chapitre 12

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J 58 Serial dragueur.

Dimanche 26 octobre - Astoria - 10h.

Cassandra commençait à déchanter. Depuis la veille au soir, Meryl était sur un petit nuage, Ethan par ci, Ethan par là. Si au début, elle s'était réjouie que sa colocataire ne passe pas la soirée à se morfondre pour Dylan, elle commençait à trouver la situation gênante. Il ne manquait plus qu'elle tombe amoureuse d'un autre. Fort heureusement, il était peu probable que ce Ethan la recontacte. Ce devait être un serial dragueur qui appréciait éblouir les nanas un peu perdues pour se sentir irrésistible. Cassie finit son second café en tentant d'ignorer les babillages de Meryl, « il est élégant », « il dit que la Thaïlande est magnifique et spirituelle », « Ethan dit que dans son métier le plus important est d'être à l'écoute du patient », « il pense que nous devrions tous nous investir dans la vie communautaire »... Décidément, ce Ethan elle l'avait vraiment dans le pif! Il lui avait gâché sa matinée farniente depuis que Meryl se comportait comme une puce hyperactive survitaminée!


Meryl récita à nouveau le déroulement de sa soirée, minute par minute. Elle ne voulait oublier aucun détail. Elle espérait quand pensant positif, elle attirerait les bonnes vibrations et qu'il l'appelerait. Elle essayait de se convaincre qu'elle lui plaisait, il avait été charmant et prévenant, mais elle ne cessait de se rappeler qu'il ne l'avait pas embrassée. Lui avait-elle envoyé un mauvais signal inconsciemment? Elle aurait du faire le premier pas! Angoissée, elle sursauta quand Cassie lui ordonna d'arrêter de se ronger les ongles. Pourvu qu'il appelle vite! Elle n'allait pas tenir une semaine à ce rythme. Comme par enchantement, son téléphone vibra. Elle sauta dessus comme un fauve sur sa proie. C'était lui! Elle sautilla de joie, le coeur dansant un tango. Il lui proposait de l'accompagner à une brocante au coeur de Tribeca, puis dans un célèbre salon de thé. Il savait qu'il était censé attendre quelques jours avant de la recontacter mais il n'avait pas su résister. Cassie n'eut pas le temps de lui conseiller de se faire désirer, elle avait déjà répondu. Meryl et son portable était définitivement plus rapide que Lucky Luke et son revolver. Il était dépassé le pauvre vieux.

Meryl fila dans sa chambre, dénicher la tenue idéale alors que Cassie se tapait le front. Elle ne lui avait donc rien appris? Ne pas s'enflammer. A en juger par la tenue qu'avait choisie Meryl, elle devait être un très mauvais professeur. Même les mamies avaient des tenues moins vieillottes. En soupirant, elle alla récupérer une robe tailleur émeraude qu'elles avaient achetée quelques semaines auparavant.

Trépignant, la jeune femme sauta dans sa robe et posa mille et une questions à Cassandra. Que devait-elle dire? Ne pas dire? Comment savoir si elle lui plaisait? ... Cassie en avait le tournis. Où était donc passer son phasme dépressif?

Ethan l'attendait à la sortie du métro. En chemise et en jean, il était impeccable. Meryl se dit que si tous les médecins avaient un physique tel que lui, cela ne la dérangerait pas d'être plus souvent malade. Voilà qu'elle se mettait à penser comme sa colocataire. Quelle horreur! Ethan n'était pas un morceau de viande.

- Salut, dit-elle en s'approchant, se sentant empotée.
- Salut, lui répondit-il la voix rauque.
Il ne fit pas un seul mouvement jusqu'à ce qu'elle soit à ses côtés. Il se pencha pour l'embrasser sur la joue, ce qui la fit rougir comme une adolescente. Il avait les lèvres incroyablement douces et il sentait le musc.
- On y va? proposa-t-il en posant sa main dans son dos pour la guider.
Meryl était émerveillée. Elle s'arrêta à presque tous les stands. Heureusement, Cassie avait eu la bonne idée de lui confisquer son argent. « Je ne veux pas d'une autre babiole moche, c'est mauvais pour mon yin » avait-elle décréter les poings sur les hanches.
Bon joueur, Ethan la suivait avec patience et lui donnait son avis sur toutes les pièces qu'elle lui désignait. Alors qu'elle était absorbée par une sculpture complexe, il lui offrit une horloge avec une ballerine en verre - elle avait pratiqué la danse classique pendant des années. Elle fut émue qu'il se rappelle de ce détail.

- C'est purement égoïste, déclara-t-il quand elle le remercia. Comma ça, je suis sur que tu penseras un peu à moi.

Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, mais elle n'avait pas osé. Elle se contenta de le prendre par la main pour l'entrainer vers un nouveau stand. Sa paume se réchauffa à son contact, la sensation était bien plus agréable qu'elle n'osait se l'avouer. Elle se demanda si les passants pensaient qu'ils faisaient un beau couple. Tirée de sa rêverie par un bébé qui se mit à pleurer, elle se jura de ne pas mettre la charrue avant les boeufs. Elle sortait à peine d'une déception amoureuse, elle ne voulait pas se faire de faux espoir.

Attablée dans un salon de thé, Meryl fut stupéfaite quand trois serveurs leur apportèrent toutes les variétés de mignardises disponibles à la carte. Elle contempla le jeune homme en quête d'une explication. Devant sa mine étonnée, il éclata de rire et défit tranquillement sa serviette.

- Tu m'as dit hier soir, que tu n'étais jamais venue ici. Je me suis dis que pour une première fois, il fallait que tout soit exceptionnel. J'ai appelé ce matin pour être sur que toutes leurs spécialités te seraient servies, expliqua-t-il en souriant tendrement.

- Merci, souffla-t-elle en baissant les yeux.

Elle examina scrupuleusement les pâtisseries, se demandant par laquelle commencer.

- Si je peux me permettre, tu devrais essayer cette assiette, lui conseilla-t-il en lui tendant un petit plat rose et argenté, surmontée d'une tartelette aux pignons et au miel d'acacia.

La dégustation se passa sur le même ton. Ethan lui recommandait les mets à savourer tout en lui expliquant leurs origines. Attentif, il guettait la moindre de ses réactions. Meryl se sentait étonnement choyée. Il la contemplait avec chaleur, s'enquérant de tout ce qu'elle souhaitait voir à New York. Quand elle mentionna Broadway, il lui proposa de l'emmener à une représentation le samedi suivant.

- Alors, tu m'accompagnes? demanda-t-il.

- Tu aimes les comédies musicales? le questionna-t-elle quasi simultanément, ce qui le fit rire aux éclats.

- Non, pas vraiment pour être honnête, chuchota-t-il d'un air conspirateur. Il lui fit signe de s'approcher. Elle se pencha vers lui. Mon oncle fait partie du directoire et il m'offre toujours des billets pour que je lui donne mon avis. Avec toi à mes côtés, la soirée sera nettement plus intéressante. S'il te plait.

Elle rougit jusqu'à la racine de ses cheveux et se mordilla la lèvre

- C'est entendu. Elle se retint à grande peine d'exploser de joie.

- Bien!

Sur ce, il demanda l'addition et la raccompagna jusqu'à la station de taxi. Il ne voulait pas qu'elle prenne le métro seule et elle n'était pas prête à ce qui la ramène chez elle. Alors qu'elle ouvrait la portière, il lui bloqua le passage de son bras. Ne quittant pas ses yeux du regard, il se pencha sur elle, jusqu'à ce que son parfum inonde la jeune femme. Souriant, il déposa un baiser sur ses lèvres.

- J'ai hâte de te revoir! Je pourrais t'appeler cette semaine?

Meryl acquiesça maladroitement, encore bouleversée par la sensation de son souffle sur sa peau et de ses lèvres sur les siennes. 

La mission secrète de Cupidon Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant