Chapitre 1

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L'air était glacé, et de lourds flocons chutaient du ciel. Ils s'écrasaient en silence sur l'épais tapis blanc qui recouvrait le sol. Antoine avançait lentement, traînant des pieds. Son nez était rougi par le froid, et il reniflait sans arrêt. La rue dans laquelle il avançait était déserte, et recouverte de blanc. Quelques flocons s'étaient logés dans ses cheveux, et formaient de petites tâches nacrées. Il marcha encore quelques minutes avant d'arriver devant sa maison. Au loin, le soleil commençait doucement à se coucher. Lorsqu'il arriva sur le pas de la porte, son œil fut attiré par quelque chose. De la lumière sortait de chez lui.

Bizarre. J'avais pourtant éteint quand je suis sorti...

Intrigué, il glissa sa clé dans la serrure. Sauf que sa porte était déjà déverrouillée.

Bon, c'est quoi ce bordel ?

Antoine pénétra doucement dans sa maison. La lumière du vestibule était allumée, ainsi que celle du salon. Il referma silencieusement la porte, et retira ses chaussures trempées. Il avança à pas de loups jusqu'à l'embrasure qui menait dans le salon, et se plaqua contre le mur. Tendant l'oreille, il put entendre le bruit de quelqu'un qui buvait. Cette fois, c'était indéniable : il y avait un intrus chez lui.

Oh, bordel, non...

Antoine regarda à sa gauche. Sur la vieille commode était posée une sculpture en métal assez singulière. Ce que remarqua surtout le chevelu, c'est que son bout était assez effilé, et qu'il pouvait faire mal si on le plantait dans un œil. S'avançant toujours silencieusement, il saisit l'objet, et retourna à son poste d'espionnage.

Bon, on se concentre, et on panique pas. Surtout, on panique pas...

Il inspira un grand coup, colla la sculpture contre son torse, et sortit de sa cachette d'un coup. Il déboula dans le salon en poussant un cri guerrier, les yeux fermés, et en brandissant son arme de fortune droit devant lui.

-On t'as jamais appris à ne pas entrer chez les gens sans y être invité ?! Hurla-t-il

-Oh, si, t'inquiète. Par contre, on m'a jamais appris qu'une sculpture aussi moche pouvait servir d'arme...

Hé, mais...

Antoine venait de reconnaitre la voix qui s'était adressée à lui. Il baissa l'objet qu'il tenait à bout de bras, et ouvrit un œil. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il reconnut son ami.

-Nyo ? Mais...qu'est-ce que tu fous là ?!

Le dessinateur était confortablement installé dans le vieux canapé de son ami, et sirotait tranquillement une tasse de café. Il leva les yeux vers Antoine, un sourire aux lèvres.

-Tu m'as passé le double de tes clés, je te rappelle !

Antoine parut soudainement soulagé, et posa la sculpture sur la table située derrière lui. Il se débarrassa également de son manteau et de son écharpe, tout en s'adressant à Nyo :

-Ah oui, c'est vrai ! Mais tu m'as foutu une de ces trouilles ! J'ai cru que c'était un cambrioleur ! Je pourrais plus sortir me balader sans m'inquiéter, maintenant !

Il alla s'installer sur l'autre canapé, situé en face du premier.

-En plus, je vois que monsieur s'est fait plaisir ! Une tasse de café, rien que ça ! T'as pas cassé ma machine, j'espère ? Ajouta-t-il

Nyo ne répondit pas. Son regard était assez distant, et son sourire n'était déjà plus qu'une ombre.

-Quoi ? Demanda Antoine

-Il n'y a rien qui te choque ?

-Non, pourquoi ?

Nyo posa la tasse et croisa les bras.

Le nouveau moi [2eme partie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant