Chapitre 5 - La roue tourne toujours

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Lorsque je me réveillai le lendemain matin, le soleil commençait à peine à pointer le bout de son nez. J'avais oublié à quel point cette chambre était sordide. Une couche supplémentaire de poussière semblait s'être déposée sur les meubles. En tant que maniaque, il fallait que je nettoie tout ça. J'enlevais la taie d'oreiller de celui-ci afin de m'en servir comme un chiffon. J'entrepris l'astiquation de chaque partie de cette chambre morne.

Le soleil montait peu à peu dans le ciel. Je savais que Samy reviendrait bientôt. J'étais partagée entre la peur et l'excitation. Chaque visite de sa part me rapprochait de la mort ou de la liberté. De plus, j'étais déterminée à découvrir ses intentions ainsi que son visage.

Les heures passaient et je n'avais aucune visite, de personne. J'avais faim mais par dessus tout soif. La chambre dans laquelle je me trouvais donnait sur l'extérieur du village, je ne pouvais donc pas surveiller les allés et venues des habitants. Je ne savais rien, je ne voyais rien, je n'avais rien. Je n'en pouvais plus.

J'ai fini par craquer. J'ai tambouriné à la porte et j'ai hurlé. J'ai crié pour que le monde entier m'entende. Mais je n'ai soutenu aucune réponse. J'avais l'impression d'être la seule personne vivante à des kilomètres.

Ma bouche était complètement sèche et mon estomac ne cessait pas de gronder. J'étais épuisée à cause de ma déshydratation, mais j'avais l'impression que fermer l'oeil me serait fatal. Je ne tiendrais plus très longtemps dans ces conditions.

Peut-être que c'était comme ça qu'ils avaient décidé d'en finir avec moi. Ils n'avaient pas eu le courage de me tirer une balle dans le crâne, alors ils allaient me laisser ici, crever de faim et de soif.

***

Je me réveillais lentement, le corps frêle et tremblant. Samy avait sa tête au dessus de moi, il me tendait un verre d'eau et un plat de pâtes. Je me hissais péniblement contre le mur. Ma tête tournait et j'avais du mal à retrouver une vision nette.

Après avoir repris mes esprits, je me dépêchait de boire et de manger. Je sentais les aliments glisser dans mon corps, ce qui me procurait le plus grand bien.

_ Je suis désolé de ne pas être revenu plus tôt, lança Samy.

_ Vas-tu enfin m'expliquer ce que je fais ici ? Rétorquais-je.

_ Bientôt.

_ Mais j'en ai assez d'attendre !

_ Je tâcherais de revenir avant que tu t'évanouisse la prochaine fois.

Samy ne me laissa pas le temps de répondre, il était déjà repartie. Il fallait que je trouve un moyen de m'en aller, de sortir d'ici. J'avais été clémente au début, mais puisqu'il ne voulait rien me dire, j'allais le découvrir moi même. Je n'étais pas le genre de personne à m'apitoyer sur mon sort, ça n'allait certainement pas commencer aujourd'hui.

Dans l'armoir de la chambre, il y avait une étagère branlante. Si je la détachais, elle pourrait me servir pour assommer Samy lors de sa prochaine visite.

Je me dirigeais donc vers le meuble en bois. La planche n'étais plus accrochée que par un seul côté. Je tirais dessus de toute mes forces, donnait de grand coup dedans, mais rien à faire, celle-ci ne dégnait pas s'enlever. Il me fallait donc trouver autre chose.

Après avoir fait les cent pas, une idée m'apparut enfin. Je soulevais le matelas qui laissa entrevoir de magnifique lattes faites dans un bois plutôt robuste. Je sautais dessus jusqu'à ce que l'une d'entre elle cède. J'avais réussi. J'avais trouvé ce qui me serait la clef de ma sortie.

***

Comme prévu, Samy monta les escaliers le lendemain matin. J'avais attendu toute la nuit ce bruit sourd qui résonnait comme la mélodie de ma liberté. Je m'installais sur le côté de la porte, mon bout de bois à la main.

La clef rentrait dans la serrure. Cliquetis. Bruit de poignée. Il était tant d'agir.

Je brandis mon arme au dessus de ma tête avant de venir l'écraser sur celle de Samy. Celui-ci s'écroula à terre.

Sans même réfléchir, j'ai pris la fuite. J'ai couru dans le couloir, me dirigeant vers l'escalier, avant de me stopper net. Il fallait que je vois son visage.

Je revenais en arrière, les pas hésitant. J'avais peur que le moindre grincement ne le réveille.

Lorsque j'ai atteint son corps inconscient, j'ai eu un long moment d'hésitation. Voulais-je vraiment mettre un visage sur cette horreur ? Je prenais mon courage à deux mains et retira sa cagoule.

Il était merveilleusement beau.

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