Sous le ciel alourdi par d'immenses nuages gris s'étend une ville.
Vaste, immense même. Mais désolée.
Les fiers gratte-ciel qui s'élevaient jusqu'à la voûte céleste ne sont plus que de frêles géants laissant voir leur squelette métallique sous leurs façades, balayées par d'anciennes tempêtes. Les trottoirs autrefois parfaitement lisses et uniformes sont à présent jonchés de carcasses de vaisseaux à l'allure fuselée, certainement emportés par une crue soudaine.
Le métro aérien, quant à lui, n'est plus qu'une interminable araignée de fer aux pattes déchiquetées, menaçant de s'effondrer à certains endroits. Il laisse son ombre planer sur les larges avenues que hantent de nombreuses meutes de chiens affamés.
Partout le lierre grimpe à l'assaut des immeubles, envahit les routes, s'infiltre même jusque dans les bâtiments. Il côtoie les colonies de rats dans les égouts, les nichées des corneilles sur les éclairages publiques devenus inutiles.
Au milieu de ce paysage aux airs de ville fantôme se dresse encore le plus haut gratte-ciel de la ville. Par miracle, son architecture complexe et robuste lui a valut d'essuyer les vents les plus redoutables.
Il trône courageusement au centre de la cité, tel un drapeau sur le champ de bataille.
Sur une de ses façade, un grand panneau publicitaire aux couleurs fatiguées annonce fièrement, accompagné d'un logo en lettres oranges: "JabbeR, l'avenir nous tend les bras!".
C'est l'unique touche de couleur dans la ville morte.
Au pied du géant, dissimulé entre une étrange cabine aux allures futuristes et un petit monceau d'ordures, un feu de camp crépite. Quelques flammes dansent faiblement dans l'âtre.
Prostrée devant le feu, une adolescente grelotte. Maigre, le teint pâle, une cascade de cheveux bruns encadrent ses yeux rougis par les larmes. A ses côtés d'elle est allongé un grand chien. Il regarde sa maîtresse, sans comprendre la détresse qui émane d'elle.
La jeune fille tient entre ses mains un carnet hors-d'âge, au cuir râpé. Elle écrit maladroitement, remplissant les pages jaunies de phrases désespérées.
*
Rain soupira une énième fois, et, tremblotante, contempla la ville désolée. Elle sentait le poil doux de son chien qui s'était lové contre elle. L'adolescente, le cœur gros, écrivit en bas de la page de son carnet:
J'ignore si je dois me trouver chanceuse ou non. Cette publicité, là-bas, me nargue. Elle se moque de moi, de l'Humanité toute entière. Je ne sais plus quoi faire. Là, maintenant, je me souviens des moindres détails de mon existence...
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"Shanghai Ruins" - JonasDeRo
Me revoilà enfin! Le prologue n'a presque pas changé, mais je tenais à ajouter le nom de l'auteur et de son œuvre qui m'a servie d'introduction ^^
Je ferai ça pour chaque partie publiée, en sachant que je mettrai à jour mon histoire assez souvent, au rythme d'un chapitre tous les trois jours environ.
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De l'Autre Côté
Science FictionElle se nomme Rain. Le monde dans lequel elle vit est surpeuplé, pollué, exsangue. Pour pallier à ce problème, l'Humanité toute entière s'exile dans un monde virtuel. Mais Rain est une adolescente remplie de rêves et d'espoirs. Elle veut se rendre d...