1[2] ▸ pierre de lune

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PARTIE DEUX

   En l'espace de quelques secondes, le silence se fit dans la grande salle. Enfin, silence était un mot à utiliser avec relativité : disons seulement que le bruit incessant avait diminué. Jane se retourna vers la direction de tous les regards et ses yeux se posèrent sur une jeune femme, dansant avec un garçon. La fille était brune et ses longs cheveux coiffés lui retombaient joliment sur le dos, tandis que ses pas étaient légers et gracieux. L'autre quant à lui avait un doux sourire collé au visage, et la lumière se reflétait dans ses cheveux blonds. 

Les deux semblaient légèrement gênés, mais cette gêne se dissipait en même temps qu'ils dansaient au rythme de la musique. Leurs regards étaient ancrés l'un dans l'autre. A l'autre bout de la salle, Jane remarqua le couple royale qui les couvaient d'un regard assurés. C'est alors que la brune percuta : cette jeune femme devait être Mary Stuart, la reine d'Écosse. En conséquence, le blond était le dauphin ; François. 

Lorsque que la première partie de la musique se termina, toutes les personnes présentes se mirent peu à peu à danser à leur tour. Le bal venait officiellement de commencer. Jane n'avait pas encore trouvé de partenaire : en réalité, elle n'avait parlé qu'à une personne et ce n'était pas un prétendant. C'était une jeune femme. Son air perdu avait tout de suite accroché le regard de Jane et elle ne s'était pas trompée : elle c'était trouvée une amie à la Cour. 

Ce qui n'était pas un mince exploit. La jeune femme se tourna vers sa nouvelle amie. 

- Lola, puis-je te poser une question qui pourrait te paraître, disons, absurde ?

- Bien sûr ! Aucune question n'est idiote, sourit l'autre. 

- Je ne sais pas comment se passe les bals. Est-ce à l'homme de proposer à une fille de danser ? Ou seul les couples dansent ? Je... 

- Je ne connais pas encore bien les coutumes non plus, mais il me semble que le garçon demande à la fille. Et que c'est considéré comme une avance, évidement. 

Jane hocha simplement la tête pour remercier Lola. Elle regarda autour d'elle : il n'y avait pas de jeune homme apparemment en chemin vers elles. La brune ne voulait pas être vue d'un mauvais oeil et la majorité de la salle dansait. Elle prit finalement une inspiration et chercha du regard un garçon qui pourrait convenir. Une fois trouvé, elle se força un esquisser un sourire. 

Le regard du blond s'accrocha au sien mais il ne vint pas. Jane se décida alors à utiliser l'un des nombreux conseils de sa tante : et elle remit lentement une mèche de ses cheveux derrière son oreille, sourit une dernière fois en direction du garçon, et regarda finalement ailleurs. 

Cela marcha. Elle le senti s'approcher d'elles et il se racla doucement la gorge pour obtenir son attention. Jane tourna le visage vers lui en gardant son petit sourire forcé. Il prit la parole, souriant lui aussi :

- C'est un fait étrange que deux jolies jeunes filles comme vous ne soyez pas déjà en train de danser. 

La jeune fille se retint de grimacer. Elle n'aimait pas les bonnes manières. Et définitivement, elle n'aimait pas "flirter". Elle retint la vague de panique qui montait en elle mais se recula d'un pas pour que Lola soit bien en évidence. Puis elle répondit :

- En réalité, mon amie aimerait beaucoup aller danser. Elle est juste timide. 

Lola lui donna un coup de coude discret mais garda son beau sourire. Ses yeux étaient fixés dans ceux du blond. Celui-ci rit poliment et demanda alors à Lola une danse. Celle-ci répondit par l'affirmative, laissant Jane toute seule. 

La paysanne en profita pour aller chercher un verre d'une boisson opaque et en but rapidement une gorgée. Ce n'était pas mauvais, vraiment. Elle se mit à observer les danseurs au centre de la salle de bal, détaillant les couples. Elle remarqua de nouveau le dauphin danser avec sa future femme, jusqu'à qu'un brun propose une danse à la jeune reine d'Ecosse : celle-ci accepta. 

Les yeux de Jane détaillèrent ce nouveau venu. Il était forcément important, mais qui pouvait-il être ? Un duc ? Baron ? Soudainement, leurs regards se croisèrent. Il avait remarqué que Jane les observaient. La brune se sentit rougir : pourtant, elle n'était pas la seule à les fixer. Mais elle détourna quand même les yeux.

▽▽▽


  Le temps passait beaucoup trop lentement au goût de la jeune brune. Elle avait dansé deux fois et ne comptait pas danser une nouvelle fois, même si les expériences n'avaient pas été désagréables. Elle n'avait simplement pas envie. Elle chercha sa tante du regard, ennuyée, sans succès. Où était-elle passée ? 

Alors qu'elle décidait de partir à sa recherche, elle senti une présence derrière elle. Elle se retourna, oubliant d'afficher son sourire forcé, et retint un mouvement de surprise : devant elle se trouvait le brun qui dansait avec Mary un peu plus tôt. 

Il esquissa un léger sourire en coin et ses yeux était posé sur la son cou. Il prit la parole :

- J'aime beaucoup votre collier. Je n'ai jamais vu ce genre de pierre - et croyez moins, j'en ai vue passer plus que vous ne pouvez imaginer.

Jane resta coïte pendant quelques longues secondes. Elle se reprit enfin en répondit d'une voix hésitante :

- C'est une pierre de lune. Elle appartient à mes ancêtres. Aujourd'hui, c'est très rare d'en trouver, c'est sûrement la raison pour laquelle vous n'en aviez jamais vu. 

Elle passa délicatement ses doigts sur la pierre et continua :

- Vous voyez la manière dont elle se reflète à la lumière ? C'est unique. 

- C'est magique, la coupa-t-il à moitié. 

- Excusez moi ?, demanda Jane d'une voix moins assuré. 

- Je vous ai repérez tout à l'heure. Votre pierre brillait d'une façon que je ne saurais décrire avec d'autres mots : c'était magique. 

Pour la première fois de la soirée, un véritable sourire se dessina sur les lèvres de Jane. La jeune brune sentait la chaleur monter à ses joues. Cela ne faisait que quelques secondes qu'elle parlait à cet homme et c'était comme si le reste n'existait plus.
Cependant, une lueur passa dans son regard et il sembla se reprendre, comme si l'aborder n'avait été qu'une impulsion. Comme si il regrettait ses paroles. Il se renferma légèrement sur lui même et bougea d'un air gêné. 

Comprenant qu'il allait partir sans rien dire de plus, Jane lui lança : 

- Je m'appelle Jane. Jane Clarell. Et vous ?

Il s'avança d'un pas, mais chercha sensiblement à éviter son regard. Ainsi, il l'abordait d'une étrange manière - lui faisait des compliments, puis la rejetait ? Jane ne comprenait pas. Juste au moment où il sembla se décider à décliner son identité, quelqu'un l'appela au loin. C'était la dauphin : François. 

- Bash ! 

Il en profita pour s'excuser rapidement face à la jeune fille et s'éloigna vers le blond. Jane, toujours pétrifiée, le regarda partir : puis elle posa inconsciemment la main sur son collier. Bash ? Était-ce un nom, ou un diminutif ? Elle aurait aimé savoir. Elle aurait en réalité apprécier savoir qui était ce jeune homme : mais la façon dont il avait réagit l'offensait. Était-elle repoussante ? Pourquoi était-il parti ?

De son coté, Sebastian se maudissait pour son impulsivité. Il avait été perturbé par cette fille et n'aurait pas dû l'aborder en premier lieu : non pas qu'elle soit moins jolie, mois attirante que les autres avec lesquelles il avait dansé auparavant. Mais lorsque qu'il l'avait vu pour la première fois, elle lui avait en vérité semblé magique - comme une sorte d'ange. 

Elle ne ressemblait pas aux autres, elle avait quelque chose : et cela le perturbait. 

Finalement, il décida de l'oublier et de l'enlever de ses pensées, et passa le reste du bal à danser - sans penser à elle.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 23, 2016 ⏰

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