Me voilà en train de préparer ta commande. Un café décaféiné avec un demi-sucre et un nuage de lait... Si tes goûts n'ont pas changé depuis, ce n'est pas le cas de ton comportement.
Au lycée, nous étions inséparables, si ce n'est indissociable. Tic et tac. Timon et Pumbaa. Rémus et Romulus. On était tellement fourrées ensemble qu'il n'était pas rare que les professeurs confondent nos prénoms. Et maintenant... Deux inconnues. Je ne pensais qu'il était possible d'être ignorée à ce point. Tu es arrivée sur mon lieu de travail avec ta bande d'amis, tous à la faculté de médecine comme toi. Nos regards se sont croisés. Bien évidement, je me suis approchée de toi pour te saluer en tant qu'amie que je pensais que nous étions. Et là, tes lèvres se sont ouvertes pour t'adresser à moi:
« Auriez-vous une table pour huit personnes, s'il vous plait ? »
Autre le fait que le « bonjour » de rigueur soit passé à la trappe, tu avais en une unique phrase écrasée le château fort qui représentait notre amitié. Moi qui le croyais d'une solide bâtisse de pierre, il n'était en réalité qu'une pauvre construction de sable. Pendant un instant, j'ai pensé que peut-être, tu ne m'avais pas reconnue. Mais honnêtement, tout le monde pourra témoigner sur une chose : je suis restée la même. Depuis le dernier jour de cours, il n'y a pas eu de changement majeur physiquement parlant.
Ah si.
J'ai coupé mes cheveux. Sur ton conseil d'ailleurs. Tu m'en parlais tout le temps. « Tu devrais tenter une coupe plus courte » me disais-tu. Suite à quoi, je te répondais d'un air plus ou moins convaincu que j'y songerais peut-être à l'occasion. A ce moment-là, ta tête se pencha sur le côté et tu fis un mouvement montrant que tu allais ajouter quelque chose. Cependant, interrompu par le professeur, jamais je ne su ce quelle argument tu allais prononcer. Monsieur Rousso ne t'avait jamais vraiment aimé, il faut dire. Tu avais eu quoi déjà comme punition ? Ah si... Je m'en souviens. Trois copies doubles de « Je dois cesser de bavarder continuellement en cours car cela perturbe la concentration de mes camarades de classe » car d'après lui, « ça commençait à bien faire ! ». Je ne sais pas ce qui était le plus drôle dans cette histoire, le professeur en train de virer rouge pivoine ou toi en train de faire ta punition en maugréant des insultes venant d'un autre univers. Evidemment, je t'ai proposé de t'aider car c'était quand même de ma faute. En effet, c'était moi qui avais, involontairement, lancé le sujet. Ouais d'une bêtise enfantine, celle-ci étant faire une moustache avec une de mes longues mèches de cheveux, tu arrivais à un sujet tout à fait sérieux de l'avenir de ceux-ci. Quel talent.
Enfin, quoiqu'il en soit tu as refusé ma participation. Bien dommage pour toi, ça t'aurait évité une tendinite.
Je soupirais. On avait tellement partagé tellement de bons moments ensembles. Nos fous rires, nos commérages sur « notre » banc, nos confidences,... Tout cela n'avait-ils pas de valeur ? Depuis quand ton cœur est-il de glace ? Ou alors, est-ce ta mémoire qui te fait défaut ?
J'avais toujours cru que, malgré la distance et le temps, ce que nous étions resterait inchangé. Comme s'il ne s'était écoulé qu'une poignée de jours depuis la dernière fois... Triste de voir que cela n'était pas une pensée partagée ; une simple chimère dont seule je m'étais persuadée.
Alors que je me retournais pour préparer la dernière commande de ta table, je sentis sur moi ton regard. Confirmation de mes hypothèses, tu m'avais reconnu et cela ne te faisait ni chaud ni froid. Et bien qu'il en soit ainsi. Retourne discuter avec tes nouveaux amis puisque les anciens ne valent plus rien. Pardon de ne pas être une personne assez intelligente pour finir en médecine ou une filière reconnue. Pardon de ne pas avoir de valeur sur le marché de tes fréquentations.
Je posais sur un plateau vos commandes. Comme toujours, je mis à côté de chaque café un chocolat noir. Sauf à côté du tiens : Un chocolat noir pétillant. Ton préféré.
Avec autant de professionnalisme que possible, la commande vous fut apporté par mes soins. A la vue du chocolat, tu me fis l'ombre d'un sourire. Je ne sais pas s'il était adressé à moi, ou à la serveuse que je suis qui avait apporté leurs commandes. Et puis après tout... Qu'importe.
Ce chocolat est le dernier geste que je fais pour toi.
En passant à côté de mon collègue, je lui dis :
« Dis, je prends ma pause, tu peux t'occuper de la table 8 ? »
Ma chère amie, j'espère que la vie te sourira.
Adieu.
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Salutations ami(e) wattpadien(ne) !
Voici la partie 1 de cet OS (enfin du coup, c'est plus un two shot).
J'espère qu'il t'a plu et qu'il te donne envie de connaitre la suite !
Je l'ai écris suite à un défi sur un stream (Absoluu m'a forcé !!! Non, je blague.). Les #TinkyStories pour ceux qui connaissent. Le thème était la nostalgie (Ouais, je sais j'étais très inspirée pour trouver un titre aussi éloigné du thème). Si la partie "Chocolat noir" a été écrit par mes soins, la partie 2 (dont je ne donne pas le nom #SuspenceOhMonDieu) est écrite par Absoluu.
Enfin bon. Fini de blablater. Comme toujours, n'hésites pas à voter si tu as aimé et me suivre si le cœur t'en dit. Et aussi, si tu as des remarques/conseils/quelques choses à me dire, je t'autorise (dans mon immeeeense bonté) de me laisser un petit commentaire ! (ou un grand. Comme tu veux quoi.)
Bref.
Sur ce.
Je vous dis à la prochaine et gros kissou ! (oui oui Kissou. Kiss + Bisous = KISSOU)
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Nostalgie chocolatée
Short Story"Nostalgie chocolaté" La nostalgie. Selon le dictionnaire, c'est un état de tristesse liée à des choses passées ou que l'on n'a pas connues. Cependant, il y a milles nuances à ce sentiment qui, à un moment ou un autre, nous accable. Il nous prend à...