Chapitre 1

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Je regarde, effarée, ma mère assise sur mon lit et mon beau-père debout à coter d'elle. Il me fixe d'un oeil noir tandis que ma mère tiens fermement le portable entre ses mains. Mon portable. Je prend quelques secondes à réaliser ce qu'il est en train de ce passer.

- Non ! criais-je. Vous n'avez pas le droit !

Je m'avance pour récupérer mon téléphone, mais Nicolas m'en empêche. Il me bloque, et me dévisage de toute sa hauteur.

- Je ne veux pas d'une gouine sous mon toit, tu dégages ! cri-t-il en pointant la porte du doigt.

Morte de trouille, je recule d'un pas. Dans une si légère tenue, je me sens en insécurité totale. Je regarde ma mère, cherchant désespérement du soutiens auprès d'elle, mais elle se contente de fixer une photo. Une photo de Nora. Une photo intime de Nora.

J'arrive à peine à réaliser. Les centaines de messages, les photos... ils ont tout vu. Mais pourquoi ? et comment ? Pourquoi ont-ils fouiller mon portable ? Comment ont-ils trouver le mot de passe ? J'ai l'impression d'avoir été violer... C'est ma vie, MA VIE. C'est privé, je repense à toute ces conversations que je voulais garder pour moi, rien que pour moi, ces photos que je n'aurais jamais montrer à personnes ; ils les ont vus.

- Sort !

Nicolas m'attrape par le bras et me force à le suivre. Il crit, encore et encore, je me débat mais, dans cette tenue si légère, une simple putain de serviette, j'arrive à peine à bouger. Je fais tout pour le ralentire, et en même temps j'essais de faire en sorte que la serviette ne tombe pas. Il nous fait dévaler les escaliers. A mon tour, en voyant la porte approcher, je cris à l'aide à ma mère.

Elle me regarde les larmes au yeux. Je veux courir vers elle, qu'elle me prenne dans ses bras, qu'elle dise à Nicolas que c'est à lui de partire.

- Maman ! maman aide moi ! criais-je de toute mes forces alors que Nicolas me poussais brutalement contre la porte.

Aussi brutalement, il me tire par le bras et ouvre la porte. Non, je ne veux pas être mise dehors, pas dans cette tenue, pas maintenant, pas comme ça... Ca n'aurait dus jamais arriver. Je m'accroche le plus possible, j'essais de croiser une dernière fois le regard de ma mère, mais les larges épaules de Nicolas m'en empêche. D'un coup brusque, je me retrouve à genoux sur le trottoir.

Je sens les petits caillous me rentrer dans les genous et dans les paumes. J'essais de contrôler ma respiration. Il fait froid, tout d'un coup. Je sens un courent d'air là où, habituellement, il fait bien chaud. J'essais tant bien que mal de me relever en dévoilant le moins possible. Cette serviette ne m'a jamais parru aussi petite. Je sers les jambes et tiens la serviette au périls de ma vie. Je me met à toquer à la porte comme une dingue, enchaînant coups sur coups. Je sens les larmes couler sur ma joue, à moins que ça ne soit mes cheveux qui goute...

- Maman ! Maman ouvre moi ! criais-je en pleurant.

Après quelques secondes, toujours aucunes réponses. A la place, des vêtements tombent du ciel. Je vois Nicolas jetter mes vêtements pas la fenêtre. Tout mes vêtements.

- Arrête ! hurlais-je de toute mes forces. Nicolas je t'en supplie arrête, je ferais tout ce que tu veux mais ne fais pas ça !

Je n'arrivais plus à parler. Ma gorge était sèche comme le désert du sahara. Ma gorge me brûlait. En réponse, Nicolas balança un énorme sac de sport, celui dont je me servais quand on partais en vacance. Dans la seconde qui suis, je vois mes culottes volés.

- Arrête ! m'époumonais-je une dernière fois avant de m'effondrer au sol en pleure.

Impossible de me contrôler. J'étais prise de convulsion alors que mes pleures coulaient à flots. Impossible de m'arrêter, de surcroit mes yeux me grattait.

- Arrête de pleurer Junon... C'est pas le moment... me répaitais-je encore et encore.

Par je ne sais quel miracle, je réussis à stopper mes larmes, du moins le temps de ranger mes affaires étaler sur le trotoire. Je prends une culotte et je prie pour qu'aucun voisins ne regarde par la fenêtre pendant que je l'enfile rapidement. Je fait pareille avec un jean pris au hasard et un t-shirt sans mettre de soutiens gorges. Je prend ensuite le sac, et le fouille un peu. J'essuis mon nez qui coule avec ma manche, à défaut d'avoir autre chose. Je trouve quelques pièces... 1euro et 20 centiments. C'est déjà ça.

J'attrape mes vêtements, secoues ceux salis et les fourres dans le sac. Je dois forcer pour que tout rentre. Avec surprise, je vois qu'il a aussi balancer mon sac de cours. J'ai soudain un flash back, et mes larmes recommence à couler. Avec peine, j'essuis chacunes d'entre elles qui parvient à franchire mes paupières avant de me relever, le sac de sport en bandouillère et mon sac de cours à la main.

Je suis une lesbienne de seize ans mise à la rue par ses parents avec un sac de vêtements, son sac de cours presque vide et riche d'un euro vingt.


Micro-Ombre [girlxgirl]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant