Épilogue

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- Et c'est ainsi que cette histoire se termine.

Pendus à mes lèvres, Nuage de Flamme, Nuage de Griffe et Nuage Noir en restèrent muets. Jamais, au grand jamais quand j'avais commencé mon histoire, à l'heure où ils étaient encore chatons, ils n'auraient imaginé une telle chose.

Maintenant qu'ils étaient apprentis et qu'ils avaient enfin mûri, ils comprenaient.

Nuage de Flamme prit la parole la première :

- Mais alors c'est pour ça que Nuage Noir et Nuage de Griffe auraient pu être tués ! La folie de Cœur Pluvieux me fait froid dans le dos...

Nuage de Griffe renchérit.

- Moi, c'est Buée Grise qui me fait peur ! Tuer des chats, les blesser avec une telle cruauté juste pour obtenir l'estime d'une traîtresse morte... Je vais faire des cauchemars je crois !

Leur frère rit.

- Et ben moi, je n'aurais jamais pensé à ce qu'Etoile de Sapin puisse paniquer à l'idée d'avoir des chatons ! Elle qui est si calme et droite maintenant...
- D'ailleurs, cette Étoile Douce... Comment elle est morte ? Je n'en avais jamais entendu parler avant...

Je souris devant la curiosité des enfants. Bien qu'ils étaient désormais apprentis tant le récit avait duré longtemps, ils restaient toujours aussi vifs et joyeux, même si certaines scènes les avaient choqués.

- Et bien en fait, peu de temps après tout cela, Éclair du Lynx m'a rejoint dans la tanière des anciens à cause de sa blessure. De toute façon, il se faisait vieux, ai-je ris en faisant un clin d'œil à mes petits-enfants tout en désignant du coin de l'œil mon ami qui somnolait. Étoile Douce a donc prit Sapin de Neige pour lieutenante et quelques lunes plus tard c'est elle qui est morte de vieillesse.

Les questions ne cessèrent pas pour autant :

- Mais comment Fleur d'Été a fait pour apprendre à être guérisseuse alors que Buée Grise ne lui avait enseigné ce statut que pendant une lune ?

Je réfléchis quelques instants.

- Oh, ça ? Je ne sais pas. Tous les jours elle allait à la Clairière de Lune, mais elle ne nous a jamais dit ce qu'elle y faisait.

Nuage de Flamme hurla par-dessus les voix de ses frères :

- Et Plume de Sable, comment il a fait pour ne pas être soupçonné de quoi que ce soit alors que sa mère, son frère et sa sœur ont tous été des assassins ?
- On va dire qu'il a eu le soutien d'une femelle que vous connaissez bien... ai-je dis en leur souriant.

Les petits se sont observés, les yeux ronds.

- Pomme Gelée ? C'est lui le père de ses chatons ? Tout s'explique !
- En même temps c'était pas vraiment un mystère puisqu'il passe son temps avec, rit Nuage Noir.
- D'ailleurs, ça va bientôt être l'heure où ils viennent nous interrompre, ces petits bouts de chous... commença Nuage de Griffe en se tournant. Tiens ! Quand on parle du loup ! rit-il en voyant trois petites silhouettes se dessiner dans l'entrée de la tanière.

Comme à mon habitude j'ai eu un petit haut-le-cœur en les apercevant.

Elle m'a regardé avec ses yeux bleus glacés.

Je ne savais pas pourquoi Pomme Gelée avait fait cela. Mais elle avait donné ce nom quand cette petite était née. Peut-être était ce un hommage, mais il n'empêchait que ça me donnait des frissons.

Petit Papillon venait désormais avec ses deux sœurs tous les jours pour une histoire.

L'histoire d'amour de sa mère avec Plume de Sable était vraiment belle d'ailleurs. Même si tout semblait les opposer à la fin de la période meurtrière, ils s'étaient trouvés dans la même situation : le dernier d'une fratrie de trois à être en vie. Et au lieu de se replier sur eux même à se lamenter, ils s'étaient rapprochés.

Les trois chatonnes, les yeux levés désormais vers moi, me demandaient de leur raconter une bataille.

Pourtant d'habitude, j'étais toujours partant pour une histoire, mais ce jour-là je ne me sentais pas vraiment bien...

Il y avait quelque chose, une sorte de douleur qui venait de mon cœur. J'étais sûrement fatigué. Alors j'ai renvoyé tout ce petit monde jouer dehors pour pouvoir dormir un peu.

Mais dès que j'ai fermé les yeux, j'ai su.

J'ai su qu'avec la fin de mon histoire, ma vie s'achevait aussi.
J'ai su que je ne reverrais plus les visages de ces enfants, ces amis.
J'ai su que j'allais mourir, et étrangement, je m'en moquais.
Depuis trop longtemps, la mort m'attendait.

La vieillesse m'avait touché,
Et il fallait bien l'accepter.
Alors dans un dernier et apaisant soupir,
J'ai pris une bouffée d'air avant de m'endormir.

FIN.

Regards Anciens [LGDC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant