Chapitre 1 partie 2

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Blake et moi nous nous connaissons depuis petit. C'est une personne en qui règne ma confiance et avec qui j'ai établi une relation incassable. Mais pourtant il ne m'avait jamais parlé de sa petite sœur et maintenant je comprends pourquoi.
Blake doit être dévasté. Les agents ont du s'emparer du bébé et dieu sait ce qui lui arrive en ce moment.
Demain, chaque membre de la section D avec les cartes rouges en main, va devoir assister aux exécutions publiques d'enfants nés illégalements et qui ont été découverts dans les dernières vingt-quatre heures.
Demain, nous allons devoir assister à la chose la plus inhumaine du monde. Demain, des milliers de larmes seront versées sans personne pour les consoler.
Demain, l'injustice frappera encore et demain, l'espèce humaine continuera toujours à se dégrader.
Je ne veux pas rester là, par terre, à pleurer: parce que cela n'avance à rien.  Je me relève et me précipite dans ma chambre. Je prends mon téléphone et affiche la photo de Blake. Je pense ensuite au message que je veux lui envoyer et celui ci s'écrit tout seul sur mon écran. Je m'arrête au milieu de mon message et imagine une seconde être à sa place. Je supprime alors le message parce que si j'étais lui, je voudrais qu'on me fiche la paix.
La journée passe lentement.
Je ne dors pas de la nuit parce que je veux pouvoir être la plus fatiguée possible pour assourdir les pleurs et les coups de fusils lors des exécutions.
Le soleil commence à s'incruster sous mes rideaux.
Il est six heures trente et nous sommes un vendredi matin. Un des vendredi matins le plus redouté que je n'ai jamais vécu parce qu'aujourd'hui je risque de croiser le regard de Blake et je sais déjà que je ne pourrais pas résister à la tentation de me jeter sur lui pour lui dire que je suis la pour lui. Pour lui dire que j'ai encore espoir en l'humanité même si je ne vois pas en quoi. 
Comme c'est la journée « rouge », nous sommes obligés de porter une sorte de cap couleur sang pour assister à l'horrible cérémonie. Pas un mot n'est échangé ce matin. Enki dort encore et il sera seulement réveillé quand nous serons de retour.
Nous marchons jusqu'à la place. Il fait magnifique aujourd'hui, quel ironie. Dans les rues, les citoyens sortent tous le regard vide. On entend seulement les pas de la démarche synchronisée et les quelques chuchotements de temps en temps. Je relève la tête et regarde ma sœur qui a déjà les larmes aux yeux. Nous sommes la. Une voix rauque surgit du silence: «Bienvenue à toutes et à tous pour la huitième cérémonie de l'année. Aujourd'hui, comme tous les jours qui passent, nous vous incitons à devenir de bons citoyens et à suivre les lois qui font de nous ce que nous sommes aujourd'hui: un peuple unit contre les difficultés auxquels  l'Homme doit aujourd'hui faire face pour survivre. »
C'est la voix de Monsieur Porter, un des ministres qui gouverne ce que l'on appelle aujourd'hui : l'Etat-Unis et plus « les Etats-Unis ».
-Devenir de bons citoyens ? Unit ? Pensais-je. C'est du foutage de gueule.
Il y a quatorze ministres sous la direction de la présidente Madame Walker l'ennemi commun de tous. Un pour chaque section. Tous aussi redoutable que l'autre.
Je suis si fatiguée que j'ai du mal à tenir debout. Je suis assez loin de la place pour ne pas devoir supporter ces horribles images dans ma tête.
Je cherche Blake du regard dans la foule mais ne le voit pas. Ici, tout le monde se ressemble. Tout le monde est obligé d'adhérer aux conditions qui nous sont imposés.
Soudainement, un cri d'horreur fait sursauter la foule. Le nom Grant a été appelé et un coup de feu s'en ait vite poursuivit. Mon sang n'a fait qu'un tour. C'est comme ci mon corps ne savait plus comment fonctionner. Des larmes ne parviennent même plus à mes yeux car je ne réalise pas. Je ne réalise pas la souffrance que doit induire Blake et sa famille.
Je suis vide. Je ne veux plus entendre les autres coups de feux. Je me retourne. Je bouscule la foule en ne pensant qu'à une chose : Je  veux partir d'ici. Ma cape m'empêche de m'échapper alors je l'enlève et la lance par terre en espérant que des milliers de personnes marcheront dessus. La foule est maintenant moins dense. Je vois la route. Je vérifie qu'il n'y a aucun agent autour de moi. Si je suis prise je serai dans de gros problèmes. On risquerait même de m'exécuter parce que partir de cette cérémonie signifie que je n'adhère pas au régime. Mais la, j'en ai complètement rien à foutre. Je cours le plus vite possible et me cache derrière une télévoiture. C'est une voiture qui n'a pas besoin d'être conduite. Il suffit juste de lui indiquer la direction et celle ci t'y emmènera sans problème. J'attends quelques secondes avant de me faufiler derrière une autre télévoiture jusqu'à chez moi. Mais une fois chez moi, je vois devant ma porte quelqu'un qui attend. C'est surement un agent, il  a surement du entendre du bruit à l'intérieur. Enki. Je me retiens de respirer. Je ne peux pas me faire attraper. Il faut que je sauve mon frère.
Je me plaque contre la porte en plexiglass bleu de la voiture mais je suis trop bête, il va me voir à travers. Mais ou me cacher ? Je me baisse à quatre pates et avance vers l'arrière de mon jardin. Mais je glisse avant de même pouvoir atteindre la porte arrière. Je ressens de la douleur je me suis brûlée la peau du coude et saigne fort. Je me lève pour essayer d'ouvrir la porte quand on m'empoigne le bras et me colle contre le mure. Une main se pose sur ma bouche. J'ouvre les yeux. Un homme d'une belle couleur de peau brune m'empêche de respirer. Ses yeux sont rouges et encore mouillé. Je voudrai lui sauter dans les bras pour lui faire comprendre à quel point je suis désolée mais quelque chose en lui me tracasse.
-Chut. Ils sont là. Chuchote Blake.
Je mords dans sa main pour qu'il me lâche.
-Tu m'as foutu la trouille! Dis-je.
-Ah ! Mais qu'est-ce que tu fous? Dit il en observant la morsure. Je suis venu voir si tu étais la. Poursuit-il. J'avais...besoin de toi. J'ai entendu du bruit et j'ai eu peur. Je me suis retourné j'ai vu les agents entrain de courir au loin. J'ai voulu me cacher à mon tour mais je t'ai vu écroulée par terre comme un légume. Il faut se cacher Issey, ils arrivent. Me dit-il angoissé.

Une dernière chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant