Chapitre 3 : Un après-midi... calme

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Je sors de la cantine et me dirige vers les casiers, expliquant que je dois réviser mon contrôle de français. J'arrive dans le hall et prends à gauche. Je continue sur une dizaine de mètres avant de tourner à droite. Je suis entre deux rangées de casiers. Je m'arrête devant le casier numéro cent trente et l'ouvre avec ma clé. J'en extrais mon sac puis je pose ma veste salie au fond du casier. Je le referme et me dirige vers la sortie de la zone « casiers ». Je m'apprête à rejoindre le hall quand je heurte une jeune fille avec des cheveux ondulés et un sac sur le dos. Je ne vois pas son visage, caché derrière ses cheveux. Je murmure :

-Excusez-moi j'avais la tête ailleurs et je ne regardais pas où je marchais.

La jeune fille relève un peu la tête et je distingue ses traits : Sara. Elle me reconnaît elle aussi et dit avec un sourire embarrassé :

-Désolée Marc, j'étais perdue dans mes pensées.

-Ne t'inquiète pas Sara, ça va. Oh, je crois que tu as tombé ça...

Je me baisse pour ramasser un objet rectangulaire qui me semble être une carte de cantine. Elle se baisse elle aussi. Nos mains entrent en contact un court instant, l'espace d'une seconde. Puis nos têtes entrent à leur tour en collision. Je tombe sur les fesses, par terre. Je me frotte la tête en disant à voix basse :

-C'est vraiment pas mon jour... Ça va Sara ?

Elle est aussi tombée par terre. Je me relève et lui tends ma main, qu'elle agrippe. Je tire et la relève. Elle vacille et menace de tomber. Je la rattrape juste à temps et elle s'écrase contre moi. Je sais que ça peut paraître bizarre mais, après toute cette matinée difficile, malgré qu'elle m'ait renversé son assiette dessus, j'apprécie ce contact. Je dirais même plus qu'apprécier, je dirais aimer. J'inspire et sens l'odeur que dégage ses cheveux : « Que je suis bizarre », pensé-je. C'est une odeur de rose... J'aime cette odeur. Puis brusque retour à la réalité. Sara s'écarte de moi et me remercie de l'avoir rattrapée, confuse. Elle s'excuse encore une fois de sa maladresse et s'en va. Je la suis du regard. Une petite voix dit dans ma tête « Sara... Sara... ». Je suis sur le point de l'appeler à voix haute, mais c'est trop tard. Elle franchit la porte des toilettes des filles. Mon regard se perd dans le vide, observant les détails de la porte des toilettes. Je me ressaisis et me dis « Marc! Wake up! Back to reality! ». Je fais taire cette petite voix de mon esprit qui pense en anglais. Je sors ensuite du hall d'un pas pressé et me dirige vers Tristan et Adrien qui discutent avec un surveillant, Max. Il a toujours une blague à raconter et c'est ça qui m'amuse chez lui. Ils parlent de la réforme sur l'orthographe :

-Vous vous rendez-compte ? On va écrire « nénuphar » avec un « f » !, s'écrie Tristan.

-Ouais, ça sent le coup fourré, renchérit Adrien. Déjà que les dictées sont compliquées... Je ne vous dis pas avec la réforme.

-Tiens Marc ! Tu t'es perdu aux toilettes ou quoi ? Ça fait déjà cinq minutes cinq minutes que tu es parti chercher ton sac. On se demandait ce que tu faisais.

-Non, j'avais un truc à régler.

Je n'aime pas mentir à mes amis mais je ne vois pas comment leur dire que je me suis retrouvé nez-à-nez avec la fille qui m'avait renversé son assiette dessus et qu'elle a fini dans mes bras, même pour un court instant. « Trop court », fait alors une voix dans ma tête. Je la fais taire puis j'ajoute:

-Bon, je vais réviser le français. On a contrôle sur le subjonctif et je suis dans le caca.

-OK, on te suit, réplique Adrien. Je crois que j'ai besoin de réviser aussi si je ne veux pas me planter littéralement.

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