« J'étais prisonnière ! Prisonnière d'un noir froid, vide et absolu qui m'empêchait de bouger et devenait de plus en plus oppressant à chaque seconde qui passait. Il fallait absolument que je bouge, que je parte d'ici, mais mon corps ne semblait plus vouloir m'obéir. Malgré la certitude viscérale qui me poussait à vouloir m'enfuir, mes membres restaient inertes, me laissant là prostrée et immobile, comme paralysé par des liens invisibles. Je sentis la panique que j'avais à grand peine réussi à maîtriser jusqu'à présent m'envahir complètement, lorsque l'obscurité qui semblait s'être encore épaissie jusqu'à en devenir presque solide, commença à peser sur ma poitrine me donnant le sentiment d'étouffer. J'entendis un gémissement sourd sortir de mes lèvres tandis que j'essayais désespérément de me libérer, mais ne parvenant au final qu'à m'essouffler encore plus vite. Mon esprit comprit avant mon corps que la lutte était vaine, raison pour laquelle je sentis des larmes d'impuissance dévaler mes joues, avant que j'aie cessé de me débattre et d'épuiser le peu de souffle qu'il me restait inutilement. Je m'immobilisais enfin, désespérée et respirant de plus en plus difficilement. J'allais mourir là, seule dans le noir et sans la moindre idée de l'endroit dans lequel je me trouvais, ni surtout pourquoi je m'y trouvais ? »
Et bien maintenant je le savais, me dis-je avec amertume. Tandis que j'étais en train de vivre mon rêve, qui malheureusement pour moi, n'en était plus un. Cette fois-ci, pas de réveil miraculeux dans ma chambre de l'E.E.V, pour me sauver. J'étais en train de mourir étouffée. Ensevelie sous des kilos de gravats, dû à la gigantesque explosion, qui venait de se produire. C'était une mort lente et particulièrement douloureuse et je n'avais qu'une envie...que mon calvaire se termine. Je me trouvais dans le noir absolu, sans pouvoir bouger d'un millimètre, ma poitrine écrasée me faisant abominablement souffrir, à chaque inspiration laborieuse et pleine de poussière, que j'arrivai à prendre. J'essayai de lâcher prise, de me laisser aller à la mort, mais chaque fois, mon stupide instinct de survie reprenait le dessus, me disant qu'il fallait que je tienne bon, que quelqu'un allait venir me sauver. C'était tellement stupide que j'en pleurais de frustration, autant que de désespoir. Ma poitrine et ma gorge me brulaient de plus en plus, m'empêchant presque totalement de respirer à présent. Tandis que de petites étoiles jaunes, de plus en plus nombreuses, envahissait mon regard aveugle, m'apprenant que la fin était proche.
« Hay...tu...là ? »
Mais pourquoi donc mon corps refusait-il de lâcher prise ? Me demandais-je, au comble du désespoir, alors que je reprenais douloureusement conscience, pour la troisième fois d'affilé. Je voulais mourir. J'étais prête. Je n'aspirais même qu'à ça et pourtant, mon corps et mon esprit eux, se battaient encore. Mais pourquoi ?
« j...t'en prie...ne...morte. »
C'est alors que mes oreilles entendirent enfin, ce que mon cerveau essayait de me faire comprendre...je n'étais plus seule. D'autres personnes avaient survécus et elles me cherchaient...moi ! Il fallait que je les aide, que je leur fasse savoir que j'étais là. Rassemblant mes dernières forces, j'ouvris la bouche et m'étouffais de plus belle, lorsque de la poussière et de petits cailloux s'insinuèrent à l'intérieure. J'essayais désespérément de recracher et d'appeler à l'aide, mais les maigres son que j'arrivais à produire, ne me semblait pas assez puissant pour parvenir à traverser la couche de débris qui me recouvrait.
— Au sec...essayais-je une nouvelle fois, avant qu'une horrible quinte de toux ne ruine tous mes efforts. Je suis...là, essayais-je à nouveau en sanglotant presque, devant mon impuissance.
— Hayden ? Hayden c'est toi ?
Cette voix, qui me parvenait enfin à peu près distinctement, était la plus belle chose que j'avais jamais entendue. Je ne savais pas qui c'était, ni même si c'était un homme ou une femme, mais quel que soit la personne qui se trouvait là, au-dessus, elle était ma dernière chance de survie. Il fallait à tout prix que j'arrive à lui faire savoir que j'étais là. Je m'apprêtais à retenter ma chance une ultime et très certainement dernière fois, vu les étourdissements qui me saisissaient de plus en plus fréquemment.
J'avais certainement dû m'évanouir, car la première chose qui me frappa lorsque je rouvris les yeux, fut la lumière. Une petite tâche de lumière, qui allait en s'élargissant, au fur et à mesure que les débris étaient évacués. Puis de l'air, bien que saturé de poussière, me parvint enfin, me faisant un bien fou et me redonnant les forces qu'ils me manquaient.
— Hayden, c'est toi ?! Oh dieu soit loué, s'écria Elana dans un sanglot étouffé, tandis que son visage de traîtresse, entrait dans mon champ de vision.
— Où...où sont les autres ? Arrivais-je difficilement à prononcer, gênée par ma gorge douloureuse et par la rage qui m'envahissait la poitrine.
— Je ne...je ne sais pas. Je n'ai retrouvé que toi jusqu'à présent, continua-t-elle, l'air totalement dévastée.
Ces paroles me glacèrent le sang et me donnèrent la force d'aider Elana à m'extraire de ma tombe rocailleuse. Ce n'était pas possible, nous ne pouvions pas être les deux seules survivantes ?! Si nous nous y étions parvenu, Lynch et les autres, qui étaient autrement plus aguerris que nous, avaient forcément réussi. Du moins c'est ce que j'espérais et me répétais pour me rassurer. Mais quand j'émergeais enfin, ce que je vis, m'ôta presque tous mes espoirs.
Il ne restait rien. Tout n'était plus que gravats, terres et roches effondré. Une immense nappe de poussière, semblable à du brouillard, recouvrait tout. Nous plongeant dans une atmosphère étouffante et crépusculaire. J'essayais d'avancer vers le bord du précipice, mais au bout de deux pas, mon corps me trahit et je m'écroulais, sans force sur le sol. Elana se précipita pour m'aider, mais je la repoussais.
— Ne m'approche pas, aboyais-je. Tu m'as sauvé et...je t'en remercie, finis-je par réussir à lui dire à contrecœur. Mais maintenant...dégage...sort de ma vue, lui hurlais-je en pleurant. Tout ça, c'est à cause de toi, continuais-je à vociférer sans pouvoir m'arrêter. Tu es une meurtrière, tu es...
— Je n'ai pas eu le choix Hayden. Il faut me croire, je...je suis tellement désolée, me répondit-elle, visiblement dévastée en pleurant à son tour.
— On a toujours le choix. Lui assenai-je, en la fixant dans les yeux une dernière fois. Afin qu'elle ressente bien, tout le mépris et l'aversion qu'elle m'inspirait, désormais.
Puis je lui tournai le dos, me levai et entrepris de partir à la recherche des autres. J'avais beau être mal en point et manquer m'évanouir à chaque pas, je ne les laisserais pas tomber. C'était hors de question. Je trouvais bien vite deux des gardes, qui s'étaient retrouvés piégés avec nous à l'intérieur, morts. L'un écrasé sous un pilier et l'autre transpercé par un éclat de bois. Je détournais les yeux du macabre spectacle et continuais mes recherches, en appelant inlassablement ;
— Lynch ! Isy ! Lada...répondez-moi ?! Ophélia ! Sean...
Alors que je m'apprêtais à abandonner ; je trouvais ce dernier près du précipice, le corps à moitié dans le vide. Je le tirais vers moi et constatais avec soulagement qu'il était encore vivant, bien que très mal en point. J'essayais de le réveiller mais sans succès. Je décidais donc de le laisser là, le temps de continuer à chercher les autres. Mais j'eu beau m'acharner, aucun miracle ne se produisit. C'est donc à contrecœur, que je décidais d'arrêter là pour aujourd'hui et d'essayer de rejoindre le complexe pour trouver de l'aide.
Je hissais Sean sur mes épaules comme je pu, heureusement pour moi et pour lui, il n'était pas bien lourd et me dirigeais vers le couloir menant au complexe. Comme je m'y attendais, une ouverture sommaire, sûrement pratiquée par Elana, permettait de traverser l'éboulis pour passer de l'autre côté. Je réussis à m'y faufiler, en tirant le pauvre Sean comme je pu, derrière moi. Après un ou deux mètres, le couloir était presque intact, ayant de toute évidence, bien résisté à l'explosion. C'est donc avec un peu d'espoir que je passais la porte et arrivais...en enfer.
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Ce chapitre m'a donné du fil à retordre et ne me plait...pas du tout ! Mais comme il faut bien que l'histoire avance, je le poste quand même et le reprendrais entièrement ultérieurement...soyez donc indulgent :-) Bonne lecture et encore merci de me lire ^_^

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Isolated System - Tome 1
Science Fiction*Vainqueur du concours Award Rentrée 2016 dans la catégorie science-fiction* Hayden fait partie des survivants. Descendante des quelques centaines de chanceux, rescapés du grand cataclysme ayant ravagé la terre, une centaine d'années auparavant...