais faire mon dernier au revoir à mon peuple pour qu'il puisse faire leur deuil.
- Mais votre altesse ....
Il lève la main :
- s'il vous plaît. Apres je mourrais dans mon lit. Dans mon château. Là où est ma place de Cheikh.

Tout le monde se regarde.

Puis tout se passe très vite. Amar arrive et se met à la droite de son oncle. Zayn eu des soins, fut maquillé et reçu de l'aide pour s'assoir le plus dignement possible. Je m'assois à sa gauche, priant pour ne pas craquer. Je lui tient la main.

Salim allume la camera et le cheikh commence, de sa voix la plus forte possible, sans jamais trembler :

- Peuple de Lunah, d'El Passart et de Zahir. Aujourd'hui est une date aussi importante que le jour de ma naissance et de mon couronnement : la date de ma mort.

Je ferme les yeux, incapable de supporter de voir un homme bien se faire décimer par une maladie, aussi jeune. Il me serre la main et continue :
- Je sais que pour beaucoup d'entre vous, cette annonce va être difficile. Difficile de perdre un cheikh, difficile de perdre les repères et étrange d'entendre ses mots. C'est important pour moi, de faire une passation de pouvoir digne de ce nom, même malade. Accueillez dans vos cœurs Amar, priez pour son bonheur et celui de Zara. Je vous remercie de m'avoir confié vos vies, votre amour pendant tant de temps. Je vais partir tranquille maintenant en sachant que mon peuple est entre de bonne main.

Il se met à tousser. Lâche ma main pour la porter a sa bouche. Il déglutit difficilement. Salim vient prêt de lui. Et lui tant une coupelle qu'il refuse. Il prend un mouchoir et avec ses mains tremblantes essuie sa bouche. Mes larmes coulent sur mes joues. Amar me tend la main. Je me lève et m'assois près de d'Amar qui me prends dans ses bras. Je me laisse aller contre lui, comme s'il était ma seule source de réconfort.

Le cheikh finit son discourt, par cette phrase que je n'oublierais jamais :
- tel un faucon, cet oiseau majestueux si cher à notre cœur en Arabie, je vais m'envoler vers mon dernier voyage. Celui de la sereinité et l'infini. Paix dans votre cœur mon peuple.

Le cheikh semble avoir du mal à respirer alors Salim éteint la vidéo. L'infirmière se précipite vers le cheikh pour lui donner de l'oxygène. Il respire dans le masque avec nécessité. Je me rend compte, que nous allons le perdre et à cette idée une boule se forme au fond de ma gorge.

Il repousse l'infirmière. Et demande à tout le monde de sortir pour me parler. Il lance un dernier regard à son successeur et lui disant en arabe quelques choses que je ne comprends pas. Amar lui tends la main puis le prends dans ses bras. Les adieux sont déchirants. Amar semble comme un petit garçon qui a perdu ses repères. Il respire un bon coup et après un dernier regard, sort de la pièce.

Le cheikh me fait assoir pres de lui et me dit difficilement :
- je serais bref ma petite. Ma douce m'appelle de la haut. Je l'entends. Ceci sera mes derniers mots et ils te sont destinés car tu as étais pour moi comme un pommade qui guérit tout les maux durant ce mois. Sache, et n'en doute jamais, que tu es une personne extraordinaire. Tu es de la trempe de tes parents et de tes ancêtres. Ait confiance en toi et dans tes capacités. Je te remercie pour tout le bonheur que tu as apporté à Lunah et j'espère que tu seras un jour, leur Princesse. Soit forte pour Amar. Je sais qu'il a besoin de toi.

L'infirmière rentre dans la pièce en fronçant des sourcils et gronde :
- Mr on a dit 5 Minutes. Ca en fait 10. Maintenant il faut que vous soyez raisonnable et que vous prenez ce médicament.

Le cheikh me serre la main et me sourit :
- je vais aller retrouver ma bien aimé. Merci Zara.

Je sors peniblemnucde la pièce quand l'infirmière et le médecin lui donne ce qui sera son dernier médicament.

A la quête du bonheur partie 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant