Chapitre 8

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Ce soir là, je me couchais le ventre noué par l'incompréhension. Il s'était passé beaucoup trop de choses en une seule journée pour que j'ai le temps de réfléchir. Et puis, ce que je venais de vivre ne correspondait pas vraiment à des situations habituelles ! D'abord le Sybulte de Marine, ensuite ma visite déstabilisante chez le directeur, puis la fermeture soudaine de l'infirmerie et enfin cet homme qui ressemblait de près comme de loin à un meurtrier fou. 

"Tout cela doit avoir un sens, être lié, "murmurai-je. J'essayai de démêler les nœuds qui encombrait mon esprit fatigué mais dès qu'une possibilité se présentait, elle s'envolait aussitôt. Une imminente migraine commençait à pointer le bout de son nez. "Après tout, je pourrai reprendre mes réflexions demain, quand j'aurai l'esprit plus clair " pensai-je. Je m'allongeai et rabattis la couette ce qui eu l'effet que j'avais escompté. Une agréable chaleur se diffusa à travers mon corps endolori, me laissant prête à m'endormir. 

Je me tournai du côté de Maya mais son lit défait était vide. Cette fille passait son temps à travailler ! Maintenant qu'elle avait fini ses tâches, elle devait être entrain d'étudier quelque part vers la salle commune, à environ dix minutes de notre chambre. J'effleurai l'idée de la rejoindre pour lui parler et aborder le sujet de mon trou de mémoire mais me ressaisis bien vite. Peut être que tout cela n'était que des divagations de mon esprit dû à un manque de sommeil et que demain tout irait mieux.  

Finalement, je n'étais pas allé voir mon frère. La rencontre que j'avais fait derrière l'infirmerie avait fini de m'épuiser et mes vêtements étaient complètement hors d'usage. D'ailleurs, je devrai les laver moi-même si je ne voulais pas que l'on me soupçonne. Eh oui ! Le passage derrière l'infirmerie était interdit. Sûrement puisque l'on pouvait y observer les nouvelles technologies du gouvernement ce qui nous permettrait de former une révolte. Enfin, c'était seulement mes suppositions. Toujours est il que je n'avait pas le droit d'y être. 

Mes yeux papillonnèrent plusieurs fois avant de se refermer sur l'obscurité. Mon corps, à présent complètement détendu, semblait tournoyer au dessus d'un gouffre sans fond. Un peu comme mon esprit, pensai-je. Cette impression de vide m'arrivait très souvent dans mon lit étant petite. Je pensais que c'était le monde des rêves et de l'imaginaire qui m'appelait à lui. Je savais désormais que cette sensation était les prémices du sommeil qui ne tarderait pas à m'emporter dans ses bras. J'arrêtai de lutter et laissai le marchand de sable m'enfouir dans son désert...

Les anciens se plaisaient à dire que la nuit portait conseil. Pourtant lorsque que je me levai ce matin, j'avais plutôt l'impression que le sommeil s'était amusé à emmêler mes pensées déjà troubles et par dessus cela, à rendre chacun de mes muscles terriblement douloureux.

Je me levait donc en maugréant sur mon corps endolori et me regardai dans le miroir. Mes yeux, décorés de cernes noires, me faisait ressembler à un zombie et mes cheveux fillasses ne faisait qu'accentuer cette impression. J'avais décidé de passer voir mon frère dans la journée mais je ne pouvais certainement pas le faire dans un état aussi déplorable.

Après une petite toilette rafraîchissante, je revêtit un jean bleu clair et un pull large. C'était des vêtements auxquels je tenais puisqu'ils avaient autrefois appartenu à ma mère. C'était le seul souvenir matériel qu'elle m'avait laissé avec la photo.

Je repassai devant le miroir et trouvais mon reflet bien mieux qu'une vingtaine de minutes plus tôt. Ma montre affichait 9h30, il était temps d'y aller.

Je sortais de la chambre en prenant soin de bien refermer la porte puis me dirigeai à grandes enjambées au deuxième étage. Un étage était attribué aux filles et un autre aux garçons, une vieille habitude que le Gouvernement avait choisi de préserver...

Les marches étaient recouvertes d'une sorte de moquette marron qui étouffait le bruit de mes pas. Le silence environnent était quelque peu angoissant et ça faisait une dizaine de minutes que je tournais dans le dédale des couloirs. Je sentis la colère monter en moi et mes poings se serrèrent de frustration, je devenais stupide en plus d'être maladroite maintenant ! Je soufflai brusquement pour retrouver mon calme quand un grincement me fit me retourner. Mon regard se posa sur la source du bruit et je distinguai quelqu'un qui ne me semblait pas vraiment inconnu. Pourtant je ne parvenais pas à mettre un nom sur ce visage...

Delsey ou la dérive des anges [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant