Touches Noires [BxB]

C h a p i t r e I I I

Si l'on regarde à nouveau la partition, il est évident qu'on se rappelera du morceau autrefois connu sur le bout des doigts.

Eddy

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Pdv d'Ash

Six jours qu'il est inconscient. Six jours qui me paraissaient affreusement longs. Pourquoi était-il dans ce pitoyable état ? Personne n'en connaissait la raison. Même pas les médecins.

Jour et nuit, vingt quatre heures sur vingt quatre, je restais à ses côtés pour veiller sur lui et attendre patiemment son réveil. Et même si j'étais inquiet, je savais qu'il n'était pas mort. Parce que moi, j'étais encore là. Moi, sa conscience, una partie de sa tête, j'étais toujours sur Terre.

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Alors que je faisais les cent pas dans la chambre d'hôpital, la mère d'Eddy était assise près de celui-ci, toujours inconscient. Je priais silencieusement pour qu'il se réveille. D'après le médecin, son coeur ne pouvait plus supporter la lourdeur de ses émotions négatives comme la tristesse ou la colère. Malgré tout, ça n'était qu'une hypothèse.

Alors que je commençais à perdre patience, Eddy se réveilla en sursaut mais se rallonge tout aussitôt. Il posa son regard confus sur sa mère puis sur moi.

"Excusez-moi... Fit-il d'une voix gênée. Mais qui êtes-vous ?

- Voyons chéri c'est Maman ! Répondit sa mère, le serrant dans ses bras. Il la repoussa et posa son regard sur moi.

- Qui est-ce ? Fit-il.

- De qui parles-tu mon amour ? Il n'y a personne ici." Dit-elle en suivant le regard d'Eddy, ne m'apercevant sûrement pas.

Il avait l'air choqué. Mais, étant une partie de son esprit, je pouvais lire en lui comme dans un livre ouvert.

"Ma soit disant mère ignore son propre fils ? Comment est-ce possible ? A-t-il fait quelque chose de mal ? Elle a à peine posé son regard sur lui..." pensait-il.

Je lui fis un signe de la tête de droite à gauche pour lui dire un truc du genre "Inutile, pas la peine d'essayer".

"Tu dois être fatigué... Rendors-toi mon coeur." Lui dit doucement sa mère en lui caressant la joue avec son pouce.

Il avait l'air à la fois perdu, choqué et intrigué. Je m'approche de lui doucement et place mon index devant mes lèvres pour lui ordonner de ne pas parler, chose qu'il comprit et fit aussitôt. J'articulais alors :

"Attire pas l'attention sur moi, elle ne me voit réellement pas. Je suis dans ta tête. Je suis ton imagination. Pas ton frère. C'est bien compris ?"

Aucune réponse. Il restait bouche bée, les yeux écarquillés. Sa mère se demandait sûrement ce qu'il fixait. C'était moi bien évidemment.

"Je vais aller te chercher quelque chose à manger." Prononça sa mère en sortant de la chambre.

Il me fixa un long moment. Sa bouche s'ouvrit enfin.

"Pourquoi je ne me souviens de rien ? Demanda-t-il, serrant mon t-shirt du bout de ses doigts.

- As-tu réellement tout oublié ? Sais-tu au moins qui tu es ? Lui demandais-je en détournant sa question, n'en trouvant pas la réponse.

Pendant quelques secondes, il ne bougeait plus. Il réfléchissait. Il cherchait à se souvenir. Se souvenir de lui-même.

"Je... Eddy... Eddy... Il cherchait son nom de famille. Aïe !"

Il pose sa main sur sa tempe et je le maintiens par les épaules en lui demandant s'il va bien. Ses yeux sont devenus complètements blancs, ce qui m'effraie au plus haut point.

Pdv d'Eddy

Alors que j'essaie de me rappeler de mon nom, des flashs frappant ma tête de plein fouet apparaissent dans mon esprit.

Dans la plupart des images qui apparaissent, moi et un autre garçon apparaissons. Mais une scène particulière se dessine.

Je traîne avec l'autre. On a l'air proches. Très proches. Il a son bras autour de mes épaules. Nous marchons dans la rue et traversons un passage piéton... Mais je fais tomber quelque chose au milieu de la route et le ramasse. L'autre gars refait ses lacets, accroupi quelques mètres derrière moi.
L'objet, ressemblant fortement à un porte-clé, ne cesse de glisser de mes mains, me forçant à le ramasser quand un camion me se fait entendre foncer à 90 km/h. Mais je sens des mains me pousser vers l'avant, me propulsant sur le trottoir en face de moi, me sauvant de justesse du camion fou. Avant même que je puisse avoir le temps de me retourner, des éclats de sang surgissent au dessus de moi. Je n'ose même pas regarder derrière moi. J'ai trop peur d'être traumatisé. Mais je le fis quand même. Je me suis retourné et je le regrette.

Sous le camion logeait un corps inanimé. J'aurais aimé être idiot à ce moment-là. Me dire que je ne connaissais pas cette personne. Qu'elle ne comptait pas pour moi. Mais non, cette personne avait une trop grande place dans mon coeur. Résultat, il s'effondre, laissant place à des cris et des larmes.

Juste avant que ma vision revienne à la norme, une voix grave et rauque résonne dans ma tête.

"Jamais tu ne m'oublieras. Jamais."

"Eddy !? Eddy !!! Criait Ash.

- Ash...? Qu'est-ce que je fais dans un hôpital...? Et lâche-moi !!!"

Je le repousse brusquement tandis que son regard paraît confus.

"Quoi ? Pourquoi tu me dévisages ?

- Y'a quelques minutes je pensais que tu m'avais oublié... Et il faut vraiment que tu te débarasses de cette maudite phobie !

- Tu n'as pas répondu à ma première question. Qu'est-ce que je fais dans un hôpital ?

- T'étais dans les vapes pendant six jours. Tu te rends compte !? J'ai dû veiller sur toi pendant 6 jours ! 24heures/24 ! 6jours/6 !

- T'as pas dormi ? Pas mangé ? Pendant six jours ?

- J'ai pas b'soin de manger. J'suis un fantôme. Et puis t'es trop mignon quand tu dors."

Je sens le rouge me monter aux joues mais ma mère me sort de ma gêne en pénétrant dans la salle munie d'un plateau sur lequel est disposé un petit-déjeuner composé d'une brique de jus d'orange, d'une tartine de nutella et d'un bol de céréales.

"Mange chéri." Me dit-elle en posant le plateau sur mes genoux.

Je fixe les aliments. Je n'ai pas faim. La vision que je viens de voir occupe ma pensée. D'abord le cauchemar et maintenant cette vision. Pourquoi les mauvais souvenirs du passé resurgissent maintenant ?

Quelques heures plus tard, je pus enfin sortir de cet enfer qui sentait le r'enfer'mé. Ok, cette blague était nulle --'. On peut même dire que c'en était pas une...