Mercredi 17 septembre 1045
« Non, je ne mettrai pas de robe, même pour ce banquet ! hurlai-je à travers la chambre.
- Mais l'honneur de la famille est en jeu ! essaya d'argumenter mon frère.
- Non !
- Le mien et le tien sont en jeu !
- J'ai dit non !
- L'honneur de Guillaume est en jeu !!
- Laisse-moi réfléchir... euh... Non !!! »
Je m'élançai hors de la chambre et claquai la porte. J'entendis mon frère pousser un juron : « Facis cacare ! » (Nda : tu fais chier en français) et se mettre à ma poursuite. Je débouchai dans la cour du château, la traversai à fond de train et remontai l'escalier principal. J'entendis mon frère m'hurler des mots mais je ne pris pas le temps de l'écouter. Je savais qu'il n'était pas très endurant et que j'arriverais bientôt à le semer, même si le château de Falaise n'était pas assez grand pour que je puisse échapper longtemps à mon châtiment.
Je déboulai dans un couloir et faillis percuter un jeune homme de 18 ans aux cheveux blonds comme les blés, planté au milieu du passage.
« Guillaume, bredouillai-je en jetant un coup d'œil par-dessus mon épaule.
- Pourquoi cours-tu comme ça Evie ? Tu sais que votre adoubement n'est que dans 1 heure et demi, tu n'es pas en retard » me répondit-t-il avec un sourire en coin.
J'essayai de forcer le passage mais il me retint. Son regard se remplit brièvement de gravité et de réprobation et m'écrasa.
« C'est que ... essayai-je de me justifier, mal à l'aise.
- Attends, laisse-moi deviner ... Tu cours à travers tout le château comme si tu avais le diable à tes trousses, j'entends la voix mélodieuse de ton frère s'égosiller au loin ... », il tendit l'oreille comme pour saisir le sens des paroles que criait celui-ci dans sa course, « oui ... tu essaies de lui échapper, n'est-ce pas ?
- Tu lis dans mes pensées, c'est ça ?? »
Ses yeux bleus pétillaient de malice quand il me répondit :
« Et quand tu réponds à une question par une autre question, je sais que j'ai raison ... Il n'y a que deux thèmes qui peuvent vraiment te mettre dans cet état, ... les hommes et la mode.
- Guillaume, s'il te plaît...
- Or, reprit-il sans faire attention à mon intervention, je n'ai vu aucun homme transi d'amour, qu'il soit chevalier ou pas, courir après toi en te déclarant : « Evie, je t'aime, épouse moi !!! »
- Ce qui n'arrivera jamais, murmurai-je avec une pointe d'ironie
- Je suppose qu'il t'a parlé de mode, continua-t-il en faisant la sourde oreille. Il veut que tu portes une robe ce soir, c'est ça ??
- Mais tu es un sorcier ?? m'exclamai-je tout en surveillant la porte où mon frère ne devrait pas tarder à apparaître.
- N'oublie pas que dans 1 heure et 25 minutes maintenant, tu seras une de mes chevaliers ... » me dit-il avec un regard courroucé.
Je baissai les yeux ; voilà où mon fichu caractère m'avait conduit : à insulter mon supérieur et ami ...
« Sinon, pour répondre à ta question, non je ne suis pas un sorcier, c'est juste que je te côtoie depuis 10 ans.
- EVIE !! REVIENS ICI TOUT DE SUITE !!!! L'HONNEUR DE LA FAMILLE EST EN JEU !!!!
- Et voilà ton frère qui recommence à s'égosiller ...
- Je t'en supplie Guillaume », lui dis-je, le regard implorant.
Mais ce qui devait arriver arriva : mon frère déboula hors d'haleine dans le couloir.
« Ah !! Merci ... Guillaume ... de l'avoir .... attrapée ... je commençais ... à ne plus ... pouvoir ... »
Mon frère m'inquiétait : il semblait au bord de l'asphyxie après cette course poursuite.
« Mais de rien mon cher Ezio ...Oh ! Au fait, je tenais à vous préciser que je ne me retiendrai pas lors de la colée (Nda : coup asséné du plat de la main sur la nuque ou sur la joue du futur chevalier, pendant la cérémonie de l'adoubement. On dit que c'est le dernier coup qu'il recevait sans pouvoir le rendre) en souvenir de tous ces entraînements où vous avez failli me décapiter ... Sur ce, je vous souhaite de bons préparatifs, répondit Guillaume en se retournant et en partant vers ses appartements.
- Guillaume, aide-moi !!! » m'exclamai-je tandis que mon frère s'approchait de moi en tachant de reprendre son souffle.
Il ne se retourna pas et poursuivit son chemin.
« Traître !! lançai-je hors de moi, ne pouvant même plus compter sur mon ami.
- Mais non Evie tu sais bien que je n'agis que pour ton bien ... A tout à l'heure ..., rétorqua-t-il au dessus de son épaule.
- GUILLAUME !!!!! » s'exclama alors une voix dans notre dos.
Comme un seul homme, nous nous retournâmes vers la porte que mon frère et moi avions emprunté à quelques minutes d'intervalle. Une femme avec de grands cheveux bruns et ondulés lui arrivant jusqu'à la taille fixait le duc de ses yeux marrons.
« Adélaïde, lâcha celui-ci d'un ton surpris, je ne m'attendais pas à te voir si tôt.
- Je n'en pouvais plus d'attendre pour te revoir », dit la demi-sœur de Guillaume en nous contournant pour aller embrasser son frère.
Au passage, je remarquai que sa robe était faite d'un tissu fin aux couleurs chatoyantes et qu'elle portait une énorme coiffe comme le voulait la mode du moment. Coiffe que faillit prendre mon frère en pleine tête.
« Viens, me dit celui-ci en me tirant par la manche, laissons les discuter seuls. »
Je le laissai m'entraîner vers nos appartements où il ne manquerait pas de me faire part de ses impressions négatives sur sa course forcée. Tandis que nous nous approchions de la porte, je ne pus m'empêcher de jeter un coup d'œil par-dessus mon épaule et vis Adélaïde ébouriffer les cheveux de son frère cadet. Celui-ci me jeta un regard désespéré et me pria de l'aider à se libérer de l'emprise de sa demi-sœur. J'articulai le mot « vengeance » et me laissai guider par mon frère, laissant Guillaume à son triste sort.
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Frères d'armes-version courte [Terminée]
Historical FictionBonjour (ou bonsoir ça dépend de l' heure) Si vous pensez tomber sur une nouvelle écrite par trois jeunes filles douces, timides, peureuse, prudes... Barrez vous, et vite. Ici vous avez une nouvelle avec, dixit Silver: "Je veux du sang, des l...