La fin d'un monde

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ATTENTION

Certaines scènes très explicites, à caractère sexuel ou de violence peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes.

LES TROIS PREMIERS CHAPITRES OFFERTS

Pour celles qui ne savent pas encore ce livre est édité chez Erato-éditions
Bonne découverte

Mai 1550, Highlands, Ecosse.

Forêt de Torridon

- Ellia, dépêches-toi, s'il te plaît, nous allons être en retard, Kathelyne déteste attendre ses herbes. Tu sais bien que le bébé de Rosine approche.

- Pars devant, si tu veux, ne m'attends pas . Il me reste encore de la Reine Des Prés et du Buis à cueillir, pour faire baisser la fièvre au cas où. Le bébé se présente mal, j'ai peur pour notre soeur.

- Mais ne t'inquiètes donc pas !!! me dit Mary d'un ton exaspéré. Tu te fais toujours beaucoup trop de soucis. Rosine est solide et nous avons aidé à mettre au monde des dizaines d'enfants, tout va bien se passer. Ne sommes-nous pas les meilleures guérisseuses et sage-femmes de tout le Loch Torridon? La Déesse nous accompagne, rien ne peut nous arriver.

- Pourvu qu'Elle t'entende, ma soeur, lui répondis-je en me signant.

Mary soulève ses jupes et part en courant, pressée de retrouver nos soeurs dans notre cabane au coeur de la forêt.

Nous sommes guérisseuses, accoucheuses et rebouteuses de mère en filles, et même si les villageois font souvent appel à nous, pour les maux du quotidien ou pour les accouchements difficiles, notre savoir leur fait peur.

Depuis déjà de nombreuses années, ma mère avait été obligée de fuir notre bourgade natale, Eilean Donan, et de s'installer dans cette forêt, au coeur des Highlands, loin de tout et surtout loin de la folie et de la superstition des hommes.

Avant cela, elle a été reniée par sa famille lorsqu'elle a souhaité épouser mon père, petit apothicaire. Il avait su lui transmettre l'amour des plantes médicinales et à eux deux, ils avaient fait perdurer un savoir ancestral, oeuvrant dans l'ombre, contre les pouvoirs en place et les pratiques religieuses qui ont aujourd'hui encore la vie dure.

Le laird d'Eilean Donan, Sir James MacKenzye nous voue une haine farouche depuis que ma mère a été incapable de sauver sa femme et son fils. Mais rien ni personne n'aurait pu sauver cette pauvre femme. Elle accouchait d'un énième enfant, et était épuisée par ses grossesses successives et les mauvais traitements de son mari. Elle avait mis au monde un garçon mort-né, et était décédée quelques heures après, d'une hémorragie.

Sir MacKenzye est un être abjecte, un être de sang et de fureur. Il ne prend plaisir qu'à guerroyer, s'enivrer, tuer et forniquer. Il fait régner la terreur sur ses terres et ses gens, partant pour des campagnes punitives au moindre prétexte. C'est l'homme le plus détesté des Highlands, mais le plus craint. Il est très bien en cours avec notre roi, alors il s'autorise tout, avec droits de vie et de morts sur ses sujets. Il rançonne, envoyant ses prévôts récolter des impôts plusieurs fois dans l'année, appauvrissant la population à chaque fois un peu plus. Les révoltes couvent ça et là, mais sont vite étouffées et les commanditaires éliminés.

Le fils aîné du laird, Edward, paraissait plus tempéré, faisait peu parler de lui, mais devait suivre les traces de son père s'il voulait lui succéder un jour. Il devait avoir aujourd'hui dans les 25 ans et possédait son propre domaine non loin des terres de son père.

Ma mère est morte il y a seulement un mois et mon père, quant à lui, nous a quitté quand j'étais encore bébé. Je vis avec mes trois soeurs, Rosine, l'aînée, Kathelyne et Mary. Rosine est entrée en douleurs hier soir et doit donner naissance à son premier enfant. Filles de la forêt, nous vivons loin des hommes, mais lors de fêtes païennes nocturnes, nous nous mêlons aux villageois, maquillées, grimées, afin que personne ne puissent nous reconnaître. Nous prenons soin de teindre notre chevelure, reconnaissable entre mille, d'un blond presque blanc. C'est lors d'une de ces fêtes que ma soeur Rosine s'est accouplée à un beau jeune homme et quelques temps plus tard, elle découvrait qu'elle était enceinte. Pour ma part, je me trouvais trop jeune pour connaître charnellement un garçon, et aucun villageois n'avait su faire battre mon coeur. J'attendais le "Prince Charmant", le grand amour.

DE FEU ET DE SANG Où les histoires vivent. Découvrez maintenant