Après une suite d'examens, les médecins ont confirmés mon amnésie. Je suis restée à l'hôpital quelques jours, le temps que je réapprenne les petits trucs simples de la vie. C'est ainsi que chaque matin, je découvrais un chapitre de ma vie. Maman m'amenait des photos, et je devais retracer les évènements. Parfois c'était très clairs, mais souvent je m'embrouillais, et alors Maman me prenais dans ses bras et m'expliquais, me racontais avec détails mes vacances à Marrakech, mon dernier spectacle de danse, nos virées shopping... Elle était tellement enthousiaste que ça me paraissait réel, et grâce à ces moments j'ai pu me créer des souvenirs, qui me revenaient parfois par bribes. Et puis un jour, Maman à ramener Nala. J'ai pu la promener dans le parc de la clinique. C'était fou de la voir tellement attachée à moi, peu importe mon état. Maman nous laissait, mais je la voyais nous observer de loin, et prendre des photos de temps en temps.
- Elle adore quand tu la gratte dans le cou, comme ça regarde, m'a dit Maman en caressant Nala.
Pour la première fois depuis l'accident, je ne me questionnais plus en permanence, et pour la première fois, je me suis sentie bien. J'ai eu l'impression d'être entourée, d'avoir une famille.
Un matin, elle a accroché des photos de jolies filles sur le mur de ma chambre, en m'expliquant que c'était mes copines. En dessous de chaque cliché, elle collait un post-it avec leur nom, et puis elle m'a raconté encore des anecdotes sur mon groupe de fille, et ma place au lycée. La blonde décolorée avec la frange, c'était Lindsay, ma meilleure amie. C'est étrange de se dire que cette fille sur le mur, qui ne m'inspirait rien du tout, partageait toute ma vie. L'autre à côté, la brune maquillée comme une voiture volée avec le piercing sur la langue, c'était Pauline. Ma mère m'a dit qu'à son avis, Pauline c'était la troisième roue du carrosse, qu'elle vivait dans l'ombre de Lindsay et moi. Je restais un peu perplexe face à tout ça, alors Maman a sorti une dernière photo : un beau brun aux yeux verts. Lui, c'était mon petit ami, et d'après Maman, on était le plus joli couple de la ville. Mais elle m'a aussi confié que notre relation suscitait beaucoup de jalousie chez les autres filles, même chez Lindsay. Lorsque je l'écoutais me raconter tout ça, j'étais contente que la clinique n'autorise pas les visites des amis. Je n'avais aucune idée de comment j'allais gérer tout ça, je me sentais tellement loin d'eux. Maman comprenait mon appréhension, elle avait toujours un mot rassurant, et je savais qu'elle ne me laisserait pas tomber.
- Vous êtes devenu beaucoup plus proche avec ta mère grâce à ton accident, m'a un jour glissé le docteur Johnstein lors de sa visite quotidienne.
- Mon accident n'est pas une chance vous savez ? lui avais-je répondu sèchement.
- Oh que si, tu verras... Des tas de gens aimeraient recommencer leur vie à zéro, mais ce n'est pas possible. Toi, on te donne cette chance, tu ne dois pas être n'importe qui. Tu as la possibilité de changer qui tu es, ce que tu aimes et ce que tu détestes. C'est l'occasion de te lancer dans quelque chose de nouveau tu ne crois pas ? Enfin, moi c'est ce que je ferai. Parce que tu verras que la vie dehors, ne t'attend pas forcément.
Ce mec, enfin le docteur Johnstein, m'intriguais vraiment. Il avait l'air d'avoir que quelques années de plus que moi seulement. A mon avis, il n'avait pas plus de 22 ans. Pourtant, il semblait donné des leçons sur la vie à tout le monde ici, comme s'il avait déjà tout vu, tout vécu.
- Bon, tu pourrais me sourire au moins aujourd'hui non ? J'ai une bonne nouvelle pour toi, a-t-il poursuivi.
- Quoi ? l'ai-je questionné avec un sourire forcé.
- Tiens, c'est ta permission de sortie. Ta santé va plutôt bien, tu suis bien ton traitement, ta mémoire revient doucement. On a plus vraiment de raisons pour te garder enfermée ici. T'as le droit d'aller voir le grand monde.
Il a marqué une pause en me regardant avant de continuer.
- Tu vois, ça c'est un vrai sourire, j'en aurai enfin eu un au bout de deux semaines. On peut me considérer comme un privilégié hein ?
J'ai fait « oui » de la tête, en attrapant le formulaire de sortie qu'il me tendait.
- En tous cas, t'es belle quand tu souris Olivia, a-t-il soufflé à travers la porte en sortant.
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Mémoires d'une fille sans mémoire
Teen FictionJe m'appelle Olivia Parks. J'ai 17 ans. J'avais la vie que toutes les filles de mon âge rêvent d'avoir. Mais le destin a décidé que je ne m'en souviendrai pas.