Chapitre 9

66 10 0
                                    

Cela fait maintenant trois semaines que je n'ai pas parlé à Logan.
Tous les matins, je me lève la boule au ventre et le moral à zéro. Est-il sorti de ma vie pour de bon ? Je n'en veux pas d'une vie où il n'existe pas. J'aimais quand il m'appelait "chérie" et que je faisait ma fille sûre d'elle et forte. J'aimais son parfum. J'ai aimé notre baiser. Et la façon dont il a touché ma joue. Sa présence rassurante me manque. Il me manque. Mais a priori lui, il s'en fou. Pas un appel, pas un message, pas un signe de vie, rien. Et il est hors de question que se soit moi qui fasse le premier pas. Pourtant je devrais et je comprends qu'il ne l'ai pas fait. C'est moi qui l'ai laissé partir, alors pourquoi me supplierait-il ? 
Allison, quand à elle, je ne lui ai rien dit et elle a vite compris que ça n'allait pas. Alors, elle s'est éloignée, trop obnubilée par sa conquête secrète. Mon frère n'est plus trop là non plus. Il me voit, me salue et me demande comment s'est passé ma journée sans même écouter la réponse. Je suis peut être devenue trop impassible et désagréable depuis ma dispute avec Logan. Mon père, aussi n'est pas trop là, il ne rentre que le week end car il a soit-disant trop de travail. Je suis donc seule. Logan avait raison, je n'aime pas être seule. En même temps qui aime la solitude ? Pas grand monde. La vie est triste sans personne à qui parler. Je m'ennuie. Je n'ai rien à faire à part aller travailler. Dehors, il pleut. Nous sommes en mai, mais il pleut depuis une semaine, une grosse pluie battante bien déprimante. Rien ne va plus. Je suis même tombée dans le tabac, mais ça personne ne l'a remarqué car plus personne ne se préoccupe de moi pas même Allison. On s'appelle vite fait les week end et on fait "semblant" qu'il n'y a rien. Alors que rien ne va. Je suis dans mon lit à lire et relire le journal de ma mère. C'est la seule personne qui est là. Je veux dire la seule à qui je fasse encore réellement attention. Elle me manque plus que jamais. Elle serai là à me dire que après la pluie, il y a le beau temps. Que la vie retrouve toujours son équilibre. Qu'il n'y a pas de vie sans soucis. Que personne n'est parfait et que le monde est bien trop égoïste. Que on doit se serrer les coudes et franchir les obstacles ensemble main dans la main, en comptant les uns sur les autres. Qu'il faut faire l'amour et pas la guerre. Elle me dirait toute ses choses là. Et je donnerai n'importe quoi pour la revoir. Foutu cancer ! Je vous jure que si j'avais su, j'aurai profité des ses derniers instants avec elle en lui disant que je l'aime et que tout ira bien. Car ils me l'ont caché, il m'ont caché la maladie de ma mère. Je n'ai jamais pu lui dire combien je l'aime et je n'ai jamais pu lui dire adieu. Je prends un mouchoir et essuie les larmes chaudes qui coulent sur mes joues. Je pleure tous les jours. C'est la déprime tous les jours. Je ne sais plus pourquoi me battre. Pour Allison ? Mon père ? Isaac ? Logan ?
Non pas pour eux. Mais je vais me battre pour moi, et pour ma mère. Plus facile à dire qu'à faire mais je sais qu'elle n'aurait pas aimé me voir dans cet état. Et je n'aime pas non plus me voir dans cet état. Alors que je suis en pleine remotivation, on toque à la porte. Qui peut bien venir à vingt deux heures ? Je descends avec très peu d'enthousiasme. J'ouvre la porte et vois Tyler, le meilleur ami de mon frère.
"- Tu fais quoi là ?"
Ma voix, on aurait dit une alcoolique et puis je devais sentir le tabac aussi et je me regarde mieux : je suis en pyjama bleu ciel et coiffée d'un vulgaire chignon. La honte.
"- Isaac n'est pas là ?
- Désolée pour ma tenue et la façon dont je t'ai parlé à l'instant, je suis un peu démotivée en ce moment. Et non Isaac n'est pas là, il est parti chez toi... Bah c'est ce qu'il m'a dit. On me prend vraiment pour une bourrique ou quoi ? Merde, tout le monde mais tout le monde se fou de moi en faite ?
- Ça va pas ?
- Si... Non. Entre.
- Il se passe quoi ma belle ?"
Tyler a toujours été adorable avec moi. Je l'aime vraiment bien, il est sympa. On s'assoit sur le canapé et je lui expose la situation. Il a l'air étonné du comportement de mon frère et d'Allison. C'est vrai que c'est étrange, ils ont toujours été là pour moi.
Je le regarde. Je n'y avait jamais vraiment fait attention mais il est plutôt beau. Il est châtain et a les cheveux coupés courts. Ses yeux, ils sont chocolat et magnifiques. Les yeux sont le reflet de l'âme, dit-on ? Et bien là, dans les siens, je peux voir la personne gentille, patiente, à l'écoute et à la fois insouciante qu'il est. Je ne sais combien j'aime son regard bienveillant. Il a des lèvres fines et roses. Son nez est long mais beau. Tout son visage est harmonie. Il n'a pas de défaut, physique du moins.
Il me prend dans ses bras car mes sanglots repartent de plus belle. Dans ses bras je me sens bien. C'est le seul qui s'est préoccupé de moi depuis des semaines. Nous restons là, collés l'un à l'autre, pendant au moins vingt minutes. Tous deux silencieux. Finalement, c'est moi qui brise le silence la première :
"- Est ce que ça va mon frère ?
- Il est parano et il se défonce souvent en ce moment.
- Parano ?
- Il croit que le monde entier veut son ex.
- Et tu sais si Logan White et Julie...
- Ils sont pas cousins ?
- ... Et comment est-il avec les filles ?
- Ba il est un peu du genre à changer de meufs, comme il change de slip. Mais je sais que lorsqu'il sera vraiment amoureux, il sera attentionné et fera gaffe à elle. Là avec ses meufs il est genre je m'en fou et tout tu vois. Dans le fond, il fait ça pour s'amuser mais la bonne, il y fera attention crois moi.
- Ouais...
- Il y a eu quelque chose entre vous ?
- Non, enfin pas vraiment, je me suis assez mal comportée avec lui. Et ça fait des semaines qu'on se parle plus.
- Ba il ne tenait certainement pas à toi, c'est aussi simple que ça. T'en fais pas tu trouveras le bon t'inquiète.
- Mais c'est pas si facile.
- Tu l'aimes ?
- Je ne sais pas.
- Tu l'as embrassé ?"
Je le regarde et ne réponds pas, mon silence parle à ma place. Il ouvre alors grand les yeux et me regarde, dégouté.
"- Fais attention Hayden. Si jamais tu faisais une connerie à cause de lui...je te jure que je le tuerai.
- Pourquoi tu fais tout ça pour moi ?
- Je t'aime bien, tu es comme une soeur pour moi.
- Je t'aime bien aussi."
La porte s'ouvre soudain, c'est Isaac. Et bizarrement, il est en pleine forme. Il est étonné de nous voir là, Tyler et moi, tout les deux.
"- C'est quoi ce bordel ?
- Je crois qu'il faut qu'on parle, tous les trois. Dis-je.
- Ok.
- Écoute Isaac. Tu joues à quoi ? Trois semaines, que je vais mal, je fume, je déprime, Allison n'est pas là pour moi et mon frère... Ou est-il ? Je suis plus que seule en ce moment et toi ? Tu es censé être mon frère mais je crois que t'es trop égoïste pour te soucier de moi hein ?"
Il me regarde surpris, l'air de dire "merde, j'ai pas vu qu'elle allait mal". Mais il réponds pas, alors c'est moi qui parle de nouveau :
"- Tant pis. Bon je suis fatiguée j'y vais salut.
- Hay, attends !"
Alors que je suis en train de monter l'escalier, Isaac me rattrape et me prend dans ses bras. Je me met à pleurer pour la énième fois de la journée. Il me réconforte et me promets que plus jamais il me traiterait de la sorte. Il s'excuse encore et encore. C'est mon frère évidement que je lui pardonne.

****

Une heure plus tard, après avoir dit au revoir à Isaac et Tyler, je suis allongée sur le dos dans mon lit. Je fixe le plafond et je réfléchis car je ne parviens pas à dormir.
Samedi, j'irai voir Logan, chez lui. Je vais lui dire que je suis prête à tout recommencer et que je lui ferais confiance. Alors je m'excuserai. J'allais tout lui expliquer, mes doutes et mes certitudes. J'étais prête à lui faire confiance et à lui laisser sa chance.

Si Je T'aime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant