Prologue.

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Elle jure en tirant sur les cordes qui lient ses poignets, s'affligeant à nouveau une sensation d'impuissance et une légère douleur. Elle ne peut pas parler non plus, le morceaux de tissus qui la bâillonne a un gout de rouille si détestable qu'elle a arrêté de donner des coups de langues depuis longtemps. Pouah !  Elle gigote une nouvelle fois, rejetant sa tête en arrière, couinant de toutes ses forces. Ca ne sert à rien, elle ne peut rien faire. Ses pieds aussi sont attachés mais la corde ne ronge pas ses chevilles comme elle le fait à ses poignets. Non, ces pieds ne sont pas douloureux, mais hors d'usage oui. Le coffre est trop étroit et elle commence sérieusement à transpirer. La voiture s'arrête et une porte claque. Ils ont roulé quoi, une bonne heure ? La jeune femme tente de crier une flopée d'injures mais ses mots s'étouffent et sa voix reste dissimulée par le tissus. Elle entend des pas qui contournent la voiture. Elle se tortille encore dans tout les sens espérant exprimer sa rage, elle ne sait pas si ils ont vu la voiture gigoter. Elle soupire. Une voix glaciale s'élève dans les airs et tranche le silence.

- Tu l'as ?

Dans le coffre de la voiture, la jeune femme lève les yeux au ciel. Malgré que les bruits de l'extérieur soient étouffés, elle n'a pas manqué de reconnaître l'homme qui vient tout juste de parler.

- Le plus important est si toi tu l'as.

Cette fois, il s'agit d'un des hommes qui étaient dans la voiture, autrement dit ceux qui ont embarqué la jeune femme dans le coffre. Elle l'a entendu parler peu de fois, mais cela lui a suffit pour avoir le temps de remarquer son fort accent portugais.

- Vous d'abord.

- Non, vous d'abord.

- Ne joue pas à ce jeu avec moi.

Des nouveaux pas se font entendre.

- Ecoute moi petit, tu n'as pas l'air de comprendre qui a l'avantage ici et ce n'est certainement pas ta bande de gamins.  C'est toi qui joue avec le feu et attention, tu vas te bruler les doigts.

Dans la voiture, l'otage gigote de plus en plus. La tension qui plane dans le périmètre est si palpable et la jeune femme déteste se sentir aussi impuissante. Si la force ne lui manquait pas, elle ne se gênerait pas pour tambouriner le coffre de ses pieds. Ne serait-ce, juste pour se faire remarquer. Rester là, enfermée comme une pauvre chose insignifiante l'exténue et la met hors d'elle.

- Et a quel moment tes mecs interviennent pour nous tirer dessus ?

Un ricanement froid retentit.

- Ca, c'est à toi de voir petit.

Un soupire bruyant parvient aux oreilles de la jeune femme dans le coffre.

- Très bien. Toi, passe moi la mallette. Voilà... tout y est. Maintenant, à moi.

Un silence s'installe  et durant deux minutes, les voix se taisent dehors.

- Ok les mecs, allez-y !

La porte du coffre s'ouvre et le premier reflexe de la jeune femme est de plisser les yeux face à la bouffé de lumière qui l'éblouit. Il fait jour, ils sont en pleine forêt. Les hommes qui la détiennent sont venus très équipés avec - elle compte rapidement - une voiture et deux petits camions. En face d'elle ils sont moins et ils sont accompagnés seulement de deux 4x4 .

- La voilà, bien vivante !

L'otage rencontre en premier le regard de Zac qui la fixe, impassible. Pourtant, dès que le coffre est totalement ouvert, elle perçoit une étincelle de soulagement dans ses yeux. Un homme lui retire le tissus qui lui empêche de parler et elle lui jette un regard noir. Elle est brusquement essoufflée et tente de dégager son visage des cheveux qui se sont collé à la sueur de son front. Face à face, deux camps. Elle a été enlevée par l'un et l'autre vient la récupérée. Personne ne sourit, tout est très calme et parfaitement tendu. Le moindre geste, le moindre faux pas ou murmure douteux et tout le monde est mort. Zac sait bien que des hommes de Stephan sont cachés un peu partout dans les arbres et il ne prendrait pas le risque de tout faire foirer. On tire la fille par le bras et elle peste une insulte. Elle déteste la situation. On lui retire ses cordes aux pieds, aux mains, elle se sent revivre et, aussi fou que cela puisse paraître, elle est déjà prête à se battre. On l'a met debout, les semelles de ses chaussures rencontrent le sol couvert de feuilles et ses jambes manquent de céder sous son poids. Mais c'est son corps qui est flasque, elle, est parfaitement en forme. On la pousse vers son camp. A mi-chemin, elle croise Stephan qui tient sa mallette d'une main ferme. Il lui adresse un sourire hautain auquel elle répond par une grimace hargneuse. Une fois qu'elle a rejoins les siens, Zac lui glisse discrétement une arme dans les mains en sachant très bien qu'elle préfère toujours dans ce genre de situation, question d'être rassurée, avoir un pistolet à portée de main. Stephan leur lance un regard suspect puis ré adopte un sourit étrange.

IncernableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant