Introspection

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J'erre dans le dédale de mes illusions. Je crois aimer, quand je crée et mens. Je crois connaître, quand j'invente et affabule. Je tente de me raccrocher à la moindre sensation, le moindre sourire. Je sens en moi l'éveil d'une passion insoupçonnée, que je reprends et reprise, en brodant de mes mains habiles le noir, le noir de mon cœur.

Et bien vite, le mirage se brise et broie mes sentiments qui s'émiettent aussi vite qu'ils s'étaient créés. C'est dans ce tissage absurde mêlant fugaces impressions, exaltations, mensonges, retours au calme, que je flotte, moi la nageuse au corps fragile. Je tente d'esquisser une trajectoire douce, sans trop d'abîmes, pour ne pas trébucher dans les ornières de la vie. Je nage en surface, je n'explore jamais les profondeurs. Ces fonds obscurs m'effraient ; ils me sont trop inconnus pour que j'ose m'y aventurer.

Alors, près du ciel et du constant horizon, je garde la tête hors de l'eau, tout en créant un essaim de sensations qui fourmillent dans mon crâne, tentant maladroitement d'atteindre mon cœur balbutiant.

Pourtant, je sais qu'un jour ces sentiments-là, erronés et creux aujourd'hui, sonneront justes ; qu'ils me plongeront dans les profondeurs de l'océan de ma vie. Je sais qu'un jour, j'explorerai toutes ces choses que je crains et désire en même temps, être contradictoire que je suis.

Mais au fond, qui ne l'est pas ?

CorpusculesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant