Chapitre 4 : Patrouille

16 4 0
                                    

Dimanche 8 août 1047

Tous ses souvenirs m'assaillaient, m'empêchant de me concentrer sur la première messe de la journée. A côté de moi, Ezio avait les yeux fermé et méditait. Enfin le prêtre mit fin à la célébration en prononçant la dernière prière :

« Sanctus, sanctus dominus

In excelcis deo »


(Aujourd'hui on dit gloire, gloire à Dieu au plus haut des cieux)

Nous sortions de l'église lorsque Guillaume, arrivant d'un pas élégant et décidé, se mit à user de sa voix puissante et majestueuse afin de pousser un somptueux : « Evie ! Ezio ! Dans mon bureau ! Tout de suite !! ». Nous le suivîmes jusqu'à cette pièce où il recevait habituellement ses soldats. Celle-ci était meublée sobrement avec une table et trois chaises. Il s'assit sur l'une d'elles et nous dit, le visage angoissé :

« La patrouille de nuit n'est toujours pas rentrée. Cela m'inquiète. Je veux que vous accompagniez la prochaine patrouille. J'exige un rapport à votre retour. Depuis que les barons rebelles ont tenté de m'assassiner à Valognes, la tension est palpable dans le duché et elle ne fait que s'accroître. Et cette soudaine disparition renforce mon inquiétude.

- Bien, nous répondîmes en cœur. Quand la patrouille doit-elle partir ?

- Vous avez 10 minutes. »

Nous traversâmes les couloirs jusqu'à nos appartements afin de récupérer nos affaires. Lorsque ce fut fini, nous rejoignîmes la patrouille, prête à partir, dans la cour et nous montâmes sur nos chevaux que les palefreniers avaient pris soin de préparer.

***

Nous remontions le chemin habituel des patrouilles depuis deux heures. La pluie qui était tombée la nuit dernière nous permettait de suivre sans difficultés les traces de sabots de nos compagnons. Soudain, les empreintes bifurquèrent sur un petit sentier, nous conduisant vers une église délabrée. Nous retrouvâmes les chevaux de la précédente équipe devant les portes de celle-ci. Nous mîmes pied à terre et nous ouvrîmes les portes du bâtiment. C'est alors que nous découvrîmes un spectacle des plus macabres se jouant devant nos yeux ... Les corps de nos compagnons éparpillés aux quatre coins de l'église, baignaient dans une mare de sang. L'un d'eux, gisant sur l'autel, était transpercé de part et d'autre par une lance portant un message nous étant destiné.

***

Nous fûmes de retour dans le bureau de Guillaume peu avant midi. Nous avions ramené tous les corps de nos frères d'armes morts au combat. Nous lui racontâmes ce qui s'était passé :

« Nous avons été victime du plus grand sacrilège que la Normandie n'ait jamais connu. La patrouille que nous avons ramenée s'est faite décimée dans une église par l'avant garde de l'armée des barons rebelles, dirigé par Gui de Brionne. Voici le message laissé à ton attention.

- C'est la guerre ! À bat le duc Guillaume-le-bâtard ! Vive le duc Gui de Brionne !

- Nous avons tenté de poursuivre le dernier resté sur place. Hélas, nous n'avons pu le rattraper et voir son visage. Cependant, nous avons vu distinctement qu'il portait le blason du baron Hamon le Dentu.

- Je ne pensais pas qu'ils iraient aussi loin ..., » soupira le duc, qui semblait avoir pris 10 ans simplement en entendant ses paroles. «Mais s'ils veulent la guerre, ALORS ILS AURONT LA GUERRE !!! » hurla-t-il, puis, après un regard transperçant, il nous pointa du doigt mon frère et moi : « Vous deux ! PRÉPAREZ LES TROUPES !!!

- Oui Guillaume !! » nous répondîmes en nous précipitant vers la porte pour échapper à la colère de notre duc. Juste avant de sortir, nous l'entendîmes exiger à l'un de ses pages :

« Porte ça à un messager. Dis-lui que c'est pour le roi Henri Ier de France et que c'est extrêmement important et urgent ! Et surtout, qu'il n'oublie pas de lui dire que la bataille aura lieu dans 2 jours à Val-ès-Dunes !!! »


Frères d'armes-version courte [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant