III

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Poque... Poque... Poque...

« - Vous l'auriez vu, elle avait de ces courbes, voluptueuses, son corps a peut-être été tracé par une divinité...»

Poque... Poque... Poque...

Qu'est ce que je fais encore là moi, je ferais mieux de partir avant qu'il se mette à détailler un peu plus.

« - Ses lèvres... Vous ai-je parlé de ses lèvres ? Une si délicieuse couleur rosée. Mon dieu, quelle bouche ! »

Poque... Poque... Poque...

Je devrais les ignorer, de toutes les manières c'est ce que font les adolescents normaux, non ? Parler de copulation à longueur de journée, de qui est-ce qui n'est plus puceau, et j'en passe.

« - Satané garce, je n'arrive plus à me la sortir depuis ce soir là, je vous assure les gars, faut que je retrouve son p'tit nom, une petite rousse, vous devriez savoir qui c'est non, c'est une habituée ! »

Poque... Poque... Poque...

Que devient le respect envers les femmes ? Savent-ils que leurs propres mères sont des créatures possédant une fleur génitale ? Aller Harry, termine ta bière, paye et casse toi, ne t'en mêle pas. Mais que dis-je, t'en es même pas capable, tu ne sais même pas aligner deux mots même à ton psychologue, qu'est-ce que tu me chantes ? Assis toi et reprends toi une bière, tu sais si bien agiter ta bouteille, tu le fais si bien, bien mieux que parler. Puis laisse cette putain de capsule tranquille.

« - J'ai son nom sur le bout des lèvres ! Aller les gars, aidez moi ! Vous la connaissez fortement, une chevelure rousse, des petits yeux marrons, je crois, enfin vu qu'ils sont tout le temps rouges je sais pas ce qui est écrit sur son passeport, avec des poches de trente huit kilomètres dessous, on ne se doute pas vraiment de la raison de leur place. Aller les gars, tous les étudiants lui sont passés dessus vous devez forcément la connaître, son copain est celui qui nous la présente...»

Le serveur plaça une nouvelle bouteille de se mélange d'orge devant le jeune propriétaire des deux belles prunelles émeraudes, il avait essayé de le cerner, comme il le fait avec tous ses clients car c'est un peu ça aussi le travail de barman, trouver la raison pour laquelle la personne se "met sa race" comme il aime si bien dire, mais c'était en vain avec celui-ci.
Au départ, ça l'avait fortement frustré qu'il ne lui adresse aucun mot, le vieux écossais avait même émit l'hypothèse que le jeune était sourd et muet, alors il avait passé ses rares pauses à étudier quelques phrases du langage des signes, mais ça n'avait encore une fois servit à rien. Le propriétaire du bar avait aussi pensé qu'en lui offrant des bières, le bouclé allait s'ouvrir ou au moins lui dire son prénom, mais même en lui demandant sa carte d'identité pour vérifier l'âge légal, qu'il n'avait évidemment pas, le jeune n'avait pas opiné, ou simplement tenter de se justifier. Le propriétaire des longues jambes avait simplement sortit sa carte, l'avait présenté, sans un regard. Et sa bière ne fut jamais retiré, et désormais une sorte de routine s'était installée entre les deux personnages, quand le craquement de la porte retentissait dans le vieux pub à dix sept heures, une bière était placée, pas encore décapsulée, sur l'extrême gauche du bar en vieux bois de chêne. Le vieux monsieur n'avait pas lutté plus longtemps malgré ces nombreuses nuits -matinées en réalité- de sommeil en moins causées par un profond questionnement, il était désormais content d'obtenir un regard de ce grand gaillard pour qui il éprouvait une certaine affection.

« - Hé toi le vieux ! Une autre tournée de bière ! Tu mettras ça sur l'ardoise du doyen de l'université, vous savez, ce mec si cool, ah oui ! C'est moi ! »

Ploque... Ploque... Ploque...

Le vieil écossais se crispa légèrement à l'entente de ce surnom mais surtout quand les dernières paroles vaniteuses de ce gosse de riche vinrent à ses oreilles.

Quel qualité d'air respire un doyen d'université ? Le mélange pollution, pot d'échappements Londoniens ? Très grand cru.

Ploque... Ploque... Ploque...

Cling !

« - Tiens donc, mais qui voilà ! Viens te joindre à nous poupée, il ne manquait plus que toi pour amuser la galerie, regardez cette bouche les amis, vous pourrez tous vous réchauffer dedans, patience mes agneaux, je suis premier en tant que doyen, attendez je vais la ramener, donnez moi quelques minutes et elle se joindra à notre table, personne ne me résiste.  »

Ils ne peuvent pas autant manquer de respect à une personne en plus de cela, en sa présence, si ?

Le propriétaire des boucles brunes changea ses habitudes, cette nouvelle personne avait un peu trop piqué sa curiosité mais avant qu'il ne puisse faire quoique ce soit, un tabouret vola suivit de nombreuses chopes de bière plus ou moins vides, qui traînaient sur le bar. Sa curiosité fut d'autant plus mise à l'épreuve, Harry se retourna alors en direction de l'origine de tout ce vacarme. Sa surprise fut d'autant plus grande de voir le vieux jeter tout ça que la beauté de sa fille, supposons que ça soit cela sinon il ne s'énerverait pas. Le groupe d'étudiants s'en allèrent en courant, quand l'écossais sortit sa carabine et la pointa en leur direction.
La scène avait regroupé un petit groupe de personnes, qui étaient plus ou moins choquées, mais surtout bien amochées par la "fièvre du samedi soir" qui vise à enfiler le plus de mélange d'orge possible.

Après une quinzaine de minutes, la soirée reprit son train, Harry récupéra sa veste sur le modeste porte-manteaux situé à l'entrée de ce pub aux allures chaleureuses, et il s'enfonça dans les rues sombres de la capitale, pour une très longue marche dans une nuit très noire et froide.

Quand il fut partit, un nouveau personnage fit son entrée, le professeur de théâtre qui passait par là plus tôt dans la semaine après avoir effectué quelques emplettes, l'avait remarqué et avait décidé de l'observer. Il admirait sa carrure. C'est le vendredi que le propriétaire des orbes océaniques comprit qu'il soutirerait peut être quelques informations sur le bouclé auprès du barman, et ce soir, c'était le bon soir, c'est donc le pas décidé que le petit homme se dirigeait vers le bar.

« - Excusez moi, vous voyez le jeune homme qui est toujours assit là, que pouvez vous me donner comme information sur lui, je vous payerais si il le faut, c'est très important. »

Le vieux monsieur s'était contenté de ricaner.

« - Et bien mon garçon, même si tu suis ce grand gaillard pour au moins connaître son adresse, il saura que tu le suis et te feras tourner en rond jusqu'à ce que tu te lasses, il a toujours un coup d'avance, je sais pas comment il fait son truc, j'ai tenté plusieurs soirs après mon service, c'est jamais cohérent, il prend jamais les mêmes chemins, puis au bout d'un certain temps tu le perds. Je connais rien de lui, ni même le son de sa voix, je connais simplement son prénom, et son âge, ça s'arrête là. Je serais toi, je m'arrêterais là dans mes recherches.
Maintenant mon garçon, tu m'excuseras mais des bières attendent d'être bu. »

Et c'est un plateau à la main que le vieil écossais s'en alla au fond de la salle noire de monde à cet horaire là, une heure et demi du matin.

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Je suis désolée de l'attente comme d'habitude, ça doit certainement être bourré de fautes mais j'espère que ça vous plaira, j'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre un peu sombre.

Douce nuitée.

- C.

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⏰ Dernière mise à jour : May 20, 2016 ⏰

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My theater teacher. | l.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant