Bégin.

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Dix minutes qu'elle était assise face à moi sur ce tabouret bancal taché de peinture en tous genres. Je ne savais toujours pas par où commencer. Sa beauté me captivait. Elle était assise, là, sagement, les mains posées sur ses genoux nus comme une petite fille qui attendait qu'on lui offre un bonbon. J'avais pu remarquer que ses ongles étaient parfaitement manucurés d'un joli bleu cobalt.

En plongeant mon regard dans ses yeux, je me suis remémoré une citation d'Henry Becque : "je suis fou de tes yeux qui n'ont d'autre défaut que leur innocence". Dans un élan d'excitation, j'attrapai mon fusain et me mis à l'œuvre. La forme de ses yeux accentuée par les coins de ses yeux qui tombaient vers le bas avait pris forme sur mon feuillet. À l'aide d'un crayon dur, je m'attaquai à ses pupilles. Deux magnifiques diamants que vous avez envie de protéger de toute personne mesquine qui pourrait faire couler des perles salées. J'estompai légèrement afin de donner quelques ombrages. Je poursuivis avec ces longs cils noirs comme le plumage d'un corbeau. En commençant par de simples traits fins puis des traits plus froncés pour leur rendre leur côté volumineux. Je continuai avec ses sourcils circonflexes à la Marilyn Monroe. Ils étaient épais toujours d'un noir intense mais parfaitement bien dessinés. Son nez parsemé de taches de rousseur et je terminai mon esquisse par sa bouche pulpeuse légèrement boudeuse avec quelques ombrages et les contours durs pour donner ce côté réaliste.

Une fois fini, je regardai mon dessin peu satisfait. Il manquait quelque chose : des couleurs.

J'attrapai mes tubes d'acrylique et à l'aide de mes pinceaux, j'étalais mes teintes. Du gris argent, vert asperge et ambre jaune pour ses yeux. De l'incarnadin et du rose dragée pour ses lèvres. Du mordoré pour ses taches de rousseur et de l'alezan mélangé à du beige pour sa magnifique mélanine. Le portrait entièrement fini, je le tendis à Rainy qui le scruta dans tous les sens. Sa bouche formait une petite moue comme si elle était à la recherche du mot qui pourrait qualifier le dessin qu'elle tenait entre ses mains. À vrai dire, cela m'angoissait littéralement.

"Alors ?" Lui demandais-je impatient de savoir ce qu'elle en pensait. Elle sursauta légèrement sûrement surprise par le timbre de ma voix qui était un peu grave. Je lui fis un sourire en coin comme pour lui dire "désolé".

Il n'y a pas de mots pour définir cette esquisse époustouflante, Begin !





*Begin n'est pas le nom du narrateur. Rainy l'a nommé ainsi, car elle trouve que son style se rapprochait à celui de Cynthia Coulombe Bégin qui est une artiste-peintre originaire de Québec dont j'aime bien les œuvres. Merci à __Lyra pour son aide.

*Chapitre corrigé.

RAINY.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant