Chapitre un

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23 octobre 2015, Los Angeles - Point de vue : Luke Hemmings.

C'est lentement mais sûrement que la vie a repris son cours. Je n'ai pas encore réussi à faire totalement le deuil de Diana ; perdre la seule fille que l'on ait jamais aimée n'est jamais chose facile. J'ai encore la gorge qui se serre lorsque je pense à elle ou que quelqu'un prononce son nom. Il m'est encore insupportable, lorsque je goûte à de nouvelles expériences, de me dire que jamais elle ne pourra découvrir cela, vivre cela.

Mais avec le temps, et avec l'aide de mes trois meilleurs amis, chaque jour est un petit peu moins amer que le précédent. C'est une progression imperceptible, qui se fait vraiment petit à petit, mais elle est néanmoins présente. Et c'est le principal. Il me semble que c'est Martin Luther King qui a dit que quoiqu'il advienne, il fallait s'efforcer d'avancer. C'est à cette idée que je me raccroche désormais.

Le plus dur à gérer a été la presse, je pense. Cela faisait déjà plusieurs mois que je sortais avec Diana lorsque mon groupe, 5 Seconds of Summer, a commencé à être connu. Oh, nous n'étions pas des superstars, nous commencions pour ainsi dire à peine à nous imposer sur la scène internationale, mais nous étions suffisamment célèbres pour que la presse s'intéresse à nous. Et à fourrer son nez dans notre vie privée, par la même occasion.

C'est ainsi que ma relation avec Diana a commencé à être étalée en long, en large et en travers dans la presse à scandale. On a soudainement été bien plus médiatisé que ce que j'aurais voulu, à tel point que mes proches ont appris le départ de Diana par la presse, et non de ma bouche. Ça allait beaucoup trop loin. Pendant des jours entiers, on ne parlait que de "Luke Hemmings, dévasté après la mort accidentelle de sa petite amie". Mon visage était imprimé sur la couverture de tous les magazines. C'est généralement agréable de voir que l'on fait la couverture des journaux... Mais pas dans ces circonstances-là.

Heureusement que j'avais ma famille, mes amis et les fans, car sinon je ne sais pas comment j'aurais tenu le coup. Les deux premiers se sont efforcés de me maintenir à l'écart de tout ce bazar, et les derniers m'ont apporté le soutien dont j'avais besoin, généralement au moyen de tweets ou de messages du genre.

Pendant trois mois, ma vie a été un enfer. Et je commence à peine à m'en extirper. Je commence enfin à respirer, à vivre de nouveau. Et putain, ce que ça fait du bien...

Notre vie peut basculer en une fraction de seconde, et se remettre des dommages collatéraux peut prendre beaucoup de temps. Bien plus qu'une fraction de seconde.

J'ai beaucoup écrit après sa mort. J'ai écrit sur elle, sur nous... Sur des choses qui n'avaient sur le papier rien à voir avec elle, mais qui pour moi y étaient liées. Je crois que j'en avais besoin. La scène a également constitué une forme de thérapie pour moi. Je me suis efforcé d'assurer tous les concerts que l'on avait planifiés, et ce même si c'était difficile. Même si j'étais certains jours à deux doigts de m'effondrer devant des milliers de personnes. Ils avaient tellement fait pour moi, je ne pouvais pas les abandonner comme ça, pas plus que je ne pouvais abandonner mes trois seuls amis, les autres membres du groupe.

Je sais pourtant qu'ils auraient compris que je prenne mes distances avec tout ça pendant un temps. Ils sont super, je sais qu'ils ne m'en auraient pas voulu pour cela. Mais j'avais besoin de remonter sur scène presque immédiatement après que ce soit survenu. La musique a toujours eu une importance toute particulière pour moi. J'ai besoin de chanter, tout comme j'ai besoin de jouer de la guitare. J'ai besoin de cette euphorie que l'on éprouve face à une foule déchaînée. Dès le début, j'ai senti que je ne parviendrais pas à me sortir du gouffre dans lequel j'avais sombré en perdant Diana sans la musique.

C'est ainsi que je me retrouve sur scène à jouer avec mon groupe, exactement trois mois après sa mort, dans la ville où elle est morte. Cela fait sans doute un peu malsain dit ainsi, mais ce n'est que le fruit du hasard. On avait planifié ce concert à Los Angeles bien avant sa mort. Alors oui, ça me fait un coup de jouer ici ; d'habitude, elle venait toujours assister à nos concerts lorsqu'ils se tenaient dans la ville où elle habitait sur le moment. Je sais que, contrairement aux fois précédentes, je ne m'amuserais pas à chercher son visage dans la foule, pas plus qu'une fois localisé je lui adresserais des sourires, entre deux couplets. Cela ne rimerait à rien que je fasse tout cela alors qu'elle n'est plus là.

Le concert s'est plutôt bien déroulé. Il ne nous reste que deux chansons à interpréter, et je n'ai pas eu le genre de chutes émotionnelles que j'avais très fréquemment durant les semaines qui ont suivi la mort de Diana. J'ai l'impression que chaque concert se passe un peu mieux que le précédent. On dit que le temps guérit les maux ; il se pourrait bien que ce soit vrai.

Je jette un coup d'œil à Michael, qui se tient à quelques mètres de moi. Il m'adresse un sourire, que je lui rends tandis qu'Ashton commence à taper sur sa batterie : c'est le signal. La chanson commence, et je laisse mes doigts courir sur les cordes de ma guitare électrique. Jouer ces notes est devenu, avec le temps, quelque chose de naturel pour moi. D'intuitif. Cela ne me demande plus aucun effort ; j'ai juste à me concentrer sur ma voix.

Ma voix qui s'étrangle dans ma gorge lorsque j'aperçois Diana se tenir dans la foule, sourire aux lèvres.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 25, 2016 ⏰

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Diana || l.hOù les histoires vivent. Découvrez maintenant