Les épines

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Le jour où nous sommes parti il faisait beau. Quand nous sommes arrivés j'étais surpris de voir une épaisse forêt de conifères. J'avais imaginé des feuillus, comme dans mon livre de science. Mais elle, elle était sombre, vaste et infinie, infinie, infinie...

J'avais le sentiment que je n'allais jamais en ressortir. Que tous mes efforts pour m'en évader me mèneraient à m'y enfoncer plus profondément.

Je dormais dans une tente à quelque mètres de mes parents.

«T'inquiète pas mon gars. Y'a aucun danger. Y'a pas d'ours, pas de loups et pas de monstres.»

Mon père me parlais comme si j'avais 5 ans.

Je croyais que mes problèmes étaient partis sans moi. Mais ils m'avaient suivis.

Les murmures se faisaient plus forts. La nuit tombée, j'entendais des petits rires narquois. Les voix me chuchotaient de les suivre.

J'étais déterminé à découvrir leur origine alors je suis sorti de ma tente. Je m'enfonçais profondément dans la forêt. J'avais l'impression d'être une brebis sans défense sous le point de se faire dévorer par le grand méchant loup.


J'avais peur.


Tout à coup je vis les milliers de petits yeux étincelants qui m'encerclaient.

Mon cœur battais si vite. J'avais l'impression qu'il allait bondir hors de ma poitrine.

Une petite créature abominable sortit de nulle part. Elle était maigre et grisâtre avec de grands yeux noirs. Elle me faisait un sourire de ses nombreuses dents pointues et aiguisées. L'adrénaline me monta à la tête et je couru vers le campement alors que mes chevilles étaient si faibles de peur. Elles me suivaient toutes, ces bêtes atroces. J'étais comme un steak juteux qu'on lançait à une horde de hyènes affamées.

D'un coup, j'avais l'impression d'être au ralenti, d'être impuissant.

Comme quand on fait tomber un verre et qu'on ne peut rien faire pour l'empêcher d'éclater sur le sol.

On le regarde simplement chuter en anticipant la suite.

Je criais à pleins poumons.

«Non! NON! Non! Non...»

J'avais comme un poids sur les épaules et je sentais mes jambes faiblir. L'air était lourd et étouffant.

J'allais me cacher derrière un rocher mais je m'évanouis.

Tout était noir. Je n'arrivais pas à ouvrir les yeux, mais j'entendais pourtant des voix en écho.

J'ouvris finalement mes paupières avec difficulté.

«On t'a entendu crier! Mon père m'a dit.

Ça va...» Je répondis.

Après qu'ils soient partis faire je ne sais quoi, je sentis une douleur sur mon épaule gauche.

Je découvris ensuite que j'avais une morsure profonde.

Un quart d'heures plus tard ma mère me sortit avec angoisse : «On reste pas plus longtemps, cette forêt là... Elle- » Je vis un gros bandage ensanglanté sur son bras.

Elle ne finassa pas sa phrase et sortit dehors m'attendre dans la voiture.

Nous ne sommes plus jamais retournés faire du camping. Nous n'avons plus jamais parlé de ce jour là.

Ils ont sûrement oublié.

Je n'entends plus ces voix mais un sentiment intense de paranoïa me suit toujours...


Je suis mort en étant vivant.


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