Chapitre 3

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J'avais promis à Summer de jamais la laisser toute seule. Au final, c'était elle qui m'avait laissé toute seule. Qui se serait douté que de nous deux, c'était elle qui allait périr... J'étais celle qui prenait le plus de risques, celle qui bravait chaque jour la mort et j'étais celle qui restait... Une fois de plus, je me levai avec la seule envie de me recoucher. Je n'avais pas parlé à ma grand-mère depuis que je l'avais agressé hier puis de toute façon, je ne voyais pas ce qu'il y aurait à dire. Tout avait déjà été dit.

Quand je descendis l'escalier, ma grand-mère était de nouveau avec ses papiers. Elle perdait son temps avec tout ça. Jamais, elle ferait régner la paix ici. C'est impossible. Il fallait des créatures du bien mais il en fallait aussi du mal. C'était l'équilibre des choses. Du moins, c'était l'équilibre jusqu'à il y a peu de temps... Je passai directement dans la cuisine en faisant comme si je ne l'avais pas vu. Aujourd'hui, j'avais de nouveau séance de psy et ça me soulait déjà rien que d'y penser. Encore une heure que je vais perdre pour rien du tout.

- Je voulais pas te pousser à bout, hier.

J'avais bien entendu ma grand-mère arrivée mais je n'avais pas levé un cil. Je continuai à vérifier le contenu de mon sac pour être sûre de rien n'avoir oublié mais bon, c'était inutile vu que je prenais jamais rien dans mon sac et ma grand-mère le savait très bien.

- Silver, tu vas pas me faire la tête toute l'éternité quand même. Surtout si on doit vivre dans la même maison.

Alors là, on voyait bien que ma grand-mère me connaissait pas ! Je pouvais faire comme si elle n'existait pas pendant des années voire des siècles si je le voulais ! Ma force de volonté est très forte. Puis après tout, je pourrais aussi aller vivre ailleurs. Pourquoi tout le temps rester avec elle ? Mais bon, je le ferais pas. Elle m'avait accueilli ici alors que rien ne l'y obligé.

- Tu vas voir ta psychologue, je crois bien. Tu devrais lui parler Silver.

Je claquai mon poing sur la table et grognai entre mes dents :

- Ne remets pas ça sur le tapis. Je veux pas lui parler, c'est tout !

- Bien, bien. Pas la peine de t'énerver comme ça. Tu devrais apprendre à contrôler tes émotions, tu sais. Ça va finir par te jouer de sales tours.

Et c'était elle qui me faisait la morale ! Elle ne savait pas non plus contrôler ses émotions, c'était pas pour rien qu'on était de la même famille et qu'on avait les mêmes pouvoirs. Mais apparemment, c'était les miens qui étaient les plus développés alors qu'elle était beaucoup plus âgée que moi. Personne n'avait jamais compris pourquoi mais ça ne les arrangeait pas du tout.

- Je vais être en retard, dis-je en prenant mon sac.

Elle marmonna un truc du genre « c'est ça, qu'est-ce ça peut te faire d'être en retard ? ». Effectivement, je me fichais d'être en retard mais en attendant, c'était une bonne excuse pour sortir le plus vite possible de cette maison et d'échapper à cette conversation qui me tapait sur le système.

Quand j'arrivai devant le lycée, la même sensation qu'hier fit son apparition. C'était pas la première fois que j'avais cette sensation. Je l'avais depuis la mort de Summer. Et chaque jour depuis un mois, c'était la même chose. Je m'arrêtai, observai le lycée. À force, je connaissais l'emplacement de chaque pierre et chacune de leurs couleurs. La même image me revenait à chaque fois. Ma sœur et moi entrant dans le lycée. Avant, on faisait pas vraiment attention à l'entrée, on entrait puis voilà c'était tout. C'était une nouvelle journée au lycée, tout ce qu'il y avait des plus ordinaires. Mais maintenant pour moi, ça n'avait plus du tout la même signification et le sentiment n'était plus le même... Chaque jour qui passait, me déchirait un peu plus... C'était un jour de plus sans ma sœur...Affronter l'entrée du lycée toute seule était devenue de la torture. Le sentiment de douleur ne durait que quelques secondes à chaque fois car une fois entrée, je ressentais que de la colère envers les élèves qui n'arrêtaient pas de me dévisager. Je savais exactement ce qu'ils pensaient et la semaine de la mort de ma sœur, je n'avais pas arrêté d'entendre : « c'est elle qui a perdu sa sœur », « maintenant, il ne reste plus qu'une des jumelles » ou encore mieux « c'est celle qui est issue du mal, j'aurais préféré l'autre mais bon c'est une de moins ». D'ailleurs, la personne qui avait dit ça n'avait pas fait long feu vu que je l'avais tué automatiquement. J'avais ressenti une telle rage ce jour-là que j'avais provoqué un tremblement de terre. C'était depuis ce jour que la directrice avait commencé à me craindre elle aussi.

Ténébreuse malédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant