Mon monde à moi

Chapitre 1

Avachie sur la chaise du bureau de Papa, je louche sur les touches de la machine à écrire disposée face à moi.
Je jette un œil à l'horloge fixée au mur gris. 15h35. Cela fait vingt minutes que je suis assise. Vingt minutes que je joue avec mon crayon de bois. Ving minutes que je tente d'écrire une histoire. Mais toujours rien.
Je soupire avant de gober un énième mini Chamallow, acheté de ce matin à la boulangerie de Saout Avenue.
Soudain, quelqu'un frappe à la porte. Je me redresse, rajuste le col roulé de mon pull et questionne :

- C'est qui?
- Grace.

Celle-ci apparaît dans le bureau de Papa, plus resplendissante que jamais, comme à son habitude.

- Je vois que tu es en mode... Travail, constate ma soeur en faisant allusion au sachet de guimauves à moitié entamé, à mon chignon flou -bien que je déteste attacher mes cheveux- et aux lunettes rondes que je porte.

Je les mets très rarement: quand je fais mes leçons ou quand je regarde la télé.

- Ouais, j'écris. J'explique à ma sœur. Enfin, j'essaie.

Grace s'approche de moi, la semelle de ses Van's couinant sur le parquet. Elle pose affectueusement ses mains sur mes épaules.

- Tu n'as rien écrit, s'étonne ma sœur. Tu n'as pas d'inspiration?

Je secoue mollement la tête avant d'écraser mon front sur le bureau en bois.
Quand je pense que ce matin, je me suis réveillée en chantant en duo Work avec Rihanna. J'ai ensuite enfilé une tenue que j'ai baptisé " Intello vintage" composée d'un pull à col roulé blanc, d'une salopette courte et de derbies à gros talons que j'ai "emprunter" à ma sœur aînée. Et pour compléter le tout, je me suis attachée les cheveux et ai ressorti pour l'occasion mes petites lunettes.
Tout ça pour au final manger des Chamallow et faire des boulettes de papier que je jette directement à la poubelle.
Grace imagine qu'on peut écrire un chef d'oeuvre comme ça, en claquant des doigts. Ça serait tellement plus simple.

- Au lieu de moisir ici, tu ne voudrais pas plutôt sortir? Propose gentiment ma soeur.

Je relève la tête et esquisse un sourire.

- Bonne idée.

Je quitte ma chaise et m'empresse de sortir. Je me souviens alors que je porte des derbies à gros talons qui ne m'appartiennent pas.

- Lenie va te tuer! S'exclame Grace avec un sourire.
- Je sais. Je rétorque.

Je retire l'élastique de mon chignon et mes cheveux roux retombent sur mes épaules tel un rideau.
Puis je sors de la maison, pressée de retrouver ma meilleure amie. Je suis tellement heureuse que je trottine sur la route en chantonnant.

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