La tasse fumante de tisane était posée sur la table, l'odeur de thym qui s'en dégageait me plongeait dans les souvenirs de ma Provence natale.
Je suis né en 1936. A 80 ans désormais, je suis tristement veuf depuis bientôt une décennie. A ma grande satisfaction, notre unique fils avait réussit sa vie, quelle fierté se-fusse quand il avait été reconnu pour sa brillante carrière en cancérologie.
Qu'elle ne fut pas ma déception en revanche de réaliser qu'aujourd'hui mon fils préfèrait se consacrer a briller au golf qu'à penser à son vieux père placé en "maison de santé" ; et quelle vulgaire et insultante appellation.Je n'avais d'ailleurs jamais rencontré mon petit-fils car mon fils n'avait jamais daigné me le présenter. Si vous saviez comment y penser m'était douloureux...
Mais penser rationnellement m'était devenu difficile depuis quelques temps, cela relevait désormais de l'épreuve. Je me sentais tourmenté, déboussolé et les médecins m'avaient, il y a peu, diagnostiqués la maladie d'alzeimer.
Certes j'avais parfois des moments d'égarement qui me semblaient durer une éternité.Tantôt je me retrouvais projeté des années en arrière avec mon fils, en train de lui apprendre à faire du tricycle sur le perron de notre maison de famille ; Tantôt je me revoyais partager un bon repas avec ma douce femme bercés par le ronron du tourne-disque.
J'étais parfois confronté à des absences car le présent et la réalité semblaient s'entremêler et m'insérer malgré moi dans une dimension que je ne maîtrisais plus. Mes sens semblaient animés et exacerbés par les bruits, les odeurs, les détails du passé, tout était intact.Oublier pour mieux se rappeler, c'était l'issue de ma vie, moi qui était désormais celui qu'on avait oublié, depuis trop longtemps déjà.
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L'oublié.
Ficción GeneralUn vieil homme atteint d'Alzeimer lutte du plus profond de son être pour ne pas oublier. Lui qui l'a été si longtemps...