Fear Lunar

Chapitre 1

« Ah vous êtes grand, vous. Puissant, fort et fier ! Et tellement imbu de votre personne que vous n'avez pas voulu prendre en compte ce que j'avais à vous dire.

Je vous avais mis en garde contre ces êtres. Contre ces démons. Mais vous n'avez pas voulu me croire, me traitant de vieux fou.

Vous avez maintenant sa mort sur votre conscience.

Cette enfant ne méritait pas un tel sort. Et le peuple ne mérite pas de subir ce qu'elle a enduré.

Vous ne valez pas mieux que ces choses qui l'ont emportées. »

Mevin se rappelait les mots du vieux Aubin alors qu'il rentrait chez lui.

Il commençait à faire sombre et le froid prenait peu à peu ses marques dans les campagnes environnantes de Rochemor.

La veille, une enfant avait disparue au matin, emportée par, à ce qu'on disait, des loups.

Tout le village s'était alors mis à sa recherche et ce n'est que le lendemain, au lever du jour, qu'on avait retrouvé sa trace, dans un champ, à l'orée de la forêt de Val-loup.

Malheureusement, c'est son corps sans vie et couvert de sang que les villageois ont retrouvé. Sa gorge avait été arrachée et de nombreuses traces de morsures étaient visibles sur son jeune corps. Des empreintes de loup sillonnaient les alentours, allant et venant de la petite, jusqu'à la forêt.

Mevin était là et il n'avait pu s'empêcher de remarquer à quel point les empreintes de ces loups étaient énormes.

Il en avait déjà vu par le passé, lorsqu'il chassait avec Aubin dans la forêt de Val-loup. Elles ne dépassaient alors que rarement la taille de sa main. Mais cette fois, c'était une autre histoire. Les traces de pas de ces loups avaient deux à trois fois la dimension normale.

A la vue de ces empreintes, il ne pouvait qu'imaginer la taille de ces bêtes. Deux fois plus grandes qu'un homme.

Il voulut en faire part aux hommes qu'il accompagnait, mais ils étaient bien trop occupés.

Il lança un regard entendu à Samy. Mevin savait qu'ils avaient fait la même découverte et étaient arrivés à la même conclusion.

Samy était le fils de Tonor, et habitait, avec sa famille, la ferme voisine.

Âgé de deux ans de plus que Mevin, il était grand et fort. Les longues années passées dans la ferme de son père avaient rendu ses muscles gros, son dos large et son teint mat.

Toutes les filles du village n'avaient d'yeux que pour lui et faisaient preuve de beaucoup d'imagination pour se faire remarquer.

Elles fondaient littéralement devant ses grands yeux bleus et son sourire impeccable.

A côté de lui, Mevin étais totalement insignifiant.

Petit, maigre, brun avec des yeux bruns aussi, il n'était pas aux goûts de ces dames. Jusqu'à présent, cela ne lui avait jamais posé problème.

Quand il ne travaillait pas à la ferme, Mevin jouait avec mes frères ou avec les autres enfants du village.

Seulement, les autres enfants du village grandissaient, eux aussi.

Alors que les garçons gagnaient en force et en taille, les filles, elles, gagnaient en tout autres choses, ce qui, à la grande surprise de Mevin, ne le laissait pas indifférent.

Et c'était la même chose pour tous les autres jeunes hommes du coin.

De copines de jeu, elles étaient passées au stade de convoitises aux yeux des jeunes coqs qu'ils étaient.