Moi sans moi

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Maman est entrée dans la chambre quelque minutes plus tard. Elle était très pâle, et j'ai tout de suite remarqué qu'elle avait pleuré. Elle m'a pris dans ses bras et à éclaté en sanglots.
- Ma chérie ! J'ai eu tellement peur... J'ai cru que tu ne te réveillerai pas, j'ai eu tellement peur... Oh ma chérie...

Le médecin est entré dans la chambre à nouveau. Il a dû se dire que ce moment mère-fille avait assez duré. Ou alors avait-il comprit que j'étais très mal à l'aise face à l'excès d'amour de ma mère.
- Excusez-moi madame, pouvez-vous me laisser seul avec votre fille s'il vous plaît? Je crois qu'on vous attend à l'accueil pour remplir les formulaires, ça ne sera pas très long.

Sans dire un mot, ma mère s'est exécutée. Le docteur a tourné autour de mon lit, m'a regardé rapidement, puis à attrapé mon dossier. Il était plutôt jeune pour un médecin, ai-je remarqué.  Sa barbe de trois jours et les cernes sous ses yeux en disaient long : il n'avait pas du dormir, ni rentrer chez lui depuis plusieurs jours. Il a marmonné quelque chose que je n'ai pas comprit, puis m'a sourit.
- Tu peux t'asseoir s'il te plaît ? m'a t-il demandé gentiment. Je vais t'examiner rapidement. Comment tu t'appelles? a t-il continué.
- Olivia. Olivia Parks, ai-je répondu nonchalamment.
-C'est un très joli prénom ça, Olivia. Et quel âge as-tu?

Il y a eu comme un trou noir dans ma tête, les chiffres ne venaient pas. Quel âge j'avais? Quelle importance ! Je venais de faire une chute spectaculaire, et on me demandait mon prénom et mon âge, c'est idiot. Je me suis alors rendu compte qu'il avait stoppé l'examen, et qu'il me fixait avec ses grands yeux bleus. Il attendait une réponse, et visiblement il avait très envie de savoir mon âge.
-Pourquoi vous me demandez ça? C'est écrit dans mon dossier de toute façon.

J'avais pris un ton plutôt sec, pour lui faire comprendre que ça n'avait rien d'intéressant et que je voulais sortir d'ici. Je me suis levée, mais il m'a fait signe de m'assoir. J'ai obéis.
- Physiquement, tout me semble fonctionner Olivia. C'est vrai que tu t'es incroyablement bien remise, tu es solide pour une ado de 17 ans.

J'ai eu l'impression, qu'il avait bien insisté, en prenant comme un air de défi lorsqu'il a dit mon âge.
- Néanmoins, a t-il reprit, je craignais que tu sois victime d'une amnésie post-traumatique. Tu as une commotion cérébrale, et tu ne te rappelles pas de ton accident. En te réveillant tu étais totalement désorientée, tu présentais tous les symptômes. Vu la gravité de ton trauma crânien, il y a de chances que tu subisse une amnésie rétrograde et que tu ne te rappelle plus des événements passés.

Il a fait une courte pause, et a jeté un coup d'œil par la fenêtre. Un dixième de seconde pour que j'avale la nouvelle. Il m'assommait avec son charabia médical. Il a repris :
- Je sais ce que tu te demandes maintenant, est-ce que c'est définitif ? Et bien, cela dépend de chaque patient. Généralement, ce genre de perte de mémoire à plus de chance de se guérir chez quelqu'un de jeune comme toi.

J'ai ouvert la bouche pour répondre, quand Maman a déboulé dans la chambre. Le docteur l'a tout de suite emmenée dans le couloir. J'ai pris ma tête dans mes mains, et j'ai pleuré.

Mémoires d'une fille sans mémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant