Chapitre 22-1

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Je ne cherchais même plus à savoir où Connors m'emmenait, ni même où j'allais. Se repérer dans ce dédale se révélait vraiment impossible, en tous cas pour moi. Quand, au détour d'un énième couloir, nous nous retrouvâmes brusquement nez-à-nez avec un homme armé à l'air patibulaire. Il se tenait bien droit, jambes écartées, bloquant efficacement l'accès à la porte se trouvant derrière lui.  J'eus un mouvement de recul instinctif et me retins de justesse de pousser un petit cri. Connors quant à lui, ne sembla pas s'en formaliser et me prenant la main, m'entraina derrière lui sans ralentir l'allure. Nous fûmes pourtant bien obligés de nous arrêter, quand il devint évident que l'homme n'avait aucune intention de bouger.

— Que se passe-t-il Dante, pourquoi es-tu en faction ? L'interrogea Connors d'une voix forte.

— Si vous n'êtes pas au courant ce n'est pas à moi de vous le dire...Commandant. Lui répondit-il d'un ton agressif et railleur, surtout sur le titre qu'il avait lancé comme une insulte. Ce qui ne sembla pas formaliser Connors, mais plutôt l'amuser au contraire.

— Très bien, maintenant que tu as fait ton intéressant...laisses-nous passer, lui ordonna-t-il avec un sourire froid et d'une voix d'où tout humour avait disparu.

— Vous oui, mais elle...j'la connais pas, s'entêta-t-il de sa voix d'homme des cavernes, sans même daigner lui accorder un regard.

Non, ça il me le réservait à moi. Il me dévisageait, de ses petits yeux noirs profondément enfoncés dans ses orbites, comme s'il voulait graver mon visage dans sa mémoire. Je me mis à reculer de quelques pas devant cet accueil tout sauf chaleureux. J'avais beau savoir que Connors ne le laisserait pas me faire de mal, je n'étais pas très à l'aise quand même. Ils semblaient se détester cordialement et « musclor », ne semblait pas briller par son intelligence. Si cela devait dégénérer, je préférais ne pas me trouver au milieu, d'où mon replis stratégique !

— Nous passerons, que tu le veuilles ou non. Alors maintenant écartes-toi de mon chemin, si tu veux éviter d'avoir un aperçu de ce dont je suis capable, lui dit-il d'une voix sourde et menaçante qui me donna des frissons d'appréhension.

Dire qu'il était intimidant aurait été un euphémisme, ce qui devait également être l'avis de « musclor » puisque après quelques secondes d'intenses réflexions, il s'écarta enfin.

— Venez Hayden. Avant que ce prix Nobel ne change d'avis, me dit-il en me tendant la main dans un geste d'invitation.

Je ne la pris pas et me contentais de le suivre, me demandant où il pouvait bien m'emmener comme ça.

— Au fait Einstein ! Si Wade t'a placé là, c'est pour empêcher les gens de sortir et non d'entrer. Donc je serais toi, je regarderai de l'autre côté du couloir, lui lança Connors d'une voix moqueuse au moment où nous franchissions la porte.

Nous étions revenus dans la salle du réservoir. Celle par laquelle j'étais arrivée avec Lynch...la veille seulement, réalisais-je avec effarement. Durant quelques secondes, je m'inquiétais de devoir repasser par tous ces boyaux étouffants...mais non. Connors me rit vivement la main et me fit traverser la pièce au pas de course. Si vite que je trébuchais sur la partie surélevée et faillis tomber. Ce qui ne sembla pas déranger Connors, qui continua son chemin en m'entrainant derrière lui, sans même se retourner. Je pressais donc le pas pour ne pas me faire tracter, un peu surprise par son attitude. Ce manque de sollicitude ne lui ressemblait pas. Nous contournâmes le réservoir branlant par la gauche et nous arrêtâmes brusquement devant une porte, invisible de tout autre endroit de la pièce.

— Désolé de t'avoir pressé comme ça, s'excusa-t-il la main sur la poignée en me regardant enfin. Mais nous ne sommes pas en avance et Gabriel...

— ...ne supporte pas les retards. Terminais-je à sa place d'un ton blasé, montrant que ce que Lynch pouvait penser de moi, m'indifférait totalement.

— Écoutes, je sais qu'il est arrogant et prétentieux...

— ...Ça c'est le moins que l'on puisse dire, ne pus-je m'empêcher de commenter avant qu'il n'ait pu terminer sa phrase. Mais tu as oublié méchant...tyrannique...manipulateur et...

— ...et tu as besoin de lui pour maîtriser ton don, m'interrompit-il à nouveau d'une voix raisonnable et maîtrisée. Alors le mieux serait peut-être de ne pas te le mettre à dos avant le début du test, tu ne crois pas ?

— De toute manière c'est déjà fait...il me déteste, et c'est plus que réciproque. Alors je ne vois pas en quoi arriver à l'heure pourrait changer quelque chose à cet état de fait, lui répliquais-je.

Il ne me répondit pas et, se contentant d'un petit sourire entendu, ouvrit la porte et s'écarta pour me laisser passer.

— Bonne chance, me dit-il alors que je franchissais le seuil.

— Tu ne m'accompagne pas ?

— Non. Toutes ces mesures de sécurités supplémentaires m'intriguent. Il faut que j'aille voir de quoi il retourne. Mais ne t'inquiète pas, je suis sûr que tout va bien se passer. À plus tard, termina-t-il précipitamment avant de refermer la porte derrière moi.

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant