Lynn

You are not alone anymore

Une semaine à peine après son arrivée, Aaron décida d'annoncer son homosexualité à Lynn. Il ne voulait pas lui cacher. Il ne voulait pas qu'elle se retourne contre lui plus tard et se dit que si cela devait arriver, il valait mieux que ce soit avant qu'il s'attache vraiment à elle. Il voulait qu'elle le connaisse vraiment, et pour ça, il devait lui dire.

Lorsqu'ils se retrouvèrent après les cours, Aaron lui dit simplement sur un ton neutre «Je suis gay ». Un éclair de surprise passa dans les yeux de Lynn. Voyant qu'elle ne savait pas quoi dire, il repris la parole : 

—Mon père m'a chassé de chez moi lorsque je lui ai dis que j'étais en couple avec un garçon. Je vais habiter ici jusqu'à la fin de l'année scolaire au moins. J'attendrai qu'il se calme, et puis je rentrerai à Aberdeen.

— Et ta mère ? Et ton copain ? Tu as tout quitté seulement parce que ton père  n'est pas d'accord avec ton orientation sexuelle ? s'insurgea alors Lynn.

— Ma mère n'a pas réussi à se dresser contre la décision de mon père. Comme toujours. Quant à mon petit ami, il m'a quitté juste avant que je parte. Il pensais que notre relation ne résisterait pas à la distance. C'est sans doute mieux comme ça. Le plus dure a été de quitter mes sœurs. Elles me manquent déjà beaucoup.

 Plus Aaron avançait dans son récit, plus Lynn avait envie de l'aider, de lui dire que les choses pouvaient s'arranger et qu'elle allait l'aider. Elle avait l'impression qu'il fallait qu'elle le prenne dans ses bras. Pour lui montrer qu'elle était là pour lui, prête à le soutenir. Quand il eu fini de parler, c'est donc ce qu'elle fit. Aaron eu un petit moment d'incompréhension mais il finit par la prendre dans ses bras en retour.

"Je suis là pour toi" glissa Lynn à l'oreille d'Aaron. "Et je le suis pour toi" répondit-il le sourire aux lèvres à sa nouvelle amie. Ce soir là, ils eurent du mal à se quitter tant ils avaient de choses à se dire.

Ils s'étaient bien trouvé. Même s'ils ne s'y attendaient pas vraiment au départ et malgré leurs caractères plutôt contradictoires, ils avaient beaucoup de points communs.

Dans les semaines qui suivirent, ils passèrent beaucoup de temps tout les deux. Ils déjeunaient ensemble au lycée, s'asseyaient côte à côte en cours, se retrouvaient le week-end devant un film, affalés sur un canapé. Aaron apprit à Lynn quelques accords de piano. Lynn fit lire à Aaron certains de ses textes.

Il passaient tout leur temps ensemble mais ils trouvaient toujours quelque chose à se raconter. Et quand ils ne savaient pas comment exprimer ce qu'ils pensaient, un regard suffisait pour qu'ils se comprennent. Ils étaient devenu très fusionnels en très peu de temps.

Mais ils avaient beau être très proches, ils savaient qu'il ne se passerait rien entre eux. Et ça leur convenait parfaitement.

Tout les deux rendaient la vie de l'autre beaucoup moins maussade. Aaron se sentait vraiment soutenu et le temps passé avec Lynn compensait le manque de voir sa famille. Lynn avait reprit gout à la vie. Elle était enfin heureuse. Elle abordait l'avenir différemment, s'imaginait un vie heureuse et apprenait à vivre pleinement l'instant présent.

Aaron était plutôt protecteur avec Lynn. Il la considérait comme sa soeur.

Un jour, alors qu'elle marchait pour aller en cours, elle sentit son téléphone vibrer dans sa poche arrière.

Aaron: "Marche la tête haute petite sœur. Montres aux autres que tu es intouchable."

Lynn: "C'est quand même plus facile de regarder ses pieds..."

Aaron: "C'est sûr, ça évite de marcher dans la merde. Mais si tu lèves la tête, tu la vois arriver de plus loin et tu peux l'éviter plus facilement."

Elle sourit, releva la tête pour chercher où il se trouvait, et quand elle le vit de l'autre côté de la route, traversa pour aller le rejoindre. Il sourit également, lui fit la bise chaleureusement, et ils continuèrent leur chemin côte à côte.

Lynn avait arrêté de frôler les murs. A présent, elle marchait la tête haute et elle souriait aux passants dans la rue. Les gens au lycée ne la connaissaient plus comme "la fille triste, bizarre et seule". Elle n'était plus triste, plus seule. Elle était peut-être toujours un peu bizarre, mais au fond, elle n'avait jamais voulu qu'il en soit autrement.

Mais alors qu'elle connaissait enfin la joie, le simple fait de rester en vie lui devint quelque chose d'impossible. Un objectif inaccessible...