Marcus se réveilla en sueur. Encore ce même cauchemar, qui le hantait depuis des mois. Un énorme champignon de fumée noire s'élevant dans le ciel, au dessus des immeubles. Des milliers de personnes allongées sur le sol. Et pas âme qui vive.
Il se leva de son lit. Son pyjama était comme collé à sa peau tant il avait transpiré. Il regarda autour de lui. La porte était ouverte. Le ventre de Marcus se mit à faire d'étranges bruits, comme s'il n'avait rien mangé depuis des jours. Il descendit donc à la cuisine, où ses parents prenaient calmement leur petit déjeuner.
À peine était-il assit, que son petit frère entra dans la maison, le nez et les oreilles rougies par le froid. Il avait encore oublié son écharpe et son bonnet avant de partir. Il enleva ses petites chaussures et son manteau épais, et vint s'asseoir à côté de son grand frère. Il semblait à la fois excité, et inquiet.
« Marc', je peux te demander quelque chose, dis ?
- Oui, je t'écoute, Jean. Que se passe-t-il ? Tu as un problème ?
- J'ai vu des gens dehors. Sur des chevaux. Ils étaient... Trois, non, quatre je crois, dit-il en comptant sur ses doigts. Ils ont collé une grande feuille sur le panneau de l'église. Y'a plein de trucs d'écrits dessus, mais j'ai pas réussi à tout lire... Juste des mots écrits en très gros. C'est écrit "Ordre de mobilisation générale". »
Un silence pesant s'installa alors. Marcus et ses parents se regardèrent, inquiets. Ce ne pouvait pas être ça. Jean avait sûrement mal lu, il s'était trompé. Voilà c'est ça, il s'était trompé. Cette chose ne pouvait pas être écrite sur une affiche. Pas ici, et surtout pas maintenant. Mais ces hommes à cheval, c'était étrange. Non, ce ne pouvait pas être ça.
« Jean chéri, es-tu sûr de ce que tu dis ?, questionna Armance, la mère.
- Bah oui, je sais lire quand même, je suis plus un bébé maman, j'ai 7 ans quand même hein !
- Nous ne doutons pas de toi, chéri. C'est simplement surprenant de trouver ce genre d'affiche ici. Tu dis que les hommes étaient à cheval ? Peux-tu nous dire à quoi ils ressemblaient ? Comment ils étaient habillés ?
- Ils étaient habillés en vert, vert caca. C'est vraiment pas beau comme couleur, tu trouves pas Marc' ?
- C'est sûr, c'est sûr..., répondit Marcus à son frère, sur un ton humoristique.
Mais il n'avait pas vraiment envie de rire. Tout comme ses parents... Tout se mettait en place, petit à petit, dans leurs têtes... Grande affiche, cavaliers habillés en vert "caca"... Ce n'était vraiment pas de bonne augure. Mais Jean ne pouvait pas comprendra ça, il était bien trop jeune...
Marcus décida d'aller voir de lui-même ladite affiche. Pour en avoir le cœur net. Ou paniquer, au choix. Soit il rigolerait, soit il pleurerait.
Sur le chemin, si court soit-il, il se mit à espérer que son petit frère ait mal lu ce qui était écrit sur cette affiche... Mais il ne pouvait se résoudre à ne pas penser au pire. Si une période comme celle qu'avaient connu ses grands-parents se présentait de nouveau, ça allait être terrible.
Il arriva sur la place de l'église. Et ses pires craintes se confirmèrent. La France était de nouveau en guerre. Et il allait devoir y participer. Directement.
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Ce n'était pas prévu...
Historical FictionÇa s'est passé très vite. Un jour, des militaires sont arrivés à Aubigny, et ont placardé des affiches. Marcus avait 19 ans. « Ordre de mobilisation générale » Du jour au lendemain, Marcus s'est retrouvé au front. Malgré lui, il a dû laisser sa fam...